Chapitre 4.7 : Songe
Mon premier souvenir, c’était l’odeur de la merde, celle du caniveau dans lequel ma mère m’a balancé entre deux clients. Quoi que, on garde des souvenirs à cet âge-là ? Ptet bien que j’invente en fait, après tout je me retrouve tellement souvent le nez dans la merde.
J’aurais mieux fait de crever dans ce caniveau, c’est plus simple de mourir quand on a pas conscience de qui on est.
Mais il a fallu qu’on me ramasse, que quelqu’un regarde cette ébauche d’humain entouré d’une serviette et qu’il ressente de la compassion. Enfin dans mon gars c’était plus de l’intérêt que de la compassion. J’ai passé les huit premières années de ma vie dans un relatif bonheur, l’orphelinat ou l’on m’a placé n’offrait aucun luxe. Un repas chaud le midi, quelques enseignement basique, histoire que l’on ne soit pas des abrutis finis, et un lit.
C’est mon meilleur souvenir le lit. C’est lorsqu’on dort par terre dans la rue que l’on réalise à quel point un lit c’est précieux.
A ma huitième année mon mystérieux bienfaiteur, celui qui m’a récupéré dans la fange, est venu me chercher. Cet homme généreux venait récupérer son investissement. Au début j’ai eu de l’espoir, il était bien habillé, il avait son propre chauffeur et il m’amenait dans un énorme manoir. J’ai vite déchanté.
Ils adorent crier sur tous les toits que l’esclavage est inhumain, et que l’empire d’Egen est le meilleur pays du monde pour l’avoir aboli avant tous les autres. Mais la réalité c’est que les esclaves sont toujours là, simplement les nobles les cachent aux yeux du monde. C’est pour cela que je dormais à la cave, à même le sol, et que je ne sortais que pour servir de mannequin d’entraînement aux enfants de la famille. Les Roswald étaient riches, beaucoup trop riches, et surtout beaucoup trop nombreux. Parfois je me prenais trois ou quatre raclées dans la même journée, et le lendemain des gosses que je n’avais jamais vu me cognaient.
Ah mais attention ! Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ! Je me faisais tabasser par des fils de nobles, j’étais donc tabassé avec noblesse. Les règles étaient simples, aucun os ne devait être cassé, et les blessures devaient pouvoir guérir en quelques jours. Quand l’un d’entre eux, souvent les plus grands, frappaient un peu trop fort, j’avais le droit à deux jours de repos, quel chanceux je suis. En plus de cela je devais m’occuper d’autres tâches dans le manoir, changer les pots de chambres, laver la vaisselle et tout un tas d’autres activités.
Jusqu’au jour ou l’un de ces mioches à cogné vraiment trop fort. Ma jambe n’a pas supporté et s’est brisé dans un craquement vraiment horrible, rien que d’y penser je frémis encore. J’ai eu le droit à un long repos, très très long même vu que l’on m’a fichu dehors. A Syfross être un esclave… pardon, un domestique, n’est déjà pas une position enviable, mais être un mendiant c’est encore pire. Ma jambe n’a pas bien guéri, elle est restée droite, et raide comme le fer. Résultat je suis devenu infirme, ce qui fait que personne dans cette foutue ville n’avait de travail pour moi.
C’est pour cela qu’aujourd’hui, à trente ans je crois, j’ai oublié de compter, je suis assis dans la rue. Ma jambe est tendue devant moi, et parfois les gens se prennent dedans avant de me donner une pièce pour s’excuser. Les jours de marché je peux me payer un bon repas, si on ne m’a pas volé et battu avant.
Je soulève le vieux chapeau posé devant moi, et il ne me faut pas longtemps pour compter la recette d’aujourd’hui. Quasiment personne n’est passé dans la rue aujourd’hui, ptet bien qu’ils ont mieux à faire qui sait ?
J’entends des bruits de pas ainsi que les roues d’un chariot plus loin. Un marchand ? Un noble ?
Mieux que ça, le seigneur de Syfross et sa dame.
