Chapitre XII

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Le quatuor s'approcha de la grille du bâtiment. Une forte odeur de sang flottait dans l'air. Victoire dut se boucher le nez pour ne pas vomir. Ils grimpèrent par-dessus le grillage et se retrouvèrent dans une enceinte. Ce qu'ils virent les figea d'horreur et de dégoût.

Des cages étaient entassées par terre le long du mur du bâtiment. Les barreaux des cages étaient pour la plupart rouillés et tellement minuscules que les chiens pouvaient à peine faire un pas et tourner la tête. Ils étaient maigres, on voyait aisément leurs os/ils n'avaient que la peau sur les os. Certaines cages avaient une minuscule gamelle avec de l'eau qui stagnait à l'intérieur.

Victoire sentit le désespoir des chiens. Elle inspira profondément mais l'odeur ne l'aidait pas.

- Angélique, Kevin. Essayer de sortir les animaux de ces...

Elle ne put finir sa phrase. Ses deux amis hohèrent la tête.

- Et nous, qu'est-ce qu'on fait? demanda Sébastien.

- On regarde l'intérieur. Sauf si tu ne veux pas m'accompagner.

- La question ne se pose même pas.

Les deux adolescents enjambèrent les cages. La jeune fille remarqua alors des chiots, tous tassés dans une seule cage. Ils étaient des dizaines. Elle sentit une colère noire s'emparer d'elle.

- Sébastien. Prends d'abord des photos.

- Euh... si mon père les voit...

- On inventera une histoire, le coupa-t-elle.

L'adolescent s'éxécuta puis ils entrèrent dans le bâtiment. L'odeur du sang y était encore plus présente. L'intérieur était une immense pièce avec une porte de secours dans le fond où était délimité des minis enclos et encore des cages. Là, il n'y avait pas que des chiens. Des chats, des lapins, des cochons dinde, des hamsters, des oiseaux (perroquets, perruches), des souris, quelques chevaux et ânes. Victoire et Sébastien parcoururent la pièce du regard. La jeune fille eut envie de vomir et rendit son déjeuner par terre.

- Victoire?

- Qui? demanda-t-elle pour elle-même. Qui a fait ça? Pourquoi?

Elle éclata en sanglots. Sébastien la prit dans ses bras. Elle pleura contre son épaule.

- Chut, calme-toi. Aide-moi à les sortir de cet enfer.

La jeune fille sècha ses larmes.

- Tu as la pince?

- Oui.

- Alors commence à ouvrir certaines cages. Je vais voir si il y a des animaux au premier étage.

L'adolescent hocha la tête. Elle monta les marches et comme elle s'y attendait, il y avait bien des animaux. Encore. Victoire se transforma en créature magique et entreprit de casser les barreaux des cages.Une fois qu'elle eut terminé sa tâche, elle transporta un à un tous les animaux dehors. Ils étaient tous sous-alimentés. Certains avaient d'immenses plaies et elle pouvait s'étonner qu'ils soient encore en vie. Aucun ne chercha à se débattre, étant trop faible pour. Elle rejoignit Angélique qui avait installé une nappe et commencait à soigner les animaux. Kevin coupait encore les barreaux. La jeune fille fit de nombreux allers-retours. Ensuite elle aida Sébastien. Un chat se débattait violemment. Il griffa profondément l'adolescent. Pour le calmer, elle dut se changer en chat. Une fois terminé, ils soufflèrent un peu.

« Hors de question de rester plus longtemps ici. »

- On rentre? proposa-t-elle à ses amis.

Tous acquiesèrent. Elle se transforma en Giquareu. Tous les animaux se mirent à trembler. La jeune fille n'y prêta pas garde pour ne pas se déconcentrer.

« Plus vite je crée le portail, moins ils auront peur. »

Elle se concentra intensément et réussit à faire un portail. Aussitôt, ses amis prirent d'abord les animaux les plus faibles et les emmenèrent. Ils revenaient et en prenaient d'autres. Et ainsi de suite. Cela dura plus d'une heure. Victoire sentit ses forces diminuer mais dès qu'elle voyait l'état des animaux, elle retrouvait des forces et du courage.

- C'est fini!

La jeune fille soupira de soulagement et utilisa ses ultimes forces pour traverser le portail. Elle reprit sa forme humaine et chancela. Sébastien la rattrapa in extremis.

- Il faudrait que tu te reposes.

- Hors de question! Tant que vous aurez besoin d'aide, je ne ma reposerai pas.

