Chapitre 52 :

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Luke entendit du bruit, et comme tous les jours, un plateau rempli de nourriture apparu sur la table de sa luxueuse cellule. Si la porte n’était pas verrouillée, cela aurait pu être la chambre d’un invité du roi. Le lit était gigantesque, les fenêtres – verrouillés - qui offraient une vue plongeante sur Helmstedt et ses environs, étaient ornés de rideaux rouges, décorés de dessins de dragon. Des dragons étaient présents partout autour de lui, sous forme de peinture, de broderies ou même dans la forme des chaises.

Cela faisait une semaine que Luke avait repris conscience ici, et une semaine qu’il n’avait pas eu le moindre contact humain. La nourriture apparaissait comme par magie, ses vêtements étaient propres à son réveil, et son bain était toujours chaud peu importe l’heure à laquelle il allait le prendre.

Le prisonnier avait tout tenté pour fuir, mais les murs, les portes et les fenêtres étaient indestructibles. Luke restait là, sans savoir ce que le roi attendait de lui.

Terminant son repas de midi, Luke s’installa à la fenêtre est, qui permettait de voir loin par-delà la grande porte de la ville. Les arbres au loin s’agitaient, comme si quelque chose en leur sein courait dans tous les sens. Soudain la forêt explosa, et ils déferlèrent sur la plaine.



Sho’Ryu discutait avec Elise sur les remparts de la porte centrale. Le nombre de tente n’avait fait qu’augmenter, et à présent en plus des presque cent cinquante mille habitants de la cité, presque quinze mille personnes campaient devant la capitale. Le reste des cent soixante quinze mille habitants du pays étaient portés disparus.

— J’ai discuté avec la princesse hier, dit Elise, ses cernes plus creusés que jamais. Elle n’a rien trouvé de son côté.

— Il n’a quand même pas pu disparaître sans trace, grommela Sho’Ryu.

— Peut-être que les Daevas l’ont enlevé, suggéra la jeune femme.

— Ce serait la pire des alternatives, soupira le bretteur. Je préfère la piste d’Eddie, même si je ne vois pas pourquoi le roi s’en serait prit à Luke sans prévenir. Il nous a quand même tous accueilli dans son château.

— Quelqu’un a pu le faire changer d’avis.

— Tu penses à Eliott ?

— Je pense qu’il faut le faire parler, marmonna Elise.

Des cris les firent stopper leur discussion, et ils virent qu’ils étaient à présent proche de la grande porte de la cité. Des habitants en bas hurlaient en tambourinant contre la grande porte en acier, tandis que des soldats leur ordonnaient d’arrêter. Sho’Ryu interpella les gardes.

— Que se passe-t-il ?

Un soldat portant une armure abimée s’avança vers lui.

— Ils cherchent à rentrer, mais le roi nous a formellement interdit d’ouvrir les portes à qui que ce soit.

Avisant un soldat plus haut gradé, Sho’Ryu repoussa son premier interlocuteur pour le rejoindre, tout près des commandes de la porte. Il portait une lourde armure garnie d’or, et avait l’air d’approcher la soixantaine.

— Qu’est-ce que vous faites là ? l’agressa le garde. Les invités du roi ne sont pas autorisés à venir ici

— Ce n’est pas le sujet, répliqua le nijimien. Pourquoi ces gens sont-ils si paniqués ?

L’homme tenta de le pousser, mais c’était comme s’il voulait déplacer une maison. L’aura de Sho’Ryu le faisait paraître bien plus grand que sa taille réelle.

— Répondez-moi.

— Les nouveaux arrivants de ce matin, répondit le soldat, en bombant le torse. Ils ont raconté des foutaises, comme quoi des monstres auraient déferlés sur leur village ! Maintenant ils sont tous entrain de paniquer comme des idiots ?

Elise répondit à Sho’Ryu par le même regard plein d’inquiétude, et la même pensée leur traversa l’esprit.

Ils arrivent.

— Je vais prévenir Eddie et Sok, lança la jeune femme en courant pour descendre de la muraille.

Sho’Ryu acquiesça, et sans un mot s’approcha du mécanisme contrôlant la porte.

— Pour qui vous vous prenez ? tonna le haut gradé en s’interposant.

— Je sauve tous ces gens.

Le soldat attrapa son épée, mais d’un geste rapide Sho’Ryu frappa sa main pour le lui la faire lâcher.

