Chapitre 47 : Retrouvailles et séparation

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Luke ne pouvait s’empêcher d’admirer la beauté du palais royal, son extérieur peu accueillant contrastait avec la splendide décoration intérieure. Buste des anciens rois, colonnes décorées d’or, de nombreuses fleurs et plantes rares venues des quatre coins du monde, le château de Helmstedt était une véritable merveille. Il n’en perdait pas une miette tandis qu’il marchait dans les couloirs imposants de l’édifice. Devant lui la princesse de Drocia, Éléonore-Amy Herrscher, marchait d’un pas décidé.

— Tu es déjà venu ici, réprima sa guide sans le regarder. Pas la peine de faire semblant d’être impressionnée.

— Je vous l’ai déjà expliqué, souffla Luke. Je ne me souviens de rien.

— Cesses de me vouvoyer Lugné. Ça m’horripile.

L’amnésique ne lui fit pas remarquer qu’elle s’était encore trompée de prénom, et se contenta de la suivre jusqu’à atteindre les jardins royaux. A sa grande surprise ils étaient encore plus grand que ceux d’Aria, et une multitude d’odeurs et de couleurs lui parvinrent. Du coin de l’œil il vit que la princesse attendait une réaction, le bleu de ses yeux s’étaient adoucis, tandis que ses cheveux formaient de magnifiques boucles blondes. Luke n’eut aucun mal à croire que l’ancien lui avait pu tomber amoureux d’une telle femme, elle respirait le calme et la puissance.

— Rien ne te revient ? s’enquit-elle, tout en gardant un air détaché.

— Malheureusement non, s’excusa Luke en baissant la tête. Je me sens bien ici, mais je n’ai aucun souvenir qui remonte.

— Très bien.

Cette fois il vit clairement de la tristesse passer sur son visage. Luke n’avait pas tout compris, la princesse l’avait trainé en ville en récupérant ses amis au passage, passant ainsi devant la longue file d’attente devant la capitale. Au vu des regards que lui avait jeté certains gardes, ils avaient déjà vu son visage. Éléonore-Amy Herrscher s’installa sur un banc, et entreprit de jouer avec ses cheveux.

— Tu n’es plus celui que j’ai connu alors ? Tu n’es plus le général de talent avec qui je devais me marier ?

— Je suis désolé.

Il lui sembla voir des larmes monter aux yeux de la jeune femme, mais elle se leva rapidement en lui tournant le dos.

— Tu es apparu comme aujourd’hui, dit-elle en admirant le ciel bleu et dégagé. Un jeune stratège venu d’Egen, prêt à offrir ses talents au service du roi. En moins de deux mois tu es parvenu à te débarrasser de tous les bandits du nord, alors qu’ils étaient installés la depuis plus de trente ans.

Elle ne lui parlait pas à lui, c’était pour elle qu’elle racontait tout cela.

— Nous nous parlions presque tous les jours, ce que père voyait d’un mauvais œil. Jusqu’au jour ou tu lui as proposé un défi, affronter son champion en duel, pour avoir le droit de me demander ma main. Je me rappellerai toujours de ta tête quand c’est moi que tu as vu descendre dans l’arène... Je t’ai battu à plate couture, et c’est moi qui t’ai demandé en mariage.

Un magnifique papillon multicolore se posa sur son doigt, et elle le chassa en lui soufflant délicatement dessus.

— Tout ça pour disparaître la veille de la cérémonie, comme si tu n’avais jamais existé. Je pourrai te faire mettre en prison, ou même te faire exécuter pour cela. Mais quel intérêt ? Tu ne t’en souviens même pas.

De la colère commença à apparaître dans le cœur de Luke, il s’en voulait de ne pas pouvoir répondre aux sentiments de son ancienne fiancée, et il lui en voulait à elle, de lui mettre une telle pression sur les épaules. Elle soupira bruyamment, réalisant que cette discussion ne les mènerait à rien.

— Je te remercie d’avoir sauvé mon frère. Nous étions sortis pour calmer le peuple, mais ces bandits nous attendaient. J’en ai tué trois, mais les autres ont réussis à s’enfuir. Pour ce qu’elle vaut à présent, je vous offre à toi et tes amis l’hospitalité Drocienne.

— C’est à moi de te remercier, sans ton aide nous n’aurions pas pu rentrer dans la ville.

Éléonore se tourna vers lui, son masque froid et dur de retour sur son beau visage.

— J’aurai préférée ne jamais te revoir.

Luke se sentit soudain mal, tandis que la jeune femme s’éloignait d’un pas rapide.

Eddie le salua avec son plus grand sourire, un verre de vin à la main, et des biscuits dans l’autre. Sho’Ryu était assit à côté, l’air un peu triste, il avait confié la petite fille du village à des domestiques. Sokann lui était partit se promener. Le chasseur de relique déboucha une seconde bouteille.

— Sacré coup de chance quand même, plaisanta-t-il en lui tendant un verre. De toutes les femmes, il a fallu que tu tombes sous le charme de la princesse de Drocia !

— C’est sûr, quelle chance, soupira Luke en avalant son vin rouge d’un trait.

Le Chafe désigna du doigt la magnifique suite sans laquelle ils se trouvaient. La pièce centrale était presque aussi grande que l’auberge entière qu’ils avaient louée à Astria, une table pouvant accueillir plus d’une vingtaine de personne était disposé au centre, tandis que de nombreux fauteuils en cuir rouge meublaient le reste de la salle. Des vases et des tableaux visiblement très chers, terminaient d’habiller la pièce.

