Des voix... Qui est en train de parler ? Ha... Je me sens bizarre...

Il me fallut canaliser le peu d'énergie que j'avais encore pour réussir à ouvrir les yeux. Je me trouvais dans mon salon, sur le sofa, un oreiller derrière ma tête. Une couverture me recouvrait et mon Pattoune se trouvait dessus, au niveau de mon ventre. Il se mit à ronronner en voyant que j'étais réveillé.

-Ça va, mon petit chat ? lui dis-je en voulant câliner sa frimousse.

Mais en levant mon bras, je découvris que j'étais entravé.

-Mais... Qu'est-ce que...

-Ha, Lucas ! Tu es enfin réveillé ! fit une voix grave qui montrait du soulagement.

Éric ? Qu'est-ce qu'il fait là ? Attendez...John... PUTAIN ! CET ENFOIRÉ M'AVAIT AGRESSÉ ET TENTÉ DE SCELLER LE LIEN SANS MON CONSENTEMENT ! En me souvenant de ce qu'il s'était passé, je me redressai un peu brusquement, ce qui ne plut pas à Pattoune qui décida de s'en aller.

-Doucement, dit Éric en m'aidant.

Je regardai mon bras et découvris que j'avais une aiguille plantée dedans, bloquée par un large pansement, et reliée à une poche de sang presque vide. En suivant mon regard, le vampire reprit la parole.

-Tu étais si affaibli que j'ai dû te faire une transfusion.

-Mais... Comment...

-J'avais apporté des poches de sang avec moi, au cas où. Elles sont en sécurité à l'intérieur d'une glacière spéciale dans ma voiture. Je savais que John ne se contiendrait plus très longtemps... Et tous les calices ont le même groupe sanguin. Vous avez tous certaines similitudes physiologiques, car votre destinée est de passer d'humain à calice. Alors qu'en ce qui concerne les vampires, n'importe quel humain peut le devenir une fois transformé dans les règles. Et une fois vampire, un calice finira par naître pour se lier à lui.

Ouais... J'avais toujours cette impression que le calice n'avait vraiment aucun choix sur sa vie et que seul le vampire avait de la chance dans cette histoire de destinée. C'était tout bénef pour lui, le calice étant créé pour le nourrir et combler sa solitude ! Mais qu'en était-il du calice ? Qu'y gagnait-il ?

Éric dut sentir mon malaise suite à ses paroles, car il eut l'air un peu gêné et se redressa, s'éloignant un peu. Un bruit derrière moi attira mon attention. La silhouette sombre de John apparut... Je lui jetai à peine un regard et reportai mon attention sur le vampire de Sébastian.

-Que s'est-il passé exactement ? La seule chose dont je me souviens, c'est de mon agression. Je me sentais faible, vidé de mon sang, j'avais peur... Et tu es arrivé. Après, c'est le trou noir !

-Je venais pour vous parler de Sébastian. Je ne ressens toujours pas notre connexion, mais j'ai de bonnes raisons de penser que John est visé. Un de mes contacts au sein de la famille amie des vampires m'a dit qu'un membre des leurs était injoignable depuis la disparition de mon calice, et surtout qu'il aurait été aperçu avec un vampire aux longs cheveux blonds. Un vampire ressemblant étrangement à Sergueï. Ça ne peut pas être une coïncidence.

Lorsqu'il dit ce prénom détestable, je me figeai. Cependant, nous avions enfin une piste !

-Je ne t'avais pas entendu prononcer ce nom depuis longtemps... murmura John d'un ton dur.

-Mais lorsque je suis arrivé ici... J'ai senti que quelque chose n'allait pas. J'ai défoncé la porte et je suis monté voir ce qu'il se passait. John était dans un état second... Nous nous sommes battus et j'ai dû le frapper assez violemment pour qu'il retrouve ses esprits.

