O tempora, o mores

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Le temps n’y fait rien ! Bien qu’ayant pris la décision de tenter ma chance depuis des semaines, je n’arrivais toujours pas à me faire à l’idée que j’allais peut-être décrocher ce mystérieux job d’agent spatio-temporel au sein d’un grand consortium militaro-industriel. Encore une fois merci à ce vieux Julius Jules de m’avoir tuyauté* ! A mon arrivée sur notre planète natale, il m’attendait au spatioport principal, un panier de glucks à la main. Ça, c’est un ami !

Après les formalités de débarquement, nous avons bavardé en croquant ces sympathiques coquillages qui étaient si frais qu’ils gigotaient et couinaient à mesure que nos dents conquérantes attaquaient leur corps grassouillet bien que ferme et musclé. J’adore les glucks et Julius le sait bien ! Il avait fait un détour par le canal 424 spécialement pour trouver la sous-espèce que je préfère : les platiformis. Ils se développent moins vite que les autres variétés, mais ils sont très chargés en cadmium et dégagent une merveilleuse saveur iodée lorsqu’on les mâche. Surtout la partie postérieure qui contient le système digestif.

Les friandises avalées, nous prîmes un aéro vers le quartier nord de la ville. C’est une zone considérée comme sensible par le gouvernement. Julius avait réservé une table au « Space invaders » un bouge situé dans la rue Azimov. Avisé, mon ami avait appelé le patron la veille pour s’assurer que nous aurions une table avec brouilleur de façon à être sûrs de ne pas être espionnés. Il y a toujours des systèmes de lecture sur les lèvres, mais ils sont inefficaces avec Julius dont le bas du visage est une greffe vénusienne*. Quant à moi, je n’ai rien d’intéressant à dire.

Julius commanda deux bouteilles de bière locale, un panier de glucks, et des chips de spat, un végétal alien dont on consomme les feuilles aux vertus légèrement neuroleptiques dans les conditions de pression atmosphérique de notre planète. Par contre, attention, si vous en consommez dans l’espace… Une fois bien installé, Julius m’expliqua ce qu’il savait à propos du consortium et du voyage dans le temps. Nous évoquâmes également le bon vieux temps de notre service dans l’armée régulière. On a bien rigolé. La conversation dura l’après-midi et 5 plats de spats sans compter les bières locales. Il n’avait pas tant de détails que cela, mais je savais que j’aurais toute l’information nécessaire lors de mon entretien prévue le lendemain, c’est-à-dire aujourd’hui.

Ce matin, le réveil fut rude ! Une horde de glucks, la bière et les spats livraient un combat d’arrière-garde dans mon organisme et, bien que certain de vaincre, mon corps n’en menait pas large. Bon sang, c’est que je n’ai plus 70 ans moi ! Le droïde d’accueil me demanda poliment le motif de ma visite.

— Salutations droïde. J’ai rendez-vous à 14h pour un entretien classé confidentiel. Je m’appelle Ernesto.

Le droïde mis une nano seconde pour consulter son fichier.

— Monsieur Ernesto, l’entretien était programmé ce matin, or, il est 13h45. Ce con avait soudain adopté le ton pincé d’une maîtresse d’école s’adressent à un gosse venant de laseriser un camarade.

Incroyable ! Je m’étais trompé d’horaire ! J’avais loupé mon rendez-vous !

— Le service du recrutement a annulé votre rendez-vous.

— Je suis désolé, j’ai confondu les horaires, lui dis-je d’une voix tremblante.

— Navré Monsieur, l’absence de ponctualité est rédhibitoire pour entrer dans le service temporel.

Quelle époque !

— Maudits glucks, me dis-je en repartant par l’avenue Matheson. C’est dommage, car je me demande si je ne serais pas plutôt doué pour le job vu que j’ai réussi à être viré avant même d’être recruté…

* voir Ernesto n°6

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