Chapitre V
Les parents, Victoire et Jaréa étaient attablés dans la cuisine et déjeunaient. Les deux filles avaient travaillé dur pendant toute la journée pour que le domaine soit bien propre. Contrairement à ce qu'elle pensait, Victoire ne s'était évanouie une deuxième fois.
Pierre rompit le silence en s’adressant à Jaréa :
- Cette première journée n’a pas été très difficile pour vous ?
- Légèrement. Votre domaine est vaste et les animaux nombreux, lui répondit-elle, exténuée.
- Père, demanda Victoire. Puis-je quitter la table, s’il vous plait ?
Il fronꞔa ses sourcils et allait répondre quand Nathalie lui chuchota quelques mots à l’oreille. Il hocha alors la tête :
- Si tu le désires.
- Merci.
La fillette monta l’escalier menant à sa chambre. Victoire se changea et s’assit sur son lit. Elle attendit un moment, savourant le silence. La jeune fille fit le tri sur ce qu’elle venait d’apprendre : elle savait parler aux animaux, savait (peut-être) se transformer en n’importe quel animal, elle et Jaréa, qui était sa soeur, étaient les élues d’une prophétie dont elles ignoraient tout pour le moment, ses parents les avaient soit laissés sous la surveillance de différents animaux pour les protéger, soit ils les avaient abandonnés.
Plongée dans ses pensées, Victoire ne vit pas Jaréa ouvrir la porte de sa chambre et s’asseoir sur le bout de son lit.
- Victoire ?
L’intéréssée sursauta.
- Qu’est-ce que tu fais là ? lui demanda-t-elle.
- Eh bien, je voulais te dire que j’ai croisé Pitoucha. Elle ma dit qu’Uranus était absent et ne pourrait pas venir répondre à nos questions, lui apprit Jaréa. Je cite : C’est pas étonnant de sa part.
Victoire sourit.
- Cette remarque lui ressemble bien.
Les deux soeurs se regardèrent, embarrassées. Elles venaient tout juste de se rencontrer que déjà elles apprennaient qu’elles étaient soeurs. Victoire se râcla la gorge.
- Pour... enfin... pour que tu commences à me connaitre, je vais te raconter tout ce dont je me souviens. Nathalie et Pierre sont ce que la plupart des ges appellent des parents. Je ne les ai jamais considérés comme tels. J’ai toujours su que je ne venais pas d’ici... (Elle se tut un instant.) C’est difficile à expliquer...
- Ne t’en fais pas, la rassura Jaréa. Je te comprends. J’ai vécu dans une auberge. J’ai déjà questionné les adultes qui s’occupaient de moi mais ils ne m’ont rien révélé d’intéressant. Ils m’auraient trouvé sur le pas de la pote de l’auberge avec une lettre qui leur disait qu’ils devaient s’occuper de moi sinon ils leurs arriveraient que des ennuis. Je commences à faire le lien avec certaines choses que tout le monde considérait comme des anomalies.
Victoire l’écoutait, attentive.
- Je me suis par exemple toujours senti plus à l’aise en compagnie des animaux que des humains la pluaprt du temps. Parfois j’arrivais à interprêté le message d’animaux. Je n’ai jamais compris les animaux comme aujourd’hui mais parfois je le savais c’est tout. Tu vois ce que je veux dire ?
- Je pense que oui. J’ignore si Nathalie et Pierre m’ont trouvé eux aussi sur le pas de la porte ou plutôt du portail. Mais tu sais, ça ne m’a pas étonné quand Uranus a dit qu’ils n’étaient pas mes parents. C'est comme si je me souvenais ou que mon inconscient avait gardé un souvenir de mes vrais parents. Et quand Pitoucha a demandé à Uranus s'il était au courant de notre lien de parenté, je... j'ai été surprise mais au fond je le savais. Comment? Je ne sais pas.
Les deux sœurs se regardèrent. Finalement, Victoire se décida :
- La nuit dernière, j’ai fait un rêve mais j’ai plus l’impression que c’était un souvenir.
La jeune fille le lui raconta. Jaréa fronça les sourcils.
- C’est étrange, commenta-t-elle. Je me souviens moi aussi d’une sensation d’eau glacée.
Jaréa se prit la tête entre les mains.
- Dès que j’essaye de me souvenir c’est le vide en moi. C’est épuisant.
Résignée, l’adolescente se leva.
- Bonne nuit Victoire. Ca te va si je te nomme sœurette ?
L’intéréssée éclata de rire :
- Ca me va.
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