Chapitre pas encore numéroté : La mort de Katz Dieb - Partie 1
Katz Dieb tendit un sac rempli de pâtisseries à la dame qui attendait assise devant chez elle. Elle remercia l’Altius avec un grand sourire et s’empressa d’appeler ses enfants et ses voisins. La guerrière détestait l’existence des bas quartiers. De longs débats avec le roi et les autres chevaliers sacrés avait eu pour sujet les habitants pauvres d’Alencia et leur situation.
Mais Katz Dieb n’était ni bête, ni une enfant, le roi lui avait mainte fois répétés qu’il fallait qu’une partie de la population soit pauvre pour permettre au reste d’être heureux, mais la vérité était ailleurs. Personne ne pouvait risquer une révolte des nobles et de leurs armées, le roi ne serait soutenu par personne et même certains Altius n’hésiterait pas à le trahir.
Alors Katz faisait de son mieux pour aider, en faisant apporter le plus de nourritures et de vêtements possible, elle espérait rendre la vie de ces gens un peu meilleurs.
Beaucoup craignait de venir dans ces parties de la ville, Katz laissait son armure au château lorsqu’elle s’y rendait. Elle portait un simple pantalon en toile beige ainsi qu’une chemise blanche. Son maquillage était la seule marque de richesse qu’elle conservait ici, ainsi que ses lames jumelles bien sûr.
Elle n’avait pas peur, et les habitants de la basse ville le lui rendaient bien. A plusieurs reprises ses informateurs lui avaient donnés la position des trafiquants et des brigands, renseignements qui provenaient directement des familles aidées.
— Merci madame ! remercia un enfant bien trop maigre.
Elle lui caressa la tête en souriant. La vie ici était meilleure qu’à Haykanat, mais on ce n’était pas une raison pour ne pas faire mieux.
— Mes amis vont revenir vous voir avec de nouveaux vêtements, dit-elle en regardant le père du garçon. Ne soyez pas méfiant.
— Nous vous remercions pour tout, dit l’homme, gêné. Vous êtes bien la seule à autant vous soucier de nous.
— ;Et je le regrette sincèrement. Dites-moi, auriez-vous vu des hommes louches aujourd’hui ?
L’homme n’eut pas l’air surpris par la demande, mais trépigna sur place comme si quelque chose n’allait pas. Il se reprit un montra du doigt une rue plus à l’est. Elle les quitta et ils la saluèrent en souriant.
Étrange.
Katz avait entendu des gardes discuter entre eux de problèmes dans les basses villes. Plusieurs enfants auraient disparu tandis que des individus étranges se déplaçaient dans l’ombre.
Ce n’était pas à un Altius de régler ce genre de problème en temps normal, mais elle savait pertinemment que les problèmes de la basse ville n’était jamais réglé.
Elle avait réquisitionné une unité pour enquêter là-dessus
.
C’est sans doute le piège le plus évident dans lequel je suis tombé.
La ruelle sombre aurait difficilement pu être plus louche, mais elle se glissa à l’intérieur sans hésiter. Peu osait attaquer la plus puissante chevalière sacrée, et aucun n’en sortait vivant.
Elle est sacrément longue cette ruelle.
Beaucoup trop longue.
Elle sortit de ses pensées instantanément, affolant ses sens pour être prêt à réagir au moindre danger.
Ses dagues furent dégainées en moins d’une demi seconde, prête à frapper.
Aucune présence autour d’elle, pourtant un sort de ce gen…
Derrière !
En un quart de seconde elle vit volte pour attaquer celui qui avait pu se glisser derrière elle. Elle tomba nez à nez avec un vieil homme édenté qui lui souriait malgré la lame qui s’approchait de son cou.
Du coin de l’œil elle vit les ombres se tordre et se refermer autour d’elle, son mouvement accéléra encore.
Toujours tuer le mage avant qu’il ne lance son sort, c’était la règle numéro une.
