7-La guerre du poumon gris
Je vous présente mon rêve le plus marquant et le plus horrible de noté dans mon carnet. Pour que vous en compreniez la cause, il faut savoir que j'étais en 5e, et que la veille j'avais vu en SVT une photo de poumons de fumeurs qui m'avait choquée.
La guerre ravageait le pays, et j'étais gravement blessée. Les médicaments se faisaient rare, aussi les médecins ont fait le choix d'utiliser le dernier remède restant pour me sauver. Une fois rétablie, j'ai contemplé par la fenêtre le ciel grisonnant puis l'immeuble en face du mien qui appartenait à l'hôpital. Je me suis intéressée en particulier une des chambres dont je voyais par la fenêtre qu'elle abritait un blessé.
Le point de vue a basculé, et en tant que spectatrice, je voyais ce patient présent dans la chambre . Étendu sur un lit d'hôpital, il était affreusement mutilé: un poumon gris sombre, sec et gigantesque sortait de son torse. Des tuyaux rougeâtres le maintenait encore en vie. Les médecins qui m'avaient donné le remède discutaient à mi-voix près de lui. Finalement, ils se tournèrent vers le patient pour lui annoncer la vérité:
– Vous êtes très blessé, nous ne pouvons rien faire. Nous sommes désolé mais... nous avons utilisé le médicament pour quelqu'un d'autre. Vous allez mourir.
A cette terrible annonce, le soldat poussa un cri de désespoir et se débattant contre les médecins qui l'empêchaient de se débrancher. Il parvint à s'emparer d'une paire de ciseaux logée dans une des poches d'un médecin. Muni des celle-ci, il coupa violemment les tuyaux, puis s'acharna à arracher son poumon à mains nues, en poussant d'horribles hurlements rauques et plein de désespoir. Il mourut ainsi, en s'écroulant sur un sol carrelé baigné de sang.
Les médecins, quant à eux, se contentèrent de soupirer.
– C'est le premier qui réagit ainsi... nota l'un d'eux.
Une petite foule commença à arriver dans la pièce, car les cris du mort n'étaient pas passés inaperçus. Et soudainement je me retrouvais dans l'immeuble d'en face, en tant que patiente guérie. Pourtant, j'avais quand même tout vu, et au lieu de suivre les curieux, j'empruntais un petit escalier afin de m'éloigner au maximum de cet homme, mort par ma faute.
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