D'accord... J'imaginais la scène. Ça avait dû être quelque chose ! Une bagarre de vampires ! Ma chambre devait être dans un sale état... Éric entreprit de me retirer l'aiguille du bras, la sensation désagréable me sortit de mes pensées. Je le regardai ranger tout son matériel. En dehors du bruit qu'il faisait, c'était le silence. John ne disait rien. Et ça commençait doucement à m'énerver... Mais avant de dire quoi que ce soit, je réalisai soudainement qu'il faisait jour !

-Le lycée ! m'exclamai-je en tentant de me lever.

Mais je fus interrompu dans mon mouvement par John.

-Reste assis pour l'instant.

-Ne me touche pas ! ordonnai-je en me détachant de lui.

Je l'entendis soupirer mais il ne répliqua pas sur le moment. Ce qui était étonnant !

-J'ai appelé ton lycée pour les prévenir que tu étais malade et ne pourrais pas venir aujourd'hui. Il y avait un répertoire près de ton téléphone, j'y ai trouvé le numéro.

Alors là ! J'étais touché par cette attention !

-Merci, murmurai-je.

John hocha la tête avant de s'éloigner un peu de moi. Je soupirai à mon tour et décidai d'arrêter de faire l'enfant et de me comporter en adulte. Toujours assis sur le sofa, entouré d'une couverture, je me tournai vers John et me forçai à le regarder dans les yeux.

-Explique-moi ce qui t'est arrivé cette nuit.

Il s'assit dans le fauteuil.

-Je suis désolé pour ce que je t'ai fait, Lucas. Je ne voulais pas te faire de mal. Je... J'ai perdu le contrôle. Ton rejet allié à mon âge provoque mes bas instincts vampiriques. Je sais que tu ne veux pas l'admettre, mais le lien doit être scellé. Lorsque le vampire et le calice se rencontrent, il n'y a qu'un seul chemin possible pour eux et c'est d'accomplir les deux étapes du lien. C'est une obligation. Que tu fasses traîner les choses parce que tu ne te sens pas prêt, je peux essayer de le comprendre, mais tu ne fais que retarder l'inévitable. C'est comme si tu provoquais le destin en refusant ce qu'il te donne ! Et pour seule réponse, ce sont des chaleurs incontrôlables pour toi et... mon instinct animal de possession qui s'empare de moi... Tout est plus intense et rapide parce que je suis vieux et que la première étape est accomplie, je le sais bien... Mais plus nous attendrons et pire se sera... termina-t-il d'un ton las.

-Pas nécessairement, répliqua Éric en regardant John.

-De quoi parles-tu ?

-Une pierre peut atténuer les symptômes : l'azurite. Elle annule les effets du lien sur les calices. Si Lucas porte cette pierre sur lui, votre connexion sera coupée, et ainsi tu ne ressentiras plus aussi fort ton instinct de possession. Ça vaut le coup d'essayer !

-Je ne pensais plus à cette pierre... murmura John.

-À vrai dire, moi non plus. Mais j'essayais si fort de me connecter à Sébastian, tout en n'y arrivant pas, que je me suis demandé ce qui pouvait causer cette situation. Et ça m'est apparu évident. Seule l'azurite peut en être la cause. Et autant dans mon cas, elle ne provoque que souffrance, autant dans le tien, elle peut vous aider.

J'étais assez ébahi par les réflexions et la manière de parler du vampire de Sébastian. Cet homme était vraiment posé, calme. Tout le contraire de John ! Et il arrivait encore à réfléchir sérieusement à tout ce qui se passait alors que son état se dégradait à vue d'œil ! Il avait les yeux brillants, comme s'il avait de la fièvre. De la sueur coulait sur ses tempes, mouillant ses cheveux. Ses joues semblaient s'être un peu creusées comparé à la dernière fois où je l'avais vu. Oui, il n'allait vraiment pas bien...

-Alors je vais m'en aller en acheter.

-Pas la peine ! dit Éric en sortant de sa poche une longue chaîne assez épaisse en argent avec pour pendentif, une pierre d'un beau bleu profond de forme rectangulaire.