Le voile se ferma autour d’elle et la scène changea autour d’elle. Son mouvement rata de peu la gorge du mage, un autre homme venait de le tirer en arrière par la capuche. Le second invididu portait un casque intégral qui laissait entrevoir ses yeux.
Trop lente bordel.
Il ne lui fallut qu’une seconde pour analyser la situation. L’Altius venait d’être transportée dans une pièce vide, seulement éclairée par quelques torches. Le mage édenté ainsi qu’un homme portant une masse d’arme se tenait devant elle. Il n’y avait pas qu’eux, un troisième restait en arrière, il portait un genre de tenue de moine et tenait un encensoir d’où s’échappait des vapeurs orange. Finalement elle sentit une quatrième présence derrière elle.
Elle était tombée dans un piège plus dangereux que prévu.
Tout en restant aux aguets, elle lança la conversation.
— Que me vaut le plaisir de cette invitation ? dit-elle comme si tout était normal.
— Ferme la catin, coupa l’homme casqué. Inutile de parler à un futur cadavre.
On lui avait souvent reproché de trop vouloir se battre, de ne pas prendre le temps de soutirer des informations à ses ennemis.
Cette fois, elle dira au roi qu’elle avait essayée.
— Bravo, dit-elle en souriant. Tu vas crever le premier.
Ignorant la présence derrière elle, Katz bondit en avant comme un félin. L’homme à la masse jeta le mage derrière lui, avant de la lever pour frapper. L’Altius esquiva avec souplesse d’un bond sur le côté et envoya sa main droite en avant, pile sur la fente en dessous du casque.
Son bras droit ne bougea pas, ce fut le gauche qui se déplaça en ratant complètement sa cible.
Un autre sort ? Le mage ou le moine ?
Katz essaya de bondir en arrière mais ses jambes s’y opposèrent et elle tomba sur le côté, totalement vulnérable.
— Pitoyable ! hurla le casqué.
La masse sombre s’abattit avec force sur la femme, qui roula sur le côté au dernier moment pour éviter avant de se relever d’un bond. Cette fois son corps avait correctement réagit.
La présence derrière elle se manifesta et elle se baissa pour éviter, ce qui devait être une dague lui trancha une mèche de cheveux. L’homme attaqua verticalement de nouveau au même moment.
Katz bondit en effectuant un salto avant qui la fit passer juste au-dessus de la masse, et envoya son pied dans la direction de l’homme de l’ombre qui se prit le coup en plein torse.
Cette fois elle pu l’observer, il devait sûrement s’agir d’un assassin étant donné la petite taille de sa dague. Il était très fin et son visage était recouvert de bouton, il ne devait pas avoir seize ans.
Il la regardait fixement, sans aucune émotion.
Katz n’aimait pas tuer des enfants, mais la situation ne lui permettait pas de faire autrement.
Ses adversaires attendaient à bonne distance, elle essaya de lever la main droite, mais ce fut la gauche qui bougea à la place.
— C’est toi qui fais ça ? lança-t-elle au moine au fond qui sursauta. Magie ou relique ?
— Je t’ai dit de la fermer, aboya l’homme au casque.
Il passa à l’attaque en levant son arme au-dessus de sa tête. Aucune défense, aucune technique, persuadé que l’Altius ne réussirait pas à se défendre.
Abruti.
Derrière elle l’adolescent se mit en mouvement aussi. Katz fit mine de ne pas réussir à bouger, avant de lever une de ses lames rouge sang à la vitesse de l’éclair. Elle repoussa la masse en arrière et l’homme poussa un grognement en échappant son arme. Rugris siffla et le casque, ainsi que la tête qu’il protégeait, s’envolèrent avant de tomber sur le sol au pied du mage.
— Putain ! cria-t-il. Utilise ta relique ou tu vas nous faire tuer !
— Je l’utilise ! répondit le moine en hurlant sous la panique.
