Chapitre 13

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Le 5ème jour de leur voyage les vit arriver dans une ville modeste, nommée Notour, Luke l’estima sept à huit fois plus grande et peuplée que Vitry. Ce qui était déjà impressionnant pour Elise qui n’avais jamais quitté son village. Le soleil était en train de se coucher, et le groupe déambulait dans les rues, cherchant un endroit ou dormir. Au détour d’une des rues principales, ils arrivèrent devant un bâtiment avec une belle devanture, ou une pancarte indiquait « Auberge ».

— Ça m’a l’air pas mal ici, indiqua Eddie.

— C’est quoi les prix ? s’interrogea Luke.

— Je veux juste dormir moi, se plaignit la jeune femme. De toute façon c’est l’autre enflammé qui payes.

— Quoi ? Pourquoi je devrais payer pour vous tous ? s’offusqua Eddie.

— T’as perdu ton pari contre moi.

Tout en parlant Sho’Ryu pénétra à l’intérieur, un homme situé derrière un grand comptoir en chêne les salua avec un grand sourire. Une dizaine de table étaient dispersés dans la salle, plusieurs étaient occupés par des groupes entrain de manger. L’une d’entre elle étaient entourés par plusieurs hommes bruyant en train de jouer aux cartes. L’ambiance réchauffa les voyageurs, qui s’approchèrent du comptoir.

— Bonsoir ! fit Eddie, joyeux. Nous voudrions passer la nuit ici, auriez vous une chambre pour quatre ?

Elise lui mit un petit coup de pied dans le tibia tout en lui lançant un regard noir.

— Euh... Excusez-moi, une chambre pour trois et une autre pour la charmante dame.

Il reçut un second coup ce qui fit rire le barman.

— Pas de problème nous avons beaucoup de chambres libres, expliqua-t-il en soupirant. Nous avons d’habitude beaucoup de clients venant de Drocia, mais avec la situation qui s’aggrave la passe de Haut-Vent est bloqué. On dit qu'un village Drocien se serait fait raser en une nuit, et ce serait notre armée qui serait responsable.

— C'est horrible pourquoi auraient-ils fait ça ? s'étonna Elise.

— Je ne vous le fais pas dire, mais ça m'étonnerait bien que le roi soit derrière tout ça. Quoi qu'il en soit les frontières sont fermés à présent.

— Depuis quand ? demanda la jeune femme.

— Une semaine je crois, j’ai entendu dire que la sécurité de la capitale c’est encore renforcé. Certains marchands se sont vus refoulé.

— Ça risque de nous compliquer la vie, murmura Elise.

Le barman acquiesça, puis se retourna pour décrocher deux clés accrochées derrière lui, qu’il posa sur le comptoir.

— Voulez vous bien me payer la moitié maintenant et le reste à votre départ ? Voulez vous que je vous serve un repas pour ce soir ?

— Avec plaisir, répondit Eddie.

Il déposa quelques pièces sur le comptoir et récupéra les clés des chambres. Le groupe allait monter à l’étage pour déposer leurs affaires avant le diner, quand un des joueurs de cartes les interpella. L’homme se leva pour les inviter à jouer, il mesurait presque quarante centimètres de plus que Luke, qui trouva qu’il n’avait rien à envier à l’ours-troll. Le colosse alla chercher d’autres chaises pour leur permettre de s’assoir.

— Venez donc faire une petite partie ! proposa-t-il joyeusement.

Malgré son imposante masse de muscle, et son visage chauve orné de cicatrice, ses yeux bleus étaient souriants. N’ayant de toute manière rien de mieux à faire, les quatre compagnons s’installèrent à la table de jeu.

— Moi c’est Borcha. Eux, ce sont Maxime, Rémy et Hubert, ajouta-t-il en présentant les autres joueurs. Vous savez tous jouer au poker ?