— Écoutez-moi bien, chuchota-t-il à l’oreille de l’homme. Sois-vous me laissez ouvrir cette porte pour mettre tous ces gens à l’abri, soit vous essayez de m’en empêcher. La seule différence entre ces deux options ? Dans la deuxième ils restent en vie, mais pas vous.

— Il... il n’y a pas de monstre, bégaya le soldat.

— Dans ce cas-là il suffira de les faire sortir, c’est mieux que d’avoir à compter les corps non ?

Sho’Ryu vit l’homme hésiter, surement entre accepter, et ordonner à ses subordonnés de l’attaquer. Sans attendre de réponse le sabreur se dirigea vers le mécanisme, quand de nouveaux hurlements le stoppèrent dans son élan.

— Les monstres arrivent ! hurlèrent les villageois.

Le nijimien se précipita sur le mécanisme, hurlant à ceux autour de lui de venir l’aider. Ils tournèrent la manivelle de toutes leurs forces permettant aux habitants de se précipiter dans les murs de la cité. Une fois les portes grandes ouverte, Sho’Ryu leva les yeux, le haut gradé pleurait à côté de lui.

— Je ne savais pas ! s’excusa-t-il. Je suivais juste les ordres du roi !

La plaine était entièrement noire, recouverte de créature se déplaçant à quatre pattes dans un grognement commun. Il y en avait un nombre incalculable, venant de toutes les directions, et il en arrivait toujours plus. Les civils rentraient aussi vite que possible, se hurlant et se bousculant dans la confusion générale. Les soldats firent rapidement descendre des échelles pour leur permettre de grimper, la porte principale se retrouvant rapidement bouché par le nombre important de Drocien.

Sho’Ryu attrapa le capitaine par le bras pour le relever, avant de le frapper au visage. Sa jeunesse et son entêtement avait compliqué la situation, a lui de se racheter pensa le niijimien.

— Réveille-toi ! hurla-t-il. Il faut ralentir ces monstres, et préparer la défense de la ville !

— La défense ? répéta l’homme. L’enfer nous fonce dessus ! Nous n’avons aucune chance !

— Alors il nous faut fuir ! Mais il faut défendre ces gens que tu as mis en danger ! Tu dois assurer leur sécurité !

Le soldat baissa la tête, tandis que les autres le regardaient en attendant ses ordres. Pendant un instant Sho’Ryu se dit qu’il allait craquer, qu’il allait se rouler en boule dans un coin pour attendre la fin, mais il vit quelque chose se rallumer dans son regard.

— Vous avez raison... il se redressa bien droit, gonflant la poitrine. Soldats ! Préparez vos arcs ! L’ennemi approche mais les nôtres ne sont pas encore à l’abri ! Ne ratez aucune flèche, de vos tirs dépendent la vie de nos frères en dehors des murs !

Sho’Ryu approuva mentalement, avant de faire signe à un soldat de dégager une échelle pour que lui puisse descendre du mur.

— Que faites-vois ? demanda inquiet le capitaine.

— Ces créatures sont trop rapides, même avec une volée de flèche vous ne les ralentirez pas suffisamment.

— Vous allez vous faire tuer !

— On verra bien, répondit Sho’Ryu avec un sourire. Préparez juste quelqu’un pour venir me récupérer.

— Comment ?

Il descendit rapidement l’échelle, et se fraya un chemin entre les villageois apeurés et hurlant, jusqu’à sortir de la foule compacte. Presque la moitié était rentrée, abandonnant tout dehors, piétinant les tentes des uns et des autres pour aller plus vite. Mais une trop grande partie était encore coincé du mauvais côté des murs.

Les monstres étaient à moins de trois cents mètres des réfugiés, lorsque Sho’Ryu se dressa en face d’eux. Il entendit des ordres derrière lui, et une première volée de flèche traversa l’air, avant de s’abattre sur la masse grouillante, faisant tomber nombre de monstres, qui furent piétinés et remplacés par ceux derrière. La vague n’avait pas du tout ralentit.

Sho’Ryu vida tout l’air de ses poumons, avant de poser la main sur le manche de ses katanas, sans les dégainer. Il se remémora son père, qu’il regardait au loin inculquer l’escrime familial, tandis que sa mère le coiffait dans leur beau jardin. Il se souvint de l’odeur de Maria, ainsi que son beau visage et de sa douceur. Il pensa à ses amis dans la ville derrière lui, il devait les protéger.

Il ferma les yeux, pour ne plus voir les créatures s’approcher de lui.

