Chapitre XIV

4 minutes de lecture

Lorsqu’elle les rouvrit, elle remarqua deux choses : le soleil se couchait, les deux licornes n’étaient plus là.

Victoire se releva avec méfiance. Elle constata avec surprise qu’elle ne ressentait plus de douleurs. Elle fronça les sourcils en se demandant si elle n’avait pas rêvé ou si elle rêvait en ce moment même. Elle se pinça. Non ; elle ne rêvait pas.

Sa jambe ne présentait plus de plaie. Alors qu’elle lµexaminait pour être sûre qu’elle était guérie, Victoire vit un jeune homme s’approcher.

« Horace nous a dit que les humains sont introuvables sur Événia... »

- Qui es-tu ? lui demanda-t-il avant de s’interrompre à cause d’une quinte de toux.

La jeune élue ne répondit pas et l’observa. Ce n’était pas un homme mais un adolescent de quelques années de plus qu’elle.

- Je ne t’ai jamais vu au village, reprit-il.

- Quel village ?

Victoire plaqua ses mains sur sa bouche. La question lui avait échappé. L’adolescent la regarda, étonné :

- Enfin... d’où sors-tu ? Tout le monde sait que les humains, sauf sa Majesté bien évidemment, habitent à Carnia.

Il y eut un long moment de silence que l’adolescent finit par rompre.

- Écoute, j’ignore qui tu es mais j’espère que je peux te faire confiance. Tu n'es pas du village et j'ignore ce qui t'arrivera si quelqu'un te trouve et te ramène à Carnia. Caches-toi dès que quelqu’un s’approche et si tu te fais attraper, tu ne m’as jamais rencontré. Je vais essayer de revenir demain matin mais ce ne va pas être simple. Ca ne te déranges pas de rester dans la forêt pour la nuit? Enfin..., continua-t-il en jetant un regard aux vêtements qu’elle portait.

Victoire baissa les yeux et rougit. Sa jupe était déchirée par endroit tout comme sa chemise.

- Non, ca ira.

Victoire hésita.

- Comment t’appelles-tu ? lui demanda-t-elle, finalement.

Le garcon eut l’air surpris.

- C’est bien la première fois qu’une personne extérieure à ma famille me demande ça.

- C’est pourtant normal de poser cette question, répondit-elle du tac au tac.

- Je m’appelle Arwyn. Et toi ?

- Victoire.

- Drôle de nom.

La jeune élue haussa les épaules.

- Bon, je dois revenir à la maison avant le couvre feu. À demain.

Il lui tourna le dos et disparut dans la forêt alentour. Victoire décida de le suivre et se transforma en hibou. La méthamorphose fut encore plus rapide que la première fois. Elle suivit la trace d’Arwyn. L’adolescent marcha pendant quelques minutes. Victoire se serait perdue à sa place mais il semblait sûr de lui.

Elle percut du bruit juste avant d’arriver à destination. Elle s’éleva dans les airs pour avoir une vue d’ensemble. Le village était au bord de la mer et possédait une cinquantaine de maisons. Des bateaux étaient arrimés au port et Victoire supposa qu’il pêchait avant de se souvenir qu’elle se trouvait dans un monde avec plus d’animaux que d’humains et qu’il devait être interdit de manger des animaux pour les humains.

Elle perdit un peu d’altitude pour observer la composition des maisons. Elle fut surprise de constater la pauvreté de la population. Tous les murs étaient en bois ou en terre cuite, voir un mélange des deux.

« Sûrement en fonction des richesses... les plus pauvres ont des murs en terre avec un toit de chaume et les plus riches en bois... »

Une structure attira l’attention de Victoire. Elle découvrit une sorte de grande tour en pierre avec un toit en tuile.

« La maison du chef ? »

La tour était impressionante. Haute de minimum quinze mètres, elle surplombait le village de toute part.

Victoire aurait aimée continuer d’explorer le village mais un son venait de la déconcentrer. Elle obliqua dans la direction. Elle découvrit Arwyn en train de se faire réprimander par un adulte vêtu d’un plastron et d’un casque en fer.

« Un soldat ? »

Elle se posa silencieusement :

- Tu n’es pas encore rentré et la seule excuse que tu as, c’est que tu avais besoin d’être seul ? Je rêve.

Le soldat gifla l’adolescent. Arwyn tomba à la renverse.

- Je reviendrai demain et on en reparlera, termina le soldat.

Sur ce, il partit. Victoire regarda Arwyn. Elle aurait aimé venir lui parler mais elle était un hibou, donc un animal. Dans le village seulement constitué d’humains, ca n’allait pas.

Arwyn se releva et regarda autour de lui. Puis fit demi-tour et gagna la forêt. Surprise, la jeune élue le suivit.

« Il revient vers le lieu de notre rencontre... Pourquoi ? »

Il s’arrêta près du cour d’eau et l’appela. Elle soupira intérieurement puis se posa derrière lui. Elle se transforma.

- Oui ?

Arwyn se retourna avec une vivacité surprenante.

- Que... Comment..., commenca-t-il. Je ne t’ai pas entendu arriver...

Victoire rougit et demanda :

- Tu voulais revenir demain ? Je me trompe pas, non. ?

Arwyn perdit contenance.

- Oui, mais..., commença-t-il.

La jeune élue réfléchit.

« Dois-je lui dire que j’ai tout vu et que je suis désolée ? ... Si je lui raconte ca, il va forcément me poser des questions... Mais en retour, il pourra me répondre aux questions que je me pose... C’est gagnant-gagnant. »

Elle planta son regard dans celui de l’adolescent et déclara :

- Si je te dis tout, tu gardes tout pour toi.

- Promis.

Annotations

Vous aimez lire Vieuxtemps ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0