Ils acquiescèrent, sauf Luke qui avoua qu’il était amnésique, Elise lui expliqua rapidement tandis que Rémy distribuait les cartes. Borcha posa une pièce en cuivre sur la table.

— Pourquoi pas parier ? Autant rendre tout ça plus intéressant.

Luke fut surpris de voir Elise suivre la première. Sho’Ryu laissa Eddie parier pour lui, prétextant que c’était interdit dans son pays, la vérité étant qu’il n’avait pas le moindre sou. L’amnésique du utiliser l’argent que les villageois lui avaient donnés. J’espère que je ne vais pas tout perdre, pensa-t-il.

— T’inquiètes pas, lui chuchota Elise. Je suis la reine pour masquer mes émotions, on va les plumer tu vas voir.

Moins de dix minutes plus tard elle se leva rageusement, tout son argent était perdu. Effectivement personne n’avait pu lire dans son jeu, mais elle n’avait pas eu la moindre chance, sa main étant systématiquement la plus faible.

— C’est la triche, ragea-t-elle en se dirigeant vers le comptoir. Donnez-moi votre alcool le plus fort ! C’est ma dernière pièce !

— J’arrête aussi, déclara Sho’Ryu, ce jeu ne m’intéresse plus.

— Tu fais n’importe quoi aussi, murmura Eddie. Dis le si t'as pas compris les règles.

L’ignorant copieusement, le samouraï rejoignit Elise.

— Les plus faibles partent les premiers, c’est comme ça ! plaisanta Borcha. Allez à mon tour de distribuer !

Luke regarda discrètement les deux cartes qu’ils venaient de recevoir, pour découvrir une paire de roi. Ils étaient passés aux pièces d’argent à présent, et l’amnésique en avaient déjà gagnés deux, il était plutôt chanceux ce soir. Les parties s’enchainèrent, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que Luke, Eddie et Borcha sur la table. La mise était de deux pièces d’argent, ce qui constituait tout l’argent que l’amnésique possédait. Cependant il possédait déjà une paire de reine, il était confiant.

— Vous suivez alors ? s’enquit le colosse.

— Bien sûr, répliqua Luke.

Eddie aperçu un début de sourire sur le visage de son ami, et comprit qu’il avait une très bonne main. Il retourna trois cartes, les relance s’enchainèrent, jusqu’à ce que la mise atteigne une pièce d’or, sois la valeur de dix pièces d’argent. Eddie termina de retourner la dernière carte, il n’avait rien à part une paire de quatre, mais tenta tout de même de bluffer. Luke avait un full par les reines. Je vais gagner ! pensa t’il.

— Vous êtes prêts ? demanda Borcha avec un grand sourire.

Il déposa ses cartes sur la table, dévoilant une quinte flush, une main supérieure à celle de ses deux adversaires. Eddie jeta rageusement ses cartes, tout en s’imaginant dégainer son épée enflammée pour récupérer son argent.

— Ah ! Ah ! s’écria le colosse. Dommage, on dirait bien que la chance vous a quitté !

Luke lui ne dit rien, il l’avait vu. Malgré son apparence massive, Borcha était plutôt agile avec ses mains, il l’avait vu échanger des cartes avec celles situés dans ses manches. L’amnésique se leva et attrapa le bras droit de l’homme.

— Moi j'ai l’impression que tu as trichés ! déclara-t-il.

Des cartes tombèrent sur le sol, et l’instant d’après Borcha envoya son poing dans le visage de Luke, qui tomba à la renverse. Eddie et Sho’Ryu allaient intervenir, mais Elise fut la plus rapide, elle s’élança en avant, sauta sur la table et lança un coup de pied en pleine tête. Le colosse chuta avec sa chaise, la brisant dans l’action. Il se releva sans peine, le nez ensanglanté.

— Je savais que vous trichiez ! dit triomphalement Elise.

— Vous n’avez aucune preuve ! répliqua Borcha. Je garde l’argent !

