Chapitre 2 (2/2)
Caprice avait été, à proprement parlé, mon premier caprice datant de deux ans. Mes parents ne pensaient pas que j'étais capable de m'en occuper. Alors nous avions décidé que j'aurai une période d'essai qui c’était parfaitement déroulée, ils avaient quand même eu du mal à céder. Après ça, mon cheval ne pouvait plus se passer de moi. C'était un Henson venu de France, et ayant été maltraité, il n'approchait aucun humain. À partir du moment où j'avais croisé son regard, changer sa vie était devenu ma priorité. Il méritait de vivre une vie remplie d'amour et de balades. Aujourd’hui, après deux ans, Caprice se portait merveilleusement bien, j’envoyais assez souvent des photos, prise par Hary, à l'association qui l'avait recueilli de son ancien propriétaire, et, impressionnée par la facilité que j'avais eu d'aider Caprice, elle me demandait parfois d'intervenir pour raconter mon histoire pour de nouveaux propriétaires. Et c'était toujours un plaisir de la partager.
Sunshine, quant à elle, était une Haflinger de deux ans. Elle me ressemblait étrangement avec crinière blanche et son côté solitaire. Je l'avais adopté 8 mois auparavant. Elle avait été un vrai rayon de soleil en Autriche puisque je n'avais pas eu le droit d'emmener Caprice avec moi. Mon père me l'avait donc offert pour Noël pour me consoler de leurs absences, je n'aimais pas être autant gâtée mais ça ferait de la compagnie à Caprice. Comme Hary en était totalement fan, je le laissais la monter pendant les balades.
Quelques heures après avoir mangé les sandwichs de la maman d'Hary, jambon mayonnaise cornichons, il fallait songer à rentrer. Dans une heure, maman m’appellerait pour inviter Hary à manger, et il accepterait sans hésiter. Ils étaient tellement proches que parfois, je me demandais s'il était ami avec moi, pour pouvoir être amie avec ma mère. Il fallait donc seller les chevaux et ranger les affaires. Caprice préférait être monté a crue, mais pour 30 min de retour avec une partie au galop, j'aimais le confort d'une selle. Pour le seller, ce n'était jamais une partie de plaisir. Alors je l'amadouais avec un morceau de carotte. Quand il avait sa gourmandise, j'avais deux minutes trente chrono pour le faire.
Pendant que je réussissais mon exploit, Hary était parti prendre une photo de l'érable. C'était un moment dont tout le monde voudrait voir au moins une fois dans sa vie, l'arbre majestueux peuplé de dahlias devant un soleil bas, illuminant parfaitement chaque feuille. Cette envie d'y rester encore quelques instants, je pourrais vivre dans cette cabane si je savais que j'avais cette vue chaque matin.
Une heure plus tard, il était temps de repartir, et, toujours ponctuel, mon téléphone sonna.
– Coucou ma chérie, c'est maman, vous avez passé une bonne journée ? Hary va bien ?
– Oui maman, Hary va bien, on a trouvé un petit endroit, tu vas adorer ses photos, comme toujours, lui répondis-je.
– Oh super ! Dis-moi, Hary veut venir manger à la maison ? Je crois que j'ai un peu trop de fait de salade, et je sais qu'il adore ça, Karine est d'accord.
L'avais-je prédit ?
– Je lui demande tout de suite. Il sautait déjà partout, et avait bien sur déjà accepter. Il est d'accord ! Mais tu sais maman, tous les soirs tu fais trop de salade, il faut que tu règles ça. On arrive dans 45 min, on sera peut-être un peu en retard, désolée maman...
– Ne t’inquiète pas ma chérie, il faut que je fasse la salade... euh, que je la finisse, j'ai oublié les tomates. Faites attention à vous, à tout a l'heure. Je t'aime ma chérie !
– Ahah, moi aussi maman, promis.
Comme chaque soir, Hary était tellement heureux qu’il en avait effrayé sa jument. Sunshine était parti au galop en direction de la maison, elle connaissait le chemin par cœur. Et comme chaque fin de journée, elle s’arrêtait toujours près d’un vieil arbre ou j’avais l’habitude de les emmener brouter avant d’y emmener Hary. Il devait marcher un bon kilomètre avant de la rejoindre. Mais ce soir-là, ma jument ne s’y était pas arrêtée. J’avais décidé de ramener Hary chez moi le plus vite possible et prévenir ma mère. Une fois arrivé, Hary était allé dire à Katie que Sunshine avait disparu. Il se sentit alors coupable d’avoir autant apprécié être invité à dîner chez moi.
Caprice et moi avions rebroussé chemin pour la retrouver. Décidant instantanément du parcours à suivre, j’entendis ma mère me rappeler. Son visage était crispé, elle aussi semblait inquiète.