-Tu as décidément pensé à tout.

John prit le pendentif, regarda un moment la pierre, et posa son regard sur moi.

-Puis-je te le mettre ?

Il me posait la question et ne m'ordonnait rien ! Et ben ! Je me contentai de hocher la tête. Pourquoi refuserais-je alors que cette pierre pouvait peut-être nous aider ? John se leva et s'approcha de moi. Mon cœur s'emballa. Il se pencha et sa délicieuse odeur envahit mes narines. Sa chaleur m'enveloppa lorsqu'il me mit la chaîne autour du cou. Je sentis sa peau m'effleurer et... Il s'éloigna rapidement de moi... Ok. Hein ? Mais évidemment qu'il devait s'éloigner de moi ! À quoi je pensais, aussi ?!

-Alors ? Vous sentez quelque chose ? demanda Éric.

À part de la frustration et de la colère contre moi-même, non ! Attendez... Je regardai John et je me rendis compte que mon désir intense pour lui n'était plus. Je le trouvais toujours attirant, beau, sexy, enfin bref. Mais je pouvais le regarder sans avoir cette envie irrépressible de le dévorer. Et je ne me sentais plus... lié à lui...

-Oui, la connexion semble coupée. Je ne ressens plus ce qu'il ressent. Et surtout, je ne sens plus ce désir puissant de sceller le lien, répondit John.

Je baissai la tête. Tout d'un coup, je me sentais étrangement triste et seul... Merde.

-Très bien. En attendant que les choses s'arrangent entre vous, il faut que tu ne quittes jamais cette pierre, Lucas, me dit Éric.

Je hochai la tête en signe d'assentiment. Je n'arrivais pas à prononcer un mot. J'étais mal. Mais pour quelle raison ? Ne plus être lié à « Monsieur ours grincheux » était tout ce que je désirais ! Alors pourquoi est-ce que je me sentais si mal ?

-John, à propos de Sébastian... L'humain qui a disparu se nomme Thomas Duval et certains ont l'air de penser que...

Éric s'interrompit soudainement, se figeant sur place. Ses yeux devinrent dorés et il grogna, montrant ses canines particulièrement pointues. Puis... il disparut ! Enfin, il partit si vite, qu'en une demi-seconde, il ne se trouva plus dans mon champ de vision ! Mais comment les vampires pouvaient-ils se déplacer si rapidement ?!!

-Mais qu'est-ce qui se passe ? réussis-je à demander, totalement interloqué par ce que je venais de voir.

-Il a senti son calice... me répondit John.

-Sébastian ! m'écriai-je en me levant encore une fois un peu trop brusquement.

La tête me tourna mais John vint me rattraper.

-Doucement.

L'instant sembla se glacer. Nous étions l'un contre l'autre, à nous regarder, mais... un vide immense avait pris possession de nous. Plus de lien, plus de désir, plus de passion. Plus rien... Mon cœur était vide de solitude. Et j'étais sûr que lui aussi se sentait aussi seul que moi. Je m'assis de nouveau, me détachant de lui.

Attendez... THOMAS DUVAL ?!! Non, ce n'est pas possible !

-John, je connais cet humain dont Éric parlait ! Ce Thomas Duval est l'ex-petit ami de Sébastian ! Ils sortaient ensemble lorsque nous étions à l'université il y a quelques années ! Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Je ne comprends rien !

Je m'étais levé et la tête me tourna de nouveau.

-Calme-toi ! Sois un peu raisonnable, Lucas ! me sermonna le vampire en me rattrapant au niveau des épaules alors que je tanguais un peu.

La couverture qui me couvrait glissa et tomba dans un léger bruissement sur le sol. L'instant se cristallisa. Encore une fois... Aucun de nous ne bougea. Puis John me caressa la joue d'un geste tendre.

-Puis-je t'embrasser ?

