Chapitre 11 : Nouveau départ
Luke s’approcha de la jeune femme qui se tenait devant une tombe. Les trente-trois habitants du village avaient été enterrés dès le lendemain, pour leur offrir leur respect qu’ils méritaient. Elise qui n’avait pas entendu que quelqu’un arrivait sursauta.
— Fais un peu plus de bruit la prochaine fois ! se plaignit-elle, ses yeux légèrement rouges. Tu m’as fait peur !
— Je ne pensais pas être aussi discret, s’excusa-t-il.
Il s’approcha de la tombe du maire, puis baissa la tête comme pour s’excuser.
— C’est ma faute, je n’avais rien prévu au cas ou Livink serait revenu aussi vite. Si Fulbert et les autres n’étaient pas venus nous aider, nous serions surement morts à l’heure qu’il est.
— Ne dis pas ça ! s’emporta Elise. C’est grâce à toi, Eddie et Sho que nous avons pu réussir.
— Tu n’y es pas pour rien non plus, il faudra que tu m’apprennes comment fonctionne la magie.
— Avec plaisir.
Ils restèrent quelques instants devant la tombe de Fulbert, sans rien dire. Luke se dit qu’il avait jugé le maire. Il l’avait d’abord trouvé un peu lâche de n’avoir rien fait pendant toutes ces années, mais dans ses derniers instants, le vieil homme s’était montré d’un rare courage.
— C’était comme un père pour moi, dit Elise, rompant le silence. Mes parents n’étaient pas de ce village, ils m’ont abandonnés puis ce sont enfui, je n’ai aucun souvenir d’eux...
Luke ne su pas quoi lui répondre, mais la jeune femme n’attendait pas de réponse, elle était juste heureuse que quelqu’un l’écoute. Après quelques minutes ils se décidèrent à laisser le vieux maire tranquille.
— Nous ne pourrons jamais vous remercier comme il se doit, s’excusa Elise en jouant avec une de ses mèches grises. Nous ne sommes pas très riches, et Livink nous prenait tout...
— Je ne l’ai pas fait pour être récompensé, répondit Luke. Sho non plus, quant à Eddie... Je ne sais toujours pas pourquoi il a changé d’avis d’ailleurs.
— Que font-ils d’ailleurs ? J’étais trop occupé je n’ai pas eu le temps de leur parler.
— Sho a dormis trois jours comme moi, et la dernière fois que je l’ai vu il donnait des coups d’épées dans le vide.
— J’ai l’impression que te voir utiliser son arme mieux que lui l’a vexé.
Luke haussa les épaules en riant, mais au fond lui-même n’avait pas trop compris ce qu’il s’était passé. Il se souvenait de s’être évanoui, puis à son réveil on lui avait annoncé qu’ils avaient gagnés. Elise n’avait rien dis à propos de la marque sur sa main, personne d’autres ne l’avait vu.
— Quant à Eddie, il m’a réveillé en hurlant ce matin, poursuivit l’amnésique. Soi-disant que vous lui confisquiez son : « butin de guerre ».
— La lance ? Elise se mit à rire. Les autres m’ont dit qu’ils tenaient absolument à l’avoir, vu qu’il a porté le dernier coup. Mais nous avons décidés avec les soldats qu’il valait mieux qu’elle soit entre les mains de l’armée, elle est trop puissante et dangereuse.
— J’ai cru entendre qu’une unité allait arriver demain, c’est pour la récupérer ?
— Oui le messager est revenu ce matin. C’est aussi pour venir faire l’état de tout ce qu’il s’est passé. Ils vont envoyer un nouveau commandant pour l’avant-poste, j’espère qu’il sera digne de confiance cette fois.
— Je l’espère aussi.
Elise poussa la porte de la maison tandis que le soleil terminait de se coucher. Eddie était affaissé sur la table, ruminant dans son coin. Sho’Ryu s’occupait de ses armes justes à côté, il les salua d’un mouvement de tête.
— Pour quelqu’un qui ne voulait pas nous aider, tu restes bien longtemps ici, plaisanta Elise.
— Je ne vous ai pas aidé ! répliqua le chasseur de relique avec un sourire narquois. On a eu des intérêts communs c’est tout ! Pour qu’au final on me prenne ce pour quoi j’ai risqué ma vie !
— Remets-toi mon vieux, dit Luke en s’asseyant à son tour, lui était bien content que son compagnon finisse par changer d’avis pour les aider. Tu as déjà ton épée, pas besoin de plus.
— Dans la famille Chafe ce qu’on trouve on le garde, c’est comme ça.
— Euh... Dites-moi, combien de temps vous comptez rester ?
— On part demain, annonça Luke. Eddie ne veut pas croiser l’armée, quant à moi il se peut que je sois un criminel recherché ou quelque chose comme cela, autant ne pas prendre de risque.
— Et vous savez ou vous allez vous rendre ?
— J'aimerais bien aller à Ryke Fryst , admit Luke. Je me suis réveillé là-bas donc je pense que je pourrais trouver des information.
— Mais t'es peut-être recherché la-bas aussi, commenta Eddie en levant les épaules.
— Je suis un peu coincé...
— Vous devriez aller à la capitale dans ce cas, proposa Elise en souriant. Aria est réputé pour ses avancées sur le plan de médecine, peut-être que quelqu'un pourra t'aider ?
— Merci du conseil Elise ! On avisera demain, conclut-il, pensif.
Plus tard dans la soirée, d’autres villageois amenèrent de quoi manger, et ils célébrèrent une fois de plus leur réussite.
Le lendemain matin Luke et Eddie étaient prêt à partir, leurs blessures partiellement remise ne les faisait plus souffrir, et le village leur avait donné des provisions pour le voyage. L’amnésique avait refusé les chevaux – au grand dam de son compagnon - ils en auraient plus besoin qu’eux. En revanche il n’avait pas pu refuser l’argent que les villageois avaient glissés dans son sac. Elise et chaud n’était pas dans la maison du maire à leurs réveils, alors Luke du se résoudre à partir sans leur dire au revoir.
— Ils sont sûrement occupés, déclara Eddie en levant les épaules. De toute manière il faut qu’on parte maintenant si on ne veut pas croiser les soldats. On n’a pas le temps de les chercher dans tout le village.
— T’as raison... concéda Luke.
Le duo sortit, puis se mit en route. Même s’il était tôt, le village était déjà bien actif, et tous leur dirent au revoir joyeusement. Le bûcheron qui gardait la sortie du village leur serra même la main, une poignée de main bourrue mais chaleureuse. Ils allaient quitter le village quand une voix les appela.
— Vous comptiez partir sans nous ? s’énerva la jeune femme.
— Elise ? s’étonna Luke.
Elle s’approcha d’eux, Sho’Ryu la suivant avec nonchalance. Tout deux portaient un sac en bandoulière.
— Tu quittes le village ? demanda l’amnésique. Mais ils n’ont pas besoin de toi ?
— Oui je leur suis indispensable, répondit-elle en soupirant. Mais moi aussi j’ai des objectifs dans la vie, et pour cela je ne peux pas rester éternellement ici ! Ils se débrouilleront très bien sans moi.
— Vous auriez pu attendre un peu, intervint Sho’Ryu. Nous étions entrain de dire au revoir à Fulbert.
— T’as besoin de nous pour pas te perdre ? se moqua Eddie.
Le natif de Nijima ne releva pas, et se mit en marche dans la mauvaise direction. Quand le chasseur de relique le lui fit remarquer, du rouge apparût sur son visage.
Le groupe se mit en route dans la bonne humeur, Aria était à une vingtaine de jours de marche.
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