Enfin ça je le devine à la véritable petite armée qui escorte le luxueux carrosse, après tout le seigneur je ne l’ai jamais vu. Ah si j’ai vu son gamin un fois ! Il m’a bien pété la gueule.
Les beaux chevaux de la famille Frarius passent devant moi, et les gardes me jettent un regard plein de pitié.
Ne vous inquiétez pas pour moi les gars ! J’ai l’habitude après tout !
Je vois une tête dépassée du carrosse, et un homme avec une barbe parfaitement entretenu et les cheveux lissés en arrière fronce les sourcils en m’apercevant.
J’ai la sensation que je n’aurai pas dû me trouver ici.
— Vous n’avez pas libéré la rue comme prévu ? aboie-t-il à l’attention d’un soldat.
— Pardon mon seigneur, mes hommes n’ont pas dû le voir.
Il est vrai que mon dos a presque fusionné avec le mur de la maison, mais je suis bien là pourtant.
— Balancez-le hors de ma vue, ma femme ne doit pas le…
J’entends la porte de l’autre côté du carrosse s’ouvrir, et une femme fais le tour pour se précipiter vers moi. Sa longue robe rouge trempe dans la boue, mais elle ne semble pas s’en inquiéter plus que cela. Elle se penche vers moi, et je me rends compte qu’elle est jeune, bien plus que moi ou que le seigneur Frarius.
Elle est surtout belle, incroyablement belle, aussi belle qu’une déesse puisse l’être je pense. Ses lèvres bougent mais je ne comprends pas ce qu’elle me dit, je suis encore sous le choc qu’une femme aussi splendide puisse m’adresser la parole.
— Allez-vous bien monsieur ? Vous n’avez rien à faire ici ! Tenez, prenez mon bras je vais vous aider à vous relever !
— Il suffit Félia ! lance son mari qui est lui aussi descendu du véhicule. Remonte dans le carrosse tout de suite !
— Et ce pauvre homme ? proteste la jeune femme. On ne peut quand même pas le laisser ici !
— Tu ne peux pas venir en aide à chaque mendiant de cette ville ma ché…
— Je peux venir en aide à ceux que je vois, et c’est même mon devoir en tant que noble.
Elle est resplendissante, bien plus que son idiot de mari. Elle rayonne de puissance et de douceur. Le seigneur des trous du cul agite la tête pour montrer son mécontentement, avant de prendre sa femme par les épaules.
— Très bien mon amour, tu as raison. Messieurs ? Emmenez cet homme dans un endroit ou il pourra passer la nuit, et offrez-lui un bon repas.
— Merci, réponds la femme en souriant, un sourire radieux comme mille soleils. Courage monsieur, vous allez vous en sortir je vous le promets.
J’ai envie de la croire, merde pendant un instant j’y crois vraiment ! Le seigneur la fait remonter dans le carrosse, avant de me jeter un regard noir et de chuchoter quelque chose à l’oreille d’un garde. Les chevaux repartent, et trois hommes me soulèvent sans ménagement.
J’ai la sensation que la suite ne va pas me plaire.
— Doucement ! Je peux marcher vous savez !
— Ferme-la !
J’ouvre la bouche pour protester mais un poing ganté me fait taire d’un coup dans la mâchoire. Je suis sonné pendant que les gardes me portent dans une ruelle. Ils marchent quelques minutes, avant de me jeter au sol. Je regarde partout autour de moi, ils m’ont amené dans une arrière cour avec un puit.
Je crois comprendre ce qui va m’arriver, j’ai déjà vu un autre mendiant mourir de la même manière.
— Attendez ! La dame a dit que…
Un autre coup, cette fois de pied et en plein dans le ventre, ces fils de pute n’y vont pas de main morte. J’ai le souffle coupé et je me recroqueville sur le sol. Je les entends rire à gorge déployé, peut-être que si j’ai l’air assez minable ils me laisseront vivre ?
— Tu vas crever noyer sale rat !
J’ai l’impression que survivre ne fais plus partie de mes options.
— Pi…pitié...
— Lève toi enfant de putain !