Il cessa d’écouter, pour ne plus entendre les grognements affamés des monstres, et les cris de terreur des humains derrière lui.

Il arrêta de penser, pour que ses émotions ne le perturbent pas.

Il ne fit plus qu’un avec ses armes, le prolongement de ses bras, il était lui-même devenu un outil de destruction.

Il venait d’atteindre le plus haut niveau de symbiose possible, sa peau était devenue tranchant comme ses épées.

— Premier mouvement, ailes du papillon, souffla Sho’Ryu.



Le capitaine hurla pour la troisième fois, et les flèches touchèrent une nouvelle fois leur cible. Loin de se féliciter, il leva encore le bras pour faire signe à ses hommes de préparer un nouveau trait, tandis que les monstres progressaient encore vers les civils en dessous.

— Tirez !

Ils firent encore mouche, mais les créatures avancèrent encore, elles étaient à moins de cent mètres, et il restait encore tellement de gens dehors. Le regard du soldat se posa sur l’étranger au milieu de la plaine, il ne bougeait plus depuis un moment.

Il va se faire tuer.

Les monstres se jetèrent sur lui, encore immobile, leurs griffes et leurs crocs prêts à déchirer sa peau.

L’homme dégaina ses deux armes en un éclair, les lames tranchèrent la créature en face de lui, et celle à côté, et celle derrière, et encore une plus loin.

Les lames blanche et noire semblèrent s’allonger, tranchant encore et encore, de plus en plus loin sur la plaine. Partout ou le soldat pouvait regarder, il voyait des monstres subir l’attaque, même à plus de trois cents mètres de distance. En moins d’une seconde plus d’un millier de cadavres tombèrent sur le sol. Les bêtes survivantes ne bougeaient plus, fixant leur agresseur avec patience.

Après un court instant, l’homme tomba en arrière, comme vidé de toute son énergie, et les créatures se mirent à grogner en cœur pour célébrer leur victoire. De nouveau la masse s’avança, piétinant leurs milliers de semblables couchés sur le sol. Quatre réfugiés soulevèrent le jeune guerrier, et se mirent à courir le plus vite possible jusqu’au porte de la ville. Un monstre plongea en avant, et sa griffe arracha les vêtements du dernier membre du cortège, avant qu’une nouvelle pluie de flèche ne ralentisse les monstres.

— Dépêchez-vous ! hurla le capitaine depuis la muraille.

Les portes étaient entrain de se fermer, tous les autres villageois étant en sécurité derrière les murs. Les quatre porteurs accélèrent le plus possible, haletant. Ils jetèrent leur fardeau en avant, et se faufilèrent dans le peu d’ouverture qu’il restait, des mains pleines de griffes jaillirent entre les portes, avant de se faire broyer par la fermeture.

Les villageois portèrent Sho’Ryu et rangèrent ses épées dans ses fourreaux. Le capitaine descendit de la muraille en beuglant des ordres à tous ses soldats, on pouvait entendre les créatures se jeter contre la porte en fer, pour l’instant sans succès. Entre les murs de la ville et les premières habitations, il y avait une longue bande de terre, pour permettre aux soldats de facilement s’organiser. L’endroit était aujourd’hui rempli de réfugiés terrifiés, qui se prenaient dans les bras pour se rassurer.

— Ne restez pas ici ! Dirigez-vous vers le port, et vite !

— Vous n’allez pas défendre la ville ? s’offusqua une vielle dame.

— Nous ne connaissons pas le nombre de ces monstres, répliqua le soldat. Pour l’instant nos murs recouverts d’huile les empêchent de grimper, mais la porte peut lâcher d’un moment à un autre. Si la ville tombe, il nous faut être prêt à fuir, il s’adressa de nouveau à l’assemblée en hurlant. Prévenez les habitants sur votre passage ! La ville doit-être évacué le plus rapidement possible !

Personne ne se fit prier, et quinze milles personnes se lancèrent dans les rues de la ville. Des soldats arrivèrent rapidement en sens inverse, avertit par des messagers, et prêt à défendre les murs de la ville. Le capitaine vit le nijimien au sol, tandis qu’une femme était penchée au-dessus de lui, un livre flottant à côté d’elle, il reconnut tout de suite Justine, la meilleure mage-médecin de la capitale.

— Comment va-t-il ? Vous devez l’aider, il vient de sauver tous ces gens !

— Mal, répondit la brune. Je ne connais pas ses reliques, mais il a utilisé tout son mana, et une partie de sa propre énergie vitale, ce genre de chose réduit grandement l’espérance de vie.

