Chapitre 21 :

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— Pourquoi toute cette mise en scène ? demanda Sokann. Vous pourriez donner l’ordre de me tuer maintenant, de toute manière Eddie ne viendra ni pour son ami, ni pour moi.

— Tu penses vraiment que j’ai cru à ton mensonge ? répliqua Gorlon. Que cet abruti de Chafe serait caché et introuvable ?

Il se mit à rire bruyamment, et le son fût amplifié par son micro.

— A l’heure actuelle, une trentaine de mes hommes sont autour du trou à rat que tu oses appeler « auberge ». Et toutes les issues pour quitter la cité sont bouclés, peu importe où cette vermine se trouve, je l’attraperai. Vous allez tous mourir dans l’arène pour qu’ils reçoivent le message. On ne se moque pas du seigneur des souterrains.

— « Ils » ?

— Tous ces nobles idiots, cracha-t-il en indiquant le groupe bien habillé dans les gradins. Ils ne savent même pas ce qui les attendent là-haut, vautrer dans le luxe comme ils le sont.

— Je croyais que la rébellion était stoppée depuis que le général a perdu la vie ? l’interrogea Sokann.

— Les Daevas sont intervenus, corrigea Gorlon. Ces fanatiques ont pris eux-mêmes le commandement, leurs ressources sont inépuisables tu le sais bien.

— Vous ne devriez pas vous associer à eux.

Le seigneur des souterrains se retourna avec un rictus moqueur, fixant son ancien subordonné dans les yeux.

— Et pourquoi ? Tu ne travailles plus pour moi, et tu vas bientôt mourir, je me fiche de tes conseils idiots.

Sokann se baissa pour lui chuchoter sans que personne n’entende, les gardes se rapprochèrent en dégainant leurs armes, prêt à intervenir.

— Vous connaissez mes compétences, je pourrais vous tuer à main nue en moins d’une seconde.

Gorlon cracha au visage de son interlocuteur avant de rire bruyamment.

— Garde tes menaces ! J’ai plus de trois cent hommes rien dans l’enceinte de l’arène, jamais tu ne sortiras d’ici vivant.

L’homme recula d’un pas, et s’essuya calmement la joue. Reportant son regard sur le combat au centre de l’amphithéâtre.

Sa respiration devenait de plus en plus difficile et irrégulière, tandis que son adversaire le regardait calmement, comme un animal devant sa proie. Un nouveau couteau fusa, forçant Luke à esquiver un pas sur le côté, mais déjà Le Balafré avait parcouru les quelques mètres les séparant. Il frappa rapidement et avec précision, une arme dans chaque main, l’amnésique para une des lames, mais la seconde écorcha son épaule gauche. Il envoya son pied en avant, mais son ennemi esquiva avec souplesse d’un saut périlleux en arrière. La cape masqua le lancer d’un nouveau projectile en plein saut, et le couteau manqua de se planter dans la cuisse de Luke, mais l’entailla tout de même. Il serra les dents pour ne pas montrer qu’il souffrait.

— On n’est pas obligé de se battre, tenta-t-il une fois de plus, sans aucune réponse de son interlocuteur.

Luke ne comprenait pas, son adversaire avait beau être plus jeune, il se battait comme un vieux guerrier expérimenté. Il compensait son manque de force par une agilité et une vitesse hors du commun, et sa longue cape lui permettait de masquer ses mouvements, tout en distrayant le regard. L’amnésique s’était déjà fait frapper à de nombreuses reprises, il sentait son sang couler de ses plaies, l’affaiblissant peu à peu. Pourtant il sentait quelque chose au fond de lui, un sentiment semblable à ce qu’il avait ressentit contre Lan’Ru et Borcha.

— Qu’est ce que tu attends Le Balafré ? hurla Gorlon, accompagné par le public. Dépêche-toi de le tuer ! Elle a très envie de te revoir tu sais ?

— De qui parle-t-il ? le questionna Luke, voyant la une ouverture. Quelqu’un de ta famille ?

Pour toute réponse Le Balafré passa à l’attaque. L’amnésique se concentra davantage, aucun mouvement de son adversaire ne lui échapperait plus. L’adolescent sortit un bras de sous sa cape, et le balança en avant, mais aucun projectile ne partit.

Une feinte ?

Il agita son bras une seconde fois et un couteau fusa en direction de la poitrine de Luke, il pria de ne pas se rater, et réussit à attraper le manche de l’arme en plein vol de sa main gauche. Le Balafré et lui jetèrent un couteau en même temps, et ils s’entrechoquèrent avant de tomber au sol. L’amnésique attaqua en plongeant sa lame en avant, et son adversaire bondit au-dessus de lui pour l’éviter. Il fit volte-face en un instant, prêt à attaquer son adversaire, vulnérable dans les airs, quand quelque chose brilla juste en face lui. Il décala sa tête, et l’arme mordit sa joue avant de se planter sur le sol.

Il avait jeté un couteau en l’air !

Au moment ou Le Balafré toucha le sol, il s’avança de nouveau, ses mains cachées sous sa cape. L’amnésique, bien que perturbé par le piège, attaqua le premier. Ses yeux scrutaient chaque minuscule mouvement pour le vêtement, pour anticiper la riposte. Son katana décrivit un arc de cercle horizontal, et Le Balafré se baissa pour esquiver avant de lancer deux couteaux en visant la poitrine. Luke avait déjà lâcher son arme, et il attrapa les deux projectiles en plein vol. L’adolescent plongea les mains sous sa cape, mais le coup de pied de l’amnésique fût plus rapide, il frappa en plein ventre et coupa le souffle du Balafré en le faisant reculer. Lors de la confrontation, Luke avait pu apercevoir quelque chose sur la nuque de son adversaire, une marque au fer rouge. Impossible de savoir où, mais il avait déjà vu ce symbole, il en avait la certitude. C’était celui des esclaves. Le public explosa, insultant les deux participants.

— Si on te voit venir, ta vitesse n’est pas si impressionnante, dit-il calmement en ramassant son katana. J’ai vu ce qu’il y a sur ton cou, ce fils de pute retiens un de tes proches pour te forcer à te battre c’est ça ?

Toujours aucune réponse, mais Le Balafré baissa la tête. Luke décida d’ignorer les cris du commentateur pour continuer de lui parler.

— Je ne connais pas trop cet endroit, avoua-t-il. Mais peut-être que je peux t’aider ? Je ne suis pas seul ici, et je sais que mes amis vont venir m’aider. On n’est pas obligé de s’entretuer ici.

— Ma sœur, chuchota-t-il.

— Qui ?

— Ma petite sœur.

— Sortons d’ici vivant d’abord, proposa Luke en souriant. Puis-je ferais tout mon possible pour t’aider.

Les grilles s’ouvrirent, et cette fois ce fût des hommes de Gorlon qui pénétrèrent dans l’arène, vêtu de tunique noire et solidement armé. Le public s’offusqua en hurlant que c’était de la triche.

— Fini de jouer ! gronda le présentateur dans son cor magique. Le premier qui le tue se verra exaucer le vœu de son choix !

La proposition ne mit pas longtemps à atteindre le cerveau de tous ceux présent dans l’arène, et Luke vit même des spectateurs se lever pour descendre se battre.

— Désolé, dit tout bas Le Balafré.

En tentant d’améliorer sa situation, Luke n’avait que l’empirer, en passant d’un seul adversaire, à plus d’une centaine. Une explosion arracha toute une partie des murs de la piste, faisant voler une grille à travers l’arène, qui atterrit juste à côté des loges. Deux visages familiers sortirent de la fumée.

— Enfin vous êtes là, souffla Luke.

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