Merde ! Il me demandait de nouveau la permission ! Il y avait du progrès ! Il devait réellement s'en vouloir pour cette nuit... Je me contentai de hocher la tête, et il ne perdit pas une seconde pour prendre possession de mes lèvres et de ma langue aussi voluptueusement qu'il en avait à présent l'habitude. Le plaisir était là, le désir montait, mais il n'était pas incontrôlable contrairement aux autres fois. On se savourait lentement, sans ce besoin animal d'aller plus vite, plus loin, de se perdre l'un dans l'autre, de se sentir totalement submergés par la passion. Non. Le contrôle était bien là.

Mes mains se perdirent dans ses cheveux pendant que les siennes empoignaient mes fesses assez durement, me plaquant encore plus contre lui. John finit par m'allonger sur le sofa. J'étais complètement nu, mon corps livré à ses caresses. Sa bouche si chaude quitta mes lèvres et commença à descendre sur mon corps, glissant sur ma peau, taquinant mes boutons de chairs fièrement dressés, puis plus bas, léchant mon nombril. Puis encore plus bas... Et pour la première fois, je ne fis rien pour l'en empêcher. Il s'était passé trop de choses entre nous. J'en avais envie... Je voulais oublier cette nuit, sa violence, la peur que j'avais ressentie. Je voulais tout oublier dans ses bras. Je désirais aussi me sentir proche de lui comme lorsque le lien était là, même si je ne l'avouerai jamais ! Et surtout, je me sentais en sécurité avec cette pierre, je sentais que nous ne pouvions pas perdre le contrôle de nos actes. Et ça me soulageait en pareille circonstance, malgré le vide également ressenti.

-Ha...

Sa bouche venait enfin de m'engloutir. C'était chaud, doux, humide... Il était bouillant. Je sentais sa langue lécher mon sexe dur qu'il tenait de sa main. C'était terriblement gênant mais en même temps, tellement excitant et bon. Trop bon... Le plaisir montait si vite... Je voulais le voir. Je voulais regarder cet homme qui s'appliquait à m'aimer de sa langue et de sa bouche. Je me forçai à ouvrir les yeux et me penchai. John se trouvait entre mes jambes, sa tête en mouvement sur mon érection, ses yeux étaient fermés, il semblait savourer ce qu'il me faisait. Merde... Juste cette vision de lui était si excitante que je faillis jouir sur le moment, je me retins de justesse !

Un frisson plus intense me parcourut, le plaisir montait de plus en plus haut, des frissons me parcouraient et je gémis sans pouvoir m'en empêcher alors que le vampire se mettait à plonger mon sexe dans sa bouche, jusqu'à sa gorge, plus vigoureusement, de plus en plus vite... Je ne pouvais plus penser à rien qu'aux sensations toujours plus fortes qu'il me procurait. Mon corps se tendit, je fermai les yeux et je finis par jouir en lui. Je l'entendis grogner de satisfaction, avalant ma semence, continuant de me lécher le sexe, alors que je me trouvais haletant et en sueur, le cœur battant à toute allure, essayant de retrouver mon souffle, encore frissonnant du plaisir qu'il m'avait donné...

Je sentis une caresse sur ma joue et j'ouvris les yeux pour découvrir John au-dessus de moi qui me regardait tendrement, mais aussi avec une lueur qui montrait son contentement. Il savait... Oui, il savait qu'une étape avait été franchie entre nous. Pour la première fois, je m'étais vraiment laissé aller dans ses bras, lui faisant confiance, le laissant me faire ce qu'il désirait. Et encore plus important, sans le lien qui pouvait nous influencer. Oui, quelque chose d'important venait de se passer...

( Enfin, un nouveau chapitre !!! Désolée pour cette trop longue attente^^ Je ne pensais pas que ma vie serait si compliquée une fois mes études universitaires terminées... Quand on arrête d'écrire, c'est dur de s'y remettre. Mais je n'abandonne aucune histoire ! Maintenant, je vais travailler sur ma fiction "Le calice destinée", ainsi vous verrez où est passé Éric. Des bisous ! ;) )