— Mais il va s’en sortir ? Non ? dit l’homme en se sentant responsable de la situation.

— Je ne sais pas, je suis en train de remplir de nouveau ses réserves de mana, en espérant que cela parvienne à le réveiller. Mais ça prend du temps.

On entendit un grand choc, suivit d’un craquement, et en levant les yeux le capitaine vit que la porte en acier protégeant la ville n’allait plus tenir très longtemps. Sur les murailles des archers continuait de tirer, tandis que d’autres jetaient de l’huile sur les créatures, qu’on allumait par la suite avec des traits enflammés. Malgré cela ils en arrivaient encore et encore. Et certaines commençaient même à réussir à grimper sur le mur, s’aidant des cadavres de leurs semblables pour se créer un accès.

— Nous devons nous déplacer, dit Justine en se levant. Allez chercher un brancard et des hommes.

— Je m’en occupe, répondit le capitaine.

Au même moment d’autres voix s’élevèrent depuis la muraille, hurlant de fuir avant que le mur ne tombe.



Eliott s’arrêta au milieu de la rue, forçant Eddie et Sokann à faire de même pour l’attendre.

— Qu’est-ce que tu fais ? lança le Chafe. On n’est pas encore arrivé dépêche-toi !

— Vous entendez ? répondit le garde royal. L’attaque à commencer, ils arrivent ! Je ne suis plus obligé de faire semblant !

— Tu racontes quoi là ? demanda Sokann s’approchant de lui.

— Attention !

Un trait lumineux traversa la rue, manquant Sokann de peu, et termina sa course dans la devanture d’un magasin en explosant. Eddie l’avait poussé à la dernière seconde, sans quoi l’attaque aurait arraché la tête de son ami. Les passants commencèrent à paniquer et s’éloignèrent rapidement.

— Tu peux nous expliquer avant de mourir ? menaça Eddie en attrapant Ignis.

— Les Daevas arrivent ! répondit Eliott avec un grand sourire, ravie de sa position de supériorité. Ils vont pouvoir sacrifier toute la ville, et ton ami avec !

— Mon ami ? Tu sais ou est Luke ?

— Depuis le début, ajouta le garde royal en se délectant de l’expression de son interlocuteur. Il a toujours été dans la prison royale, au sommet du château.

— C’est là qu’on va alors, lança Eddie à Sokann.

Cette fois la flèche dorée fut bloqua par la lame d’Eddie, et l’explosion le repoussa en arrière.

— Parce que tu penses que je vais te laisser faire ? demanda ironiquement Eliott. Tu vas mourir ici et maintenant Chafe !



Un soldat pénétra en courant dans la salle du trône, dans laquelle Vershter-Oz Herrscher discutait avec ses conseillers. C’était l’heure du repas alors de grandes tables étaient dressés, et de nombreux nobles discutaient en mangeant. Le soldat n’attendit pas que quiconque lui donne la parole, et se mit à crier son message.

— Les monstres sont là ! Les murs ne vont pas tarder à tomber !

— Comment ? répondit le roi en se levant.

Il regarda Dreiss qui se tenait à un peu éloigner à sa droite, mais ce dernier avait le regard fixé sur quelque chose. Vershter-Oz Herrscher tourna la tête, et vit le messager gisant sur le sol dans son propre sang. Un homme vêtu d’une cape noire, et d’une capuche masquant son visage avait pris sa place. Les nobles se mirent à hurler en cherchant à fuir. Le sang du roi ne fit qu’un tour.

— Pourquoi êtes-vous là ? demanda-t-il. Cela ne fait que deux semaines ?

— J’ai décidé de prendre un peu d’avance, répliqua la silhouette.

Il écarta les bras, et son ombre commença à se mouvoir, à s’agrandir, jusqu’à recouvrir quasiment le sol de toute la salle du trône. Les nobles hurlèrent de nouveaux en courant, mais des pieux sombres jaillirent du sol, les empalant tous, ne les tuant pas, mais les laissant agoniser dans une lamentation commune. Seul le roi fut épargné, et Dreiss qui avait évité le sort, s’interposa entre l’inconnu et son seigneur.

— Pourquoi ! hurla Vershter-Oz Herrscher. Nous avions convenu que vous n’attaqueriez pas la noblesse !

— Que dites-vous ? souffla Dreiss en tentant de comprendre ce qu’il se passait.

