La jeune fille arriva dans la forêt. On pouvait y voir en rentrant un amas gigantesque de pierres, sur lesquelles étaient gravés des symboles étranges, mais qui lui semblaient familiers. Elle ne se souvenait plus où, mais ils ne lui étaient pas inconnus. Du bout des doigts, elle les effleura, un par un. Sous son passage sur ces symboles, ces dernières s’allumaient d’un bleu turquoise comme ses yeux. S’agissait-il d’un code secret antique qu’il y avait là, dans cette forêt dite hantée par tous.

«Quelle ridicule rumeur... Depuis que j’y viens, je n’ai jamais vu de choses anormales. Elle est tellement calme et vivante à la fois, un sentiment de magie y règne aussi. Les animaux sont tous adorables, ils se laissaient même approcher.» Marmonna-elle...

Elle arrive enfin à sa cachette favorite. Un trou au sein d’un immense arbre, vieux d’au moins un siècle. Entourée par ces fleurs si apaisantes et lumineuses, des champignons, des roses, des fleurs exotiques dont elle ignore tout. Même les livres de la bibliothèque, que Baltazar lui ramenait, ne semblaient pas les connaître... Leur douce odeur, ajoutée au champs d'oiseaux, au bruit du vent dans les feuilles, de la rivière non loin de là.

Elle posa le bois qu’elle avait amassé sur la route, s’installa en tailleur dans sa cachette, sorti un couteau et commença à tailler le bois. Les formes venaient progressivement. Elle meublait sa tanière, petit à petit, rêvant d’y habiter un jour.

Elle pensa à la légende au sujet de cette forêt. Non, pas celle des villageois, mais celle que son grand-père lui racontait tous les soirs. L’immense porte, avec les symboles, est la seule trace qu’il en reste... Elle tira de sa sacoche un carnet où elle notait tout pour relire une énième fois, cette histoire fantastique.

«On raconte que la forêt était habitée jadis. Par des êtres exceptionnels, magiques, capable de se transformer en leur animal totem : loup, papillon, aigle, cerf, etc. Un magnifique temple est la seule chose qu’il semble rester de cette époque... Ils avaient tous des habitats époustouflants. Dans les arbres, les montagnes, les souterrains et il y avait même des fées ! Elles logeaient près de la chute d’eau. Un jour, les hommes furent jaloux de la pérennité et de la tranquillité qui régnait chez ces êtres cohabitant. Maintes fois, ils avaient expliqué leur secret aux hommes, mais ces derniers n’ont jamais rien compris malheureusement... Alors, les humains finirent par leur faire la guerre. Cela a duré ainsi de longues années. Juqu'au jour où leur Reine s'est sacrifiée pour sauver une enfant humaine. Leur roi en fût anéanti par cette mort si soudaine de sa tendre bien-aimée. C’est ainsi qu’ils ont disparu le lendemain matin.»

C’était lui, son grand-père, qui avait persuadé et prié les hommes maintes et maintes fois de ne pas leur faire la guerre. C’est lui, qui avait négocié auprès de ses compagnons le cesser le feu et il se faisait une joie d’aller leur annoncer la bonne nouvelle. Il devait avoir l’âge de 207 ans. Toute sa vie, il suivi le mode de vie des êtres extraordinaires. Lorsqu’elle était bien plus grande et juste avant de mourir, il lui narra une dernière fois l'histoire. Mais cette fois, il ajouta que la petite fille de deux ans sauvée par la reine, cétait elle. Il avait voulu les remercier d’avoir sauvé sa petite protégée. Il lui dit une chose qu’elle ne comprend toujours pas.. «Tu es l’élue». Qu’est-ce que ça pouvait bien dire ? Puis si c’était vrai, pourquoi ne se souvenait-elle de rien ? Elle a beau essayé de se remémorer, relire encore et encore le récit, rien... C’était tout de même une jolie histoire qu’il avait inventée pour elle. Elle se souvenait de sa grand-mère qui ronchonnait toujours face au non renouvellement d’histoire de son grand-père. Cette réaction l’avait toujours fait sourire, car le secret c’était qu’elle la réclamait tous les soirs avant de dormir.

Elle se laissait rêvasser des heures durant, imaginant ces êtres si spéciaux, parfaits, mystérieux, magiques, les maisons de ces derniers aussi... Elle se demandait même si cette histoire était vraie. Face à l’ancien temple, tous ses doutes s’évanouissaient. Un jour, avec son meilleur ami Baltazar, ils avaient testé de toucher les symboles, lui avait obtenu une autre couleur, un vert. Leurs deux mains sur les hiéroglyphes donnèrent un blanc éclatant, tellement éclatant qu’ils ont fini par retirer leurs mains.