L'adolescent ne dit rien mais son regard parla pour lui. Victoire détourna la tête. Elle entra dans le refuge créée par l'arrière grand-mère d'Angélique, suivit de près des deux garcons. Ils firent un immense travail qui leur prit presque toute la nuit. Ils avaient formés deux groupes: Victoire-Sébastien et Kevin-Angélique. Ils prenaient un animal, regardaient ce qui n'allait pas, le lavait rapidement, le soignait, le nourrissait puis le mettait dans un bac dans le bâtiment. Puis ils en prenaient un autre. Mallheureusement constata Victoire, son pouvoir fonctionnait moins bien qu'à Événia. Mais c'était amplement suffisant pour maintenir les animaux en vie. Lorsque tous les animaux furent installé dans le refuge, ils se relayèrent toutes les troi heures pour veiller sur eux.

Victoire fut la première. Elle n'eut presque aucun problème, sauf quand une souris se mit à couiner de peur. Elle dut la rassurer. Angélique vint la remplacer. Victoire alla se coucher, épuisée d'avoir autant utiliser son pouvoir d'un coup.

*****

Le lendemain matin, les trois adolescents auraient du rentrer chez eux mais le travail du refuge les avaient épuisés. Dans trois jours, le collège reprendrait.

Victoire se leva. Elle était toute endolorie mais marcher lui fit du bien. Elle entra dans le refuge et vit que Sébastien s'occupait d'un chiot. Il tétait avidemment le lait dans le biberon que l'adolescent lui présentait.

« Il est adorable. »

La jeune fille s'approcha silencieusement d'eux et regarda comment son ami s'occupait du chiot. Ce dernier finit le biberon en un rien de temps. Il gémit en sentant plus de liquide couler dans sa gorge. Il fixa Sébastien avec des yeu suppliants pour en avoir un nouveau.

- Désolée. Tu as tout bu.

Le chiot poussa un jappement plaintif. L'adolescent lui carressa le dos.

- Non mais... n'essayes pas de m'attendrir, petit chenapan.

Le canidé continua de le fixer avec de grands yeux mignons. Une chienne finit par intervenir. Elle prit délicatment le chiot par le cou et le déposa au sol. Il voulut rejoindre Sébastien mais elle l'en empêcha d'un léger coup de museau.

- Je crois que tu as un nouvelle adorateur, ironisa Victoire.

Sébastien se retourna vers elle.

- Je ne t'ai pas entendu venir! Depuis quand es-ce que t'es là?

- Depuis seulement quelques minutes.

Elle s'assit à côté de lui.

- Tu t'occupes bien des animaux, lui confia la jeune fille.

- Tu trouves?

- Si je te le dis.

Sébastien sourit. Il regarda la chienne donner la lecon au chiot.

« Elle me rappelle Pitoucha... »

- Comment c'est possible? s'interrogea Sébastien.

La jeune fille attendit qu'il poursuive.

- Je ne sais pas comment on peut être aussi cruel. Tous les animaux étaient pas loin de mourir de faim et c'est tout juste si ils arrivaient à boire un peu tous les jours. Comment peut-on faire ca? Ce sont des êtres vivants. Pas des objets qu'on jette dès qu'ils ne nous conviennent plus!

Sébastien prit une profonde inspiration pour se calmer.

- Si je trouve ceux qui ont fait ca, ils passeront un sale quart d'heure.

Victoire posa une main sur son épaule:

- Oui. Surtout si on est avec toi.

Ils se regardèrent dans les yeux. Sébastien posa sa main sur celle de Victoire.

- Merci. Je sais que je peux compter sur toi.

- Et sur Angélique et Kevin, rectifia la jeune fille.

- Et sur Angélique et Kevin.

« Pourquoi est-ce qu'on reste là à se regarder dans les yeux? »

L'adolescent dut percevoir son incompréhension et sa gêne. Il se pencha et l'embrassa sur la joue. Puis il se leva et partit dans la maison. Victoire toucha sa joue.

« Qu'est-ce qui vient de se passer? »

Soudain, la chienne posa son museau sur ses genoux:

- Je me disais bien qu'il y avait quelque chose entre vous.

La jeune fille se figea et rougit en même temps.

- Pitoucha?

- J'ai tellement changé que tu ne m'as même pas reconnu! Je sais pas... je dois te bouder ou te pardonner?

Victoire rit.

- Comment ai-je fait pour ne pas te reconnaitre?

Elle lui gratouilla le dos avec douceur. Ses poils n'avaient pas encore perdu toute leur saleté. La chienne lui lécha la main.

- Tu te sens mieux?

- Mieux mais je suis épuisée!

- Tu n'imagines pas le nombre de soucis que je me suis fait pour toi! dit Victoire. Et le nombre de remords que j'ai eu!

- Je ne t'en veux pas.

La jeune fille la caressa un long moment, soulagée de l’avoir retrouvée.

Pitoucha finit par dire :

- Événia me manque... tu comptes y retourner quand ?

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