— J’ai changé d’avis, dit l’homme encapuchonné. Vous nous avez trahis de toute manière, alors notre accord ne tient plus. De plus, j’ai appris de source sûre que vous cachez l’un des nôtres dans votre prison royale, j’aimerais que vous m’y accompagniez mon seigneur, termina-t-il en mimant une courbette.

Comment sait-il cela ? pensa le roi, avant de passer en revue tous ceux qui connaissaient l’information. La réponse lui vint rapidement, c’était la même personne qui lui avait suggéré de s’allier au Daevas, Eliott, qu’il considérait pourtant comme son propre fils.

— Eliott est un de vos hommes c’est cela ? murmura Vershter-Oz Herrscher, le visage pitoyable.

— Cela n’a pas vraiment d’importance à présent, répondit l’homme en s’approchant.

— Reculez !

Dreiss s’interposa, et il vit sous la capuche un léger sourire, comme si la situation amusait. Fou de rage Dreiss balança son poing en avant, mais l’inconnu bloqua l’attaque avec une étonnante facilité.

— Tes hommes sont bien impulsifs, commenta t’il en repoussant Dreiss.

— Je vous ai dit de recu...

— Ferme là.

Deux épieux noirs sortirent à nouveaux du sol, et transpercèrent Dreiss au niveau du ventre, qui hurla sous la douleur. Cependant il continuait de jeter un regard plein de haine.

— Si seulement tu savais ce que ton roi à fait, tu ne me regarderais pas comme cela.

L'homme eut l'air de savourer l'incompréhension dans le regard de Dreiss.

— Ton bien aimée roi commençait à en avoir assez de son petit pays, et de sa chétive armée, commença le Daevas. Si seulement il existait un moyen de transformer tout ces paysans en de fiers combattants ! Ainsi Drocia pourrait devenir une nation puissante, que les autres regarderait avec respect !

— N'en dites pas plus ! supplia Vershter-Oz Herrscher.

— Pourquoi ? Vous voulez le faire vous mêmes ? C'est vrai qu'avouer que vous avez volontairement sacrifié vos sujets pour obtenir une puissante force armée, peu de dirigeant serait fier de cela.

— C'est... c'est vrai ? bafouilla Dreiss.

Le poids de la honte s'abattit encore davantage sur les épaules du vieux roi, qui baissa les yeux avec honte.

— Astria prévoyait de nous détruire, je n'avais pas le choix.

— Cela aussi vous y avez crû ? se moqua l'homme encapuchonnée. Nous avons aussi donné de fausses informations au roi d'Astria, ils vous ont déclarés la guerre pensant que vous prépariez quelque chose de votre côté. C'est fou comme les plus puissants sont aussi les plus simples à manipuler, tu ne trouves pas mon cher soldat ?

Un nouvel épieu transperça Dreiss, et le Daevas se délécta de son expression.

— Maintenant nous sommes plus tranquilles, déclara l’inconnu, reportant son attention vers le souverrain.

Dreiss dans un dernier soubresaut de vie, tourna la tête pour regarder son roi dans les yeux.

Je ne mérite pas ce genre de regard, pensa Vershter-Oz Herrscher. Tout cela arrive par ma faute.

— Mon roi, parvint à articuler Dreiss. Laissez-moi... vous protégez...

— C’est qu’il n’a pas envie de mourir lui, plaisanta l’homme encapuchonné.

— Dreiss, dit le roi sur un ton solennel. Deviens qui tu es vraiment.

Vershter-Oz Herrscher avait la main tendue en direction du son protecteur, quand une lumière rouge brilla sur sa paume. Dreiss se mit soudain à hurler, et son corps à trembler, sa peau commença à se craqueler peu à peu, tandis que son corps doubla puis tripla de volume. Deux protubérances poussèrent dans son dos, jusqu’à peu à peu prendre la forme d’imposantes ailes, ses ongles devinrent des griffes, et son visage s’allongea pour devenir semblable à une gueule de reptile. Les épieux se brisèrent, tandis qu’à la place de Dreiss se trouvait un dragon rouge comme le sang, qui poussa un rugissement que l’on entendit dans tout Helmstedt.

— Alors la légende du Roi-Dragon était vrai ? murmura l’inconnu sans pouvoir s’empêcher d’admirer la créature en face de lui.

La poitrine du dragon commença à briller de plus en plus, puis la lumière remonta le long de sa gorge, et Dreiss cracha un torrent de flammes qui engloutirent la silhouette.

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