Rachelle s'enfonça un peu plus dans le canapé, repliant ses jambes sur le côté. Elle mangea quelque framboises, puis elle sortit les livres du sac qui les contenait. Lequel allait-elle lire en premier ? Elle les avait déjà tous lu au moins une fois, mais elle ne s'en lassait jamais. Rachelle choisit Roméo et Juliette, un classique, pourtant intemporel. Le livre assez vieux, était quelque peu abimé, et elle dû prendre des précautions au moment de l'ouvrir pour ne pas abîmer d'avantage les pages jaunies. Elle commenca sa lecture, vite absorbée et transportée dans un autre univers.

" L'amour est une fumée formée des vapeurs de soupirs :
Purifié, c'est un feu dans les yeux des amants,
Agité, une mer nourrie des larmes des amants ;
Et quoi encor ? La folie la plus sage
Le fiel qui nous étouffe, la douceur qui nous sauve. "

Rachelle adorait ce passage, suitant de vérité et éclatant de poésie.

" ROMÉO. - Oh ! elle apprend aux flambeaux à illuminer ! Sa beauté est suspendue à la face de la nuit comme un riche joyau à l'oreille d'une Éthiopienne ! Beauté trop précieuse pour la possession, trop exquise pour la terre! Telle la colombe de neige dans une troupe de corneilles, telle apparaît cette jeune dame au milieu de ses compagnes. Cette danse finie, j'épierai la place où elle se tient, et je donnerai à ma main grossière le bonheur de toucher la sienne. Mon cœur a-t-il aimé jusqu'ici ? Non ; jurez-le, mes yeux ! Car jusqu'à ce soir, je n'avais pas vu la vraie beauté. "

Rachelle, fortement émue, sortit tout à coup de cette transe, quand, en tournant la page suivante, un petit papier s'en échappa, voleta quelques secondes, puis attérit sur le sol. Elle se pencha, intriguée, pour le ramasser. Il s'agissait d'un petit papier jauni, plié en carré. Rrachelle l'observa plus attentivement. Sur le dessus, une rose était déssinée à l'encre noire. Que pouvait bien être ce petit papier ? Piquée par la curiosité, Rachelle entreprit de le déplier tout doucement. Le papier, sûrement assez ancien, avait été fortement fragilisé par le temps.

Quand il fut enfin ouvert, Rachelle constata qu'une multitude de lettres étaient inscrites soigneusement sur son côté gauche. A droite, il y avait une petite photo, qui devait sûrement avoir été glissée dedans par l'auteur de cette note mystérieuse. La photo montrait deux personnes, un homme et une femme, enlacées. Ils devaient avoir la trentaine environ, estima Rachelle, mais la photo, elle, en noir et blanc, était beaucoup plus ancienne. Rachelle observa attentivement les deux personnes de la photo. Ils avaient tous les deux un large sourire, ils paraissaient si heureux. Qui étaient-ils ? Et que faisaient ce papier et cette photo dans cet exemplaire de Roméo et Juliette ?

Rachelle retourna la photo et découvrit une inscription, toujours écrite avec la même encre noire :

" De quoi que soient faites nos âmes, la sienne et la mienne sont pareilles. Mon amour pour toi ne s'éteindra jamais ma petite fleur."

Rachelle reconnu une phrase du livre d'Emilie Bronte, Les hauts de Hurle-Vent. Comme par hasard, il s'agissait d'un des livres qu'elle avait également acheté. En dessous de la phrase inscrite, il y avait un nom : Rosa Castro.

La dame de la photo était-elle cette Rosa Castro ? Mais pourquoi avoir laissé cette photo dans le livre ? Rachelle reporta son attention sur les lettres inscrites à la gauche de la photo. Elles étaient toutes collées, aucun espace ne les séparer, et à premiere vu, le petit texte n'avait aucun sens. Que pouvait-il bien signifier ? Rachelle était de plus en plus intriguée. Elle qui avait toujours adoré les énigmes et les mystères,voilà qu'elle se trouvait justement confrontée à l'un d'entre eux. Une idée lui vint soudain : peut-être le message était-il codé ! La cryptographie était justement un domaine qu'elle appréciait tout particulièrement. Elle étudia plus précisement le message.