— Y’a pas à dire, c’est bien plus beau que les chambres du château d’Aria ! T’es pas d’accord Luke ?

— Tu ne devrais pas être fier, vu de quelle manière tu es entré dans le dit château, se moqua Sho’Ryu.

Ignorant la remarque, il se leva pour aller chuchoter quelque chose à l’oreille de son meilleur ami.

— Elle t’attend, enfin je crois, elle avait l’air assez énervé.

— Merci mon vieux.

Luke se rendit dans la chambre qu’on lui avait désigné, et trouva son amie assise devant un bureau, entrain d’écrire quelque chose. Il toqua doucement sur la porte, mais elle ne se retourna même pas pour le regarder. Il avait encore son regard en tête, quand elle les avait surpris dans la clairière, il avait l’impression de l’avoir trahis. Elise finit par se tourner vers lui, ses cernes étaient encore plus creusés que lors de leur séparation.

Elle est toujours aussi magnifique.

— Je suis désolé.

— Pourquoi tu t’excuses ? répliqua-t-elle. Ce n’est pas vraiment ta faute, comment aurais-tu pu prévoir que prédécesseur était fiancé à la princesse de Drocia ?

— Alors tu ne m’en veux pas ? s’enquit Luke en fermant la porte derrière lui.

— Bien sûr que si, répondit-elle sèchement. Tu m’as abandonné à Aria tu t’en rappelles ? En plus pour faire quoi ? Eddie m’a tout raconté, vous avez failli vous faire tuer tous les deux !

Son regard était rempli de reproche, et Luke eut du mal à le soutenir.

— Je devais le faire, c’était important pour m’aider à retrouver la mémoire !

— Ah bon ? Alors pour toi mourir ce n’est pas grave, tant que tu te rappel de quelque chose ? Tu aurais été heureux en emportant Eddie dans la tombe avec toi ? Si tu meurs, qui va l’aider à trouver une solution contre sa malédiction ?

— Je...

Il était complètement acculé, elle avait raison et il le savait, il avait agi avec beaucoup trop d’imprudence.

— Et surtout, qu’est-ce que j’aurais fait sans toi ?

Luke sentit son cœur sauter sa poitrine, et il vit qu’Elise partageait son soudain inconfort.

— Comment tu nous as retrouvés ? demanda Luke en tentant de changer de sujet.

— J’ai appris que vous aviez fuis vers l’ouest, j’ai croisé des voyageurs qui vous avaient aperçu, un vieil homme m’a laissé monter dans son chariot ce qui m’a fait gagner du temps. A la frontière les soldats m’ont clairement décrit votre apparence, elle marqua une pause, le visage légèrement rouge. J’ai peut-être dû menacer un ou deux gardes, mais je suis parvenu à passer en Drocia sans trop de soucis. J’ai traversé quelques villages complètement vides, puis par le plus grand des hasards j’ai atterri dans la clairière.

Elle avait dit cette dernière phrase en regardant ailleurs, comme si elle mentait, mais l’amnésique ne lui fit pas la remarque.

— Pourquoi tu as quitté l’académie ? interrogea-t-il. Tu es parti avant les six mois non ?

— C’est compliqué, je préfère en parler avec les autres, elle sortit une lettre de sa sacoche. Et toi, tu pensais vraiment ce que tu as écris sur cette lettre ?

Son cœur se mit à accélérer encore davantage, lorsqu’il l’avait écrit, il ne pensait plus jamais revoir Elise de sa vie. Il chercha avec intensité quoi lui dire.

— Luke ? s’impatienta la jeune femme.

— On devrait rejoindre les autres, notre audience avec le roi ne devrait plus tarder, tu ne penses pas ?

— Luke, répéta-t-elle lentement.

Les yeux noisette d’Elise le regardait avec intensité, elle attendait une réponse importante, elle l’avait cherché à travers deux pays pour cela. Luke rassembla tout son courage.

— Je t’ai aimé dès que je t’ai vu, lui avoua-t-il. Quand tu t’es battu pour ton village, tu étais magnifique, tu dégageais une telle force que je ne pouvais que t’admirer. Tu m’as permis de vivre, tu m’as appris à être le vrai moi, et pas celui d’avant. C’est toi qui m’as permis d’être heureux.

Voilà, je l’ai dit.

Elise le regarda tendrement, les joues rouges sous l’excitation. Ils s’approchèrent l’un de l’autre au même moment, avant de s’enlacer pour s’embrasser avec passion. Jamais Luke n’avait ressenti d’émotion aussi forte depuis son réveil, la chaleur du baiser lui fit tout oublier une seconde fois, même la douleur de sa main disparut totalement. Quand leurs lèvres se séparèrent enfin, il eut l’impression d’être un homme différent.

— Merci Elise, dit-il en la regardant dans les yeux. Merci d’être venu me retrouver.

— Je suis bien obligée, comment tu te serais débrouillé sans moi ?

— Je n’aurai jamais dû te laisser.

— C’est de l’histoire ancienne à présent, le rassura-t-elle. Maintenant nous sommes ensemble, je t’aime Luke.

Ils s’embrassèrent de nouveau, restant pendant dans les bras de l’autre pendant un long moment, qui leur parut pourtant durer moins d’une minute. Elise voulait lui parler de la marque et de plein d'autres choses, mais elle préféra profiter de l'instant le maximum possible. Ils se séparèrent quand quelqu’un toqua à la porte, et Eddie rentra dans la chambre, le visage tout aussi rouge que le leur, mais du cette fois à l’alcool.

— Dépéchez-vous un peu, le roi nous attends.

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