Katz se contorsionna pour bloquer l’assaut de l’adolescent, les lames se rencontrèrent, avec fracas projetant des étincelles dans la pièce. L’assassin perdit légèrement l’équilibre et Katz le frappa dans la nuque avec le pommeau d’une de ses dagues, le propulsant contre le sol, inconscient.
Elle soupira en recoiffant une mèche qui était tombé devant ses yeux.
— Peut-on enfin parler maintenant ? Ou je dois vous trancher la gorge d’abord ? demanda Katz.
— Comment tu… tu peux bouger comme ça ? bégaya le moine.
— Ta relique inverse mes mouvements, quelque chose comme ça non ? répondit-elle en s’approchant du mage. C’est efficace quand on ne s’y attends pas, mais il suffit de faire bouger les muscles que l’on ne veut pas utiliser au final.
Elle avait dit cela comme si la tâche était simple, mais cela lui demandait un effort énorme. Le simple fait de marcher était un enfer.
— Maintenant vous allez me dire qui vous envoie bon sang ? s’impatienta la femme.
Le mage répondit en lui dévoilant son sourire trouée. Katz serra les dents et prépara Rugris.
Ta tête va voler fils de pute.
Du mouvement dans son dos, elle voulut se baisser, mais le moine avait dû dissiper l’effet de sa relique et elle resta sur place sans bouger. Elle parvint tout de même à se jeter sur la gauche au dernier moment mais du métal froid lui mordit la cuisse. Katz roula du mieux possible et se retrouva adossé contre un des murs de la pièce sombre.
Impossible.
L’adolescent lui faisait face, toujours en la fixant de son regard vide.
Le coup avait dû l’assommer pourtant, il ne pouvait pas déjà être debout. Un bruit de métal qui racle le sol parvint à ses oreilles, et elle vit stupéfaite l’autre homme se relever, avant de ramasser son casque et sa tête pour calmement la reposer sur son cou.
Katz Dieb comprit tout de suite, depuis le début elle se faisait mener en bateau. Il n’y avait jamais eu que deux ennemis en face, le mage était en fait un nécromancien.
— Je suis bon ventriloque n’est-ce pas ? se moqua-t-il en agitant son grimoire comme un forcené.
Katz allait répondre mais un terrible vertige s’empara d’elle et elle ne put s’empêcher de vomir.
— Son arme est empoisonnée en plus ? dit-elle en s’essuyant la bouche.
— Nous ne prenons aucun risque, que penses la femme la plus puissante de ce pays de notre petit groupe ?
Il éclata de rire et le moine le rejoignit, tout en se déplaçant pour être sur le mur opposé à celui de Katz.
Qui pourrait le blâmer après tout ? A quatre contre un face à une femme empoisonnée il valait mieux prendre le moins de risque possible.
— Maintenant que… que je vais mourir, murmura Katz. Tu peux me dire qui t’envoie ?
— Mais bien sûr ! dit le mage en riant. Gorlon nous as payés une véritable fortune pour ton assassinat, mais il voulait que lui donnions tes armes. Après les avoir vu en action je vais plutôt les garder pour moi.
— Tu penses que tes deux cadavres vont… elle retint un haut le cœur. Suffire pour me tuer ?
— Oh parce que tu en veux plus ?
Le nécromancien leva le bras et de son ombre jaillirent une série de mains, huit nouveaux hommes d’âge variable se hissèrent hors du sol. L’un d’entre eux était une enfant.
Quel fils de pute.
Sa vue se troublait et elle sentait à chaque seconde le poison se répandre dans ses veines, il y avait encore de la magie à œuvre derrière cela.
La situation était réellement déséspéré à présent.
C'était le genre de situation que Katz Dieb préférait, l'occasion de laisser ses instincts prendre le dessus.
Elle croisa ses lames rouge sang devant elle, et laissa son mana s'affoler.
— Que ton rugissement déchire le ciel ! Dévore mes ennemis, Rugris !
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