Chapitre IX

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- C'est encore loin? demanda Jaréa, essoufflée.

- Ce serait moins loin si tu ne marchais pas aussi lentement, répliqua Mystère.

Elle poussa un énorme soupir à fendre l'âme en réponse.

- Pense à autre chose, proposa Pitoucha.

- Plus facile à dire qu'à faire!

- Réfléchis!

- Je vais donc réfléchir pour passer le temps. À quoi, je ne sais pas mais bon.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire!

- Alors que proposes-tu à la place?

- Ben...

Jaréa et la chienne se chamaillèrent ainsi jusqu'à ce que l'étalon les rabroue.

- Si on veut arriver au portail avant la nuit, il ne faut pas gaspiller son souffle en se disputant. Alors cesser de parler!

Elles obéirent sans discuter et se concentrèrent sur leur route. Quelques heures plus tard, alors que le soleil commencait à se coucher, Mystère leur dit:

- Le portail se trouve à proximité. Il faudra faire attention, il se peut qu'il soit surveiller. Maintenant, plus de bruit!

« Comme si on en avait fait... Au début peut-être mais après... »

Ils poursuivirent leur chemin. Dix minutes s'écoulèrent avant que Victoire ne se fige, hébétée. Jaréa la regarda puis son regard se porta sur la suite de leur chemin. Elle eu la même réaction.

Devant elles se trouvaient le portail. Formé d'une arche en pierre blanche qui semblait dater de plusieurs siècles, c'était une oeuvre impressionnante et imposante. Elle était haute de plusieurs mètres et plusieurs plantes colorées décoraient les piliers qui formait cette arche, créant une atmosphère étrange mais pas déplaisante. À l'intérieur de celle-ci, il n'y avait rien. Ou plutôt il n'y avait rien à voir. On pouvait regarder la forêt à travers, tout simplement.

- Pourquoi vous avez la bouche ouverte? les interrompit Pitoucha.

Victoire secoua sa tête comme si elle émergeait d'un rêve profond.

- Comment est-ce possible? demanda-t-elle.

- De quoi?

- Que les humains ne puissent pas le voir et ne pas passer dans l'autre monde.

- Je l'ignore. Je ne sais même pas si les humains voient le portail ou pas. Et je ne suis jamais allée dans l'autre monde, répondit Pitoucha.

-Comment le traverse-t-on? voulut savoir Jaréa.

- On passe entre les piliers, tout simplement, lui rétorqua Mystère. Je passe en premier.

L'étalon s'avanca et franchit le portail où il disparut instantanément. Les deux soeurs firent de même, suivis de Pitoucha.

Victoire inspira tout à coup l'air humide. Le portail les avait mené dans une jungle assez touffue. Des arbres très larges et aux grandes branches montaient au ciel. Les différentes couleurs de vert lui rappelait les yeux de sa soeur ainée. Elle allait demander où ils devaient aller, quand un craquement sur le côté retentit. Mystère se jeta sur elle.

- Attention! cria Pitoucha.

Quatres sortes de serpents étaient sortis à découvert. Le plus petit d'entre eux était plus long et plus grand que n'importe quel serpent qu'elle avait vu jusque là. Ils possédaient un bec de rapace gris immense qui faisait ressortir leur yeux. D'un rouge carmin sombre, on y lisait leur dureté et leur méchanceté.

- Que... Qu'est...? bégaya Jaréa.

- Il n'y a qu'une chose à faire. S'enfuir, répondit Mystère.

Et avant que quiconque n'ait pu réagir, il bondit sur leurs ennemies.

« Il vient de se contredire... »

- Suivez-moi! leur ordonna Pitoucha en s'élancant vers la jungle.

L'ainée réagit et suivit la chienne. Victoire eut un temps d'hésitation. Un "serpent" en profita et lui donna un coup de queue. Une douleur aigue se propagea de sa jambe au reste du corps. Elle hurla et s'écroula. Mystère se précipita vers elle:

- Victoire! Cours!!!

La cadette tressaillit et se remit sur ses jambes. Elle étouffa un gémissement de douleur. Elle se forca tout de même à avancer d'un pas. Elle s'affaissa alors, incapable de marcher, encore moins de courir.

Jaréa la prit dans ses bras et s'enfuit derrière Pitoucha. Mystère se débarassa d'un de ses adversaires en se cabrant et s'élanca, lui aussi. Trois "serpents" sur les quatres étaient à terre. Ils n'étaient pas morts, mais mal en point. Aucun ne chercha à les poursuivre. Ils les laissèrent s’enfuir.

Ils coururent pendant dix minutes pour mettre le plus de distance entre eux et ces "serpents" jusqu'à ce que Jaréa s'écroule de fatigue.

- Je ne peux pas aller plus loin.

Mystère sembla bien embêté. Il regarda la jungle autour de lui puis dit:

- Ces grandes feuilles peuvent nous servir de camouflage. Peux-tu faire encore une dizaine de pas?

L'ainée regarda sa soeur. Elle s'était évanouie pendant que sa soeur la portait. Les muscles tendus et le front en sueur, elle faisait peine à voir. Jaréa poussa un soupir. Elle resouleva Victoire puis puisa dans des réserves dont elle ignorait jusqu'alors l'existence. Elle ne sut pas comment elle réussit à porter sa soeur jusqu'à leur abri. L'ainée allongea sa cadette sur de la mousse avant de s'asseoir à côté de celle-ci. Elle l'examina malgré sa fatigue. Jaréa découvrit un plaie béante dans le mollet gauche de Victoire. La blessure saignait abondament et les bords étaient noir.

- Qu'est-ce qui s'est passé? demanda-t-elle. Je courais derrière Pitoucha quand je l'ai entendu hurler.

Mystère soupira.

- Un "serpent" l'a attaqué. Il avait un aiguillon.

- Que peut-on faire? s'enquit l'ainée.

- Je ne sais pas... déclara l'étalon en détournant les yeux.

Jaréa voulut protester, faire quelque chose. Uranus aurait sûrement trouver un moyen de soigner cette maudite plaie. Des larmes coulèrent sur ses joues qu'elle essuya d'un geste rageur. Elle s'étendit ensuite contre Victoire pour la réchauffer le plus possible durant cette horrible nuit.

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