Le colosse poussa la jeune femme qui du sauter de la table, puis commença à récupérer les pièces. Eddie dégaina son arme qui projeta sa lueur rougeoyante, Elise attrapa son grimoire, et Sho’Ryu posa une main sur son sabre. Le barman commença à prendre peur devant la tournure de la situation. Les autres clients prirent leur distance et certains sortirent du bar en hurlant.

— Stop ! ordonna timidement le gérant. Pas de bagarre ici !

— Il nous vole notre argent ! se justifia Eddie. J’ai le droit de me défendre quand même !

Les amis de Borcha se rapprochèrent de lui, dégainant dagues et épées. Tous les combattants se regardaient en chien de faïence, près à riposter au premier signe d'une attaque.

— Tu ne vas pas quand même pas utiliser ta relique ? demanda Maxime, peu rassuré par les flammes.

— Je ne suis pas à un meurtre près, insista Eddie.

— Calme-toi mon vieux, l'intima Luke, qui se relevait en massant son visage douloureux. Réglons le problème pacifiquement, récupérons chacun notre argent, d’accord ?

— Hors de question ! beugla Borcha. Je l’ai gagné, il est à moi !

Eddie jeta un regard à Luke, un regard qui signifiait « Laisse moi le tuer il l’a bien cherché », l’amnésique fit non de la tête. Le barman s’approcha à son tour.

— Ecoutez essayer de trouver une solution, dit-il, le visage peu rassuré.

Des bruits de pas se firent entendre, et cinq chevaliers en armure pénétrèrent dans l'établissement. Le premier attrapa son arme, et s'avança pour séparer les deux groupes.

— Calmez-vous tous ! clama t-il. Des passants nous ont pressé de venir ici, que se passe t-il ?

— Ils ont trichés aux cartes ! expliqua Elise en pointant Borcha du doigt. Et cet ours refuse de nous rendre notre argent !

Le capitaine de la garde jeta un regard au colosse, qui lui fit un clin d'oeil discret tout en indiquant une partie de l'argent. Le soldat toussa, avant de s'adresser au groupe de Luke.

— Ecoutez, nous n'avons aucune preuve, c'est paroles contre paroles. Vous m'avez tout l'air de voyageur, alors je me dois de vous informer qu'ici, les conflits se règle au tournoi de lutte.

— C'est vrai ça ? demanda Luke, sceptique.

Le capitaine regarda se tourna vers ses subordonnés, qui aquiscèrent en agitant la tête, l'homme reprit la parole.

— Cela tombe bien le prochain est prévu pour après demain. Nous n’avons qu’à remettre tout cela en jeu, proposa-t-il. Inscrivez vous contre Borcha, et le gagnant remporte la mise, plus le prix de tournoi.

Devant la carrure de titan de Borcha, l’offre paru complètement déséquilibré à Luke. Jamais je n’accepte, il est entrain de nous arnaquer !

— On accepte ! annoncèrent Eddie et Elise.

— Parfait, répondit en souriant le soldat. Je vais garder l'argent en lieu sûr en attendant, vous avez ma parole.

— Impatient de vous revoir, annonça Borcha en laissant l’argent sur la table. Et n’essayez pas de quitter la ville surtout, on tient ses promesses ici !

Le capitaine récupéra l’argent dans une boîte fournit par le barman, qu’il verrouilla, l’équivalent de trois pièces d’or - une somme coquette - se trouvait à l’intérieur. Borcha et ses alliés commencèrent à partir.

— Tu as dit que tu étais amnésique c’est ça ? Peut-être que mes poings te feront retrouver la mémoire !

Ils quittèrent la salle en riant, suivit par les soldats. Le barman soupira, avant de ramasser les morceaux de la chaise brisée.

Luke lança un regard plein d’incompréhension à ses compagnons, qui firent tous pour ne pas le lui rendre.

Dans deux jours je suis mort.

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