Il n’a pas tort, enfin je crois, je n’ai jamais connu ma pauvre mère après tout. L’un d’eux me saisit par les cheveux, avant de me faire basculer la tête dans le puit.
— Non !
— Ferme là !
Un autre coup, cette fois dans les côtes, et ils me font basculer dans les ténèbres absolues. Je fais une chute de plus de trois cents mètres jusqu’en enfer.
Je plaisante, je n’ai aucune idée de la profondeur d’un puit, tout ce que je sais c’est qu’une fois au fond on y meurt, d’abord de froid, puis de noyade.
J’atterris avec fracas dans l’eau, ma tête heurte le fond, ou un mur ? Et ma vue se brouille sous la douleur. Je bois la tasse, et je me débats du mieux que je peux, une de mes jambes étant un véritable poids mort, et je parviens tant bien que mal à sortir la tête pour respirer. Je ne sais pas nager, mais j’arrive à maintenir tant bien que mal la tête hors de l’eau. Je crache le liquide que j’avais avalé et je regarde autour de moi.
De longues paroi lisse, et tout en haut un petit trou. Même d’ici j’entends ces porcs rires, c’est eux qui devraient être au fond du puit, pas moi !
Un liquide plus chaud coule sur mon visage, je saigne de la tête. Un second liquide tout aussi chaud me tombe dessus, je n’ai pas besoin de lever la tête pour savoir de quoi il s’agit.
J’ai envie de mourir, de me laisser tomber jusqu’au fond et d’enfin disparaître, à quoi bon faire durer cette humiliation plus longtemps ? Jamais je n’arriverai à grimper jusqu’en haut après tout, et avec ma jambe inutile je ne pourrai pas nager éternellement. Déjà je sens le froid attaquer mes os, je suis sûr que bientôt ne serais même plus capable de bouger, autant hâter ma fin.
Pourtant je ne meurs pas, mon corps refuse de me laisser cette petite victoire.
Soit, voyons combien de temps je vais tenir dans ce trou, peut-être que quelqu’un me remontera après tout ?
Je laisse échapper un rire nerveux, tandis qu’encore un nouveau liquide coule sur mon visage, des larmes.
J’entends les rire s’éloigner tandis que je reste là, au fond de mon puit, au fond de ma tombe. Je ris de nouveau, mais cette fois de bon cœur, j’ai toujours été drôle. Ils ont refermé le trou avant de partir, me plongeant dans le noir complet.
Plusieurs heures passent, enfin je pense, je suis trop occupé à garder la tête hors de l’eau pour compter les secondes. Mais j’ai l’impression que la fin approche, mes bras faiblissent de plus en plus et ma jambe morte semble m’attirer vers le fond.
Mon bras droit heurte quelque chose, je ne suis pas tout seul dans le puit ? J’essaie de trouver l’objet qui est enfermé avec moi, et ma main tombe sur du métal froid. Je tâte, toujours dans le noir complet, et je devine que c’est une épée.
Était-elle déjà là tout à l’heure ? Et d’abord ça flotte une épée ?
J’ai une envie irrépressible de la saisir, c’est débile, à quoi va me servir une épée au fond d’une puit ?
Attrape-moi.
Pourquoi ? A part me trancher la gorge qu’est-ce que je peux faire ?
Tu veux te venger non ? Attrape-moi.
Quelle question idiote, bien sûr que j’ai envie de me venger là n’est pas le problème. Le problème c’est que je vais mourir dans de l’eau congelé au fond d’un trou. Si je le pouvais j’enfoncerais mon poing dans la gorge de ce connard de seigneur et ses connards de soldat, et tant que j’y suis j’en profiterai pour faire de même avec tous les connards de cette putain de ville.
Quoi que j’épargnerais dame Félia, et le boulanger aussi, il m’a donné gratuitement une miche de pain bien chaud l’autre jour.
Attrape l’épée et ferme les yeux, tu obtiendras tout ce que tu veux.
J’ai envie de dire à la putain de voix dans ma tête de bien aller se faire foutre, mais malgré moi je saisis le manche de l’épée et je ferme les yeux. Quel intérêt en fait ? Je suis déjà dans le noir complet c’est idiot.
