Trinh Xuan Thuan a un profil légèrement différent des autres vulgarisateurs physiciens, ce qui explique son étonnante ouverture d’esprit sur la question des « sosies ».

Il est légèrement plus âgé que les autres spécialistes, il travaille aux États-Unis, mais est de culture française (le livre est écrit en français), culture tant littéraire que philosophique.

Surtout il vient du Vietnam et est un bouddhiste revendiqué.

Toutes ces différences expliquent peut-être son ouverture d’esprit et le fait qu’intellectuellement je me sens bien plus proche de lui que des autres auteurs.

Dans ce jeu des sept différences, la religion tient une place importante.

Il va de soi que la religion n’explique pas tout et qu’il serait ridicule de réduire un homme à sa religion (lourde tendance actuelle).

En revanche, quand il s’agit de réfléchir sur son identité et ses valeurs, c’est une clé indispensable : par exemple, sans la clé du piétisme, la philosophie morale de Kant (qui est pour lui le point d’orgue de sa pensée) devient illisible.

Tous les commentateurs de Kant insistent sur l’importance de la religion piétiste dans son œuvre, y compris ceux qui assument leur athéisme.

J’ai remarqué que les Bouddhistes étaient plutôt favorables à la thèse des moi infinis.

Elle est sans doute moins gênante que pour un Chrétien, qui sent très bien qu’elle est, à première vue du moins, incompatible avec la figure de l’Unique Christ sauveur.

Cette acceptation tient sans doute à d’autres éléments du Bouddhisme, mais je ne connais pas suffisamment cette religion pour les analyser.

Toutefois, l’argumentation de Trinh Xuan Thuan n’est pas du tout religieuse.

Elle est purement rationnelle : notre Univers observable a un diamètre de 93 milliards d’années-lumière et nous y trouvons 10 puissance 80 particules élémentaires.

Ces chiffres sont inimaginables, mais comparés à un Univers infini, ils ne sont qu’infinitésimales poussières.

La conclusion logique s’impose : notre Univers observable doit se répéter à l’infini et nos « sosies » sont infinis.

Trinh Xuan Thuan accepte totalement et assume cette démonstration logique et nous pouvons partir sur la base d’un "Accord Réciproque" !