- Ma chérie, fais attention à toi, tu sais que je n’aime pas que tu te balades si tard, ton père rentre dans une heure, si tu n’es pas là, tu le connais, il va te porter disparue. Alors rentres avant et nous partirons à sa recherche demain si tu ne l’as pas retrouvé. Et prends ses gâteaux préférés, tu la connais, si Sunshine a peur, elle ne voudra pas de toi ni de Caprice.
- Merci mille fois maman, je rentre vite, c’est promis.
Au bout de trente minutes de recherches, Sunshine n’avait pas montré le bout de son nez. Je commençais vraiment à paniquer, ce n’était le style de ma jument de s’enfuir de la sorte. Où pouvait-elle être ? Etait-elle en danger ? Je me dirigeais alors sans le savoir vers l’érable de mon tableau.
- Mais qu’est-ce que...
- Tyliana ? Etes-vous Tyliana ? entendit-elle.
- Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ?
- Je ne vous veux aucun mal, mais cette ressemblance... c’est si frappant. Darina aurait reconnu le son de ma voix. Vous n’êtes pas elle. Il commençait à se parler à lui-même. Mais alors, comment est-ce possible ?
- Excusez-moi, mais je ne sais ni qui vous êtes et qui est votre amie... Darina. Et pourquoi avez-vous des ailes ? C’est un costume ? Une blague de la part de mon père ? C’est un bon blagueur vous savez, alors sortez-moi cette caméra cachée et partez. Maintenant si vous voulez bien m’excuser, j’ai perdu mon cheval, j’ai donc mieux à faire que rire aux blagues nulles de mon père. A moins que la disparition de Sunshine ait un rapport avec votre blague.
- Veuillez excuser mon impolitesse, mais je ne vous fais aucune blague mademoiselle. Laissez-moi me présenter. Je suis Gabrief, le sylphe personnel de notre regretté Roi Barozz et...
- Sylphe ? les élémentaires du vent ? comme dans les livres ? C’est donc vraiment une blague J’avoue que ça commence à être comique, dit-elle ironiquement.
- Mademoiselle, je suis on ne peut plus sérieux, cela va devenir vexant. Puis je peux vous aider, les chevaux ont la particularité de ressentir les phénomènes étranges sur votre planète. D’ailleurs, vous avez tendance à me couper la parole, j’espère que cela ne deviendra pas une habitude.
- Vous savez où est mon cheval ? vous êtes sur ? pouvez-vous m’y conduire ? s’enquit-elle.
- Oui je peux, c’est dans la forêt. Votre autre cheval y est parti aussi.
- Caprice ? Caprice ? Elle hurlait désormais. Caprice !! oh non, j’ai vraiment la poisse. Allons-y vite, mes parents vont m’engueuler en rentrant.
- A la seule condition que vous acceptiez de me revoir demain.
- QUOI ? Bien sûr, si je peux récupérer mes chevaux, répondit-elle en se disant qu’elle n’ira jamais.
- Demain, ici à la même heure. Maintenant suivez-moi.
Il disparut dans un courant d’air. Avais-je rêvé ? Qui le savait ? Puis j’entendis un murmure, comme si quelque chose l’appelait. Je suivis donc la voix qui la menait à l’orée de la forêt. Caprice était là, il paraissait perturbé par deux arbres côte à côte. C’était plutôt flou quand on regardait bien. Sunshine, elle, préférait se faire caresser par l’homme-sylphe et remarquait à peine ma présence.
- Les voilà, je vous avais dit que je vous aiderai, alors à vous de tenir votre promesse. A demain, mademoiselle.
Il avait encore disparu. Je me dis que si je n’y allais pas demain, personne ne saurait que je n’avais pas tenu une promesse. Même si l’idée de ne pas la tenir ne me réjouissais pas, revoir cet homme me terrifiais encore plus. Dans quel monde vivait-il ? Tout en reprenant le chemin de ma maison, je réfléchissais à une excuse pour ne pas me faire disputer. Papa était déjà surement rentré, mais Hary était là alors j’avais une petite chance de m’en sortir. Peut-être qu’il serait compréhensif parce que Sunshine avait disparu et il fallait que je la retrouve.
Il me restait dix minutes avant d’arriver chez moi, et la nuit commençait à tomber. Aucune excuse ne m’était venu. Je serais surement privée de sortie pour l’éternité, c’était sûr. Il fallait donc accélérer le rythme, et Caprice l’avait deviné sans même que je le lui demandais. Maintenant, je pouvais apercevoir ma maison. Elle se fondait dans le décor assez coloré. La demeure avait vécu, cela se voyait aux murs qui devait avoir au moins cent ans. J’avais aimé cette maison dès que je l’avais vu. Je voulais vivre ici, commencer à espérer se faire des amis, avoir des repères. Bientôt, j’arriverais chez elle, mon père serait là, et tout le monde l’attendrait avec ou sans Sunshine.
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