Quand je les ouvre je ne suis plus dans le puit, je suis dehors et le soleil du début de matinée m’envoie ses doux rayons. Comment-est-ce possible ?
J’ai l’impression qu’une énergie nouvelle s’est emparé de moi, je me sens différent, plus fort, bien plus fort. Je tiens fermement l’épée dans ma main droite, j’ai beau l’observer, elle n’a rien de spéciale c’est une arme comme les autres.
Suis-je en train de rêver ?
J’entends du bruit derrière moi et je me retourne, me voilà nez-à-nez avec les trois soldats de la veille. A voir leur tête d’ahuris, ils sont tout aussi surpris de me voir en dehors du puit que moi.
— Comment tu es sorti ? lâche l’un d’entre eux.
Je ne réponds pas, une idée vient de germer dans ma tête et elle occupe toute la place disponible. Je bondis en avant, avec une agilité qui me surprend moi-même, et je balance mon épée dans les airs. La tête du premier soldat vole pour atterrir au pied de son collègue. Leur visage horrifié est plutôt comique.
J’enchaîne avant qu’ils ne puissent réagir, mon poing atterrit en plein visage tandis que mon arme s’enfonce jusqu’au manche dans la poitrine. Le dernier homme me fixe, et j’y lis tout un tas d’émotion.
De la colère, de la stupeur, de la peur bien sûr, et de la honte aussi, je crois bien qu’il vient de se faire dessus.
Je suis généreux, je mets fin à sa pitoyable vie en un instant. Ma lame ne frappe qu’une fois, mais avec suffisamment de force pour le trancher en deux au niveau du torse.
J’ai le goût du sang dans la bouche, j’en suis d’ailleurs recouvert, et l’odeur des cadavres frais emplit mes narines. Je suis au paradis.
Je réalise lentement ce que je viens de faire, je viens de tuer trois hommes avec une facilité déconcertante. Je me rends compte au même moment que ma jambe se plie de nouveau. Je ne sais pas ce que cette épée m’a fait, mais je ne me suis jamais sentit aussi bien, je ne me suis jamais sentit aussi vivant.
Si c’est un rêve, j’espère ne jamais me réveiller.
Ce n’est pas finis, ta vengeance n’est pas encore complète.
Ah oui c’est vrai, il y a encore une tête qui doit tomber. Un sourire sur le visage, je me mets en route vers la demeure des Frarius, elle est facile à trouver, c’est le plus grand manoir de Syfross. J’ignore les quelques cris de terreur qui accompagne mon passage.
J’approche du portail, qu’est-ce qu’il est agréable de pouvoir marcher sans boîter !
Plusieurs soldats dégainent leurs armes en me voyant approcher, je n’ai quand même pas l’air si menaçant que ça ! En regardant mes vêtements je me rappel que suis recouvert de sang, je n’ai pas l’air menaçant en fait, je suis carrément terrifiant.
— Recule et pose ton arme ! m’ordonne un des gardes.
J’hésite à tous les tuer, mais je suis trop généreux pour cela.
— Laissez-moi passer et je ne vous ferai pas de mal, je ne viens que pour le seigneur Frarius.
Je parle avec calme et douceur, j’aurai pu faire un formidable diplomate.
Une flèche fuse dans ma direction, enfin elle ne fuse pas vraiment, je la vois s’approcher lentement de mon visage. Je me décale d’un pas et le projectile me rate complètement.
Ils n’ont pas choisi la diplomatie, dommage.
Je fais pleuvoir la mort autour de moi. En l’espace d’un instant la vingtaine d’homme autour de moi git sur le sol. Une véritable mer de sang s’étend à mes pieds.
Je suis putain d’invincible.
Je passe le portail et je continue mon chemin dans l’immense propriété. C’est indécent à quel point leur demeure est gigantesque, tous les mendiants de la ville pourraient y loger et il resterait de la place pour ceux de la ville voisine. Aucun homme ne devrait posséder autant alors que les autres dorment dans la rue, aucun homme n’est autant supérieur aux autres.
A part moi à présent, tiens, et si je prenais la tête de la ville une fois Frarius mort ? Plus j’y pense et plus cette idée me plait.
D’autres déboule du manoir, et d’autres encore arrivent dans mon dos, le bruit à sûrement du les attirer. Cette fois-ci je ne tente pas la diplomatie, ça n’a pas fonctionné la première fois, aucune raison pour qu’ils soient plus raisonnables cette fois-ci.
Je tue encore et encore, un seul coup suffit même pour la plus résistante des armures. Cette épée, mon épée, m’offre un pouvoir incommensurable. Une lance se plante dans mon torse et y reste coincé après que j’ai décapité son porteur. Je la retire d’un geste, et la plaie se referme sous mes yeux.
Je ne suis pas juste invincible, je suis un putain de dieu en fait.
Je continue ma sanglante avancée jusqu’à l’intérieur du manoir, des domestiques me regardent passer avec effroi. Je leur fais signe qu’ils n’ont rien à craindre, je ne suis pas un monstre.
Au détour d’un couloir je vois des hommes fuir par une porte à l’arrière, je les rattrape en quelque pas et un sourire illumine mon visage. Ma cible est là, juste en face de moi, sa tête de connard à portée de ma lame. Il ouvre la bouche, sûrement pour me supplier de l’épargner, mais je le tue avant que le moindre son ne s’échappe de sa gorge. J’en profite pour me débarrasser de sa garde rapprochée, ils se débrouillaient un peu mieux que les autres, mais rien qui ne me fasse peur.
C’est bon, il est mort, son regard vide m’énerve encore alors j’explose son crâne d’un coup de pied. Ce connard a eu ce qu’il méritait.
Je me sens mieux, bien mieux. Qu’est-ce que je fais maintenant ? Je prends le contrôle de la ville ? Il reste quelques nobles à tuer dans ce cas, à commencer par les Roswald. Mais pourquoi s’arrêter à la ville d’ailleurs ? Je pourrais diriger le pays entier ! L’empire d’Egen sera bien mieux sous mon contrôle que sous celui de cet idiot de roi, qui laisse des hommes se faire jeter dans des puits !
Quelque chose plante dans mon dos, ce qui interrompt ma réflexion. Un des domestiques m’enfonce un couteau de cuisine dans le dos.
— C’est pour venger maître Fra…
Il n’a pas le temps de finir sa phrase. Comment-a-il osé m’attaquer ? Alors que je viens de le débarrasser de son tyran de maître ? Mes yeux se voilent sous la colère. Très bien, s’ils veulent tous mourir, ils mourront. Je retourne dans le manoir et je tue tous ceux que je croise, sans distinction. De nouveaux soldats arrivent, mais ils ne connaissent pas un sort différent.
— Piti…
Mort.
— Attaquez tous ensemble !
Morts.
— Pourquoi faites-vous ça monsie…
Morte. Attends, non !
Je tiens dame Félia dans mes bras, mon épée est plantée dans sa poitrine. Des larmes ont coulé sur ses joues. Sa beauté et sa douceur son figés dans la mort.
Qu’ai-je fait ? Pourquoi la seule personne m’ayant offerte de la gentillesse est-elle morte dans mes bras ?
J’ai l’impression que mon cœur va exploser.
Je regarde tout autour de moi et je n’y vois que la mort, je ne suis pas un dieu. Il ne m’a fallu que quelques heures de puissance pour devenir un monstre, une arme entre les mains pour être tout ce que je détestais.
Avant que les remords ne me dévorent, je retire délicatement l’épée de la poitrine de dame Félia, pour me l’enfoncer dans le torse.
Les images se brouillent, et je me sens tiré en arrière, loin de cette vision d’horreur. J’entends une voix qui semble provenir du fin fond de l’enfer.
Dommage, j’aurais pu faire de lui l’homme le plus puissant de tous les temps. La prochaine fois je choisirais mieux.
La voix disparaît, et je me réveille enfin de ce terrible cauchemar.
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