Chapitre 4 : la chaleur des îles.

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Peu importe le secret qu’il y avait derrière Blear et John-Eric, et qui pouvait bien être cet enfant, je décidais que je n’avais pas ma place dans cette histoire.

Le moment était venu de revenir au point de rendez-vous. Sur le chemin, nous croisions les autres en train de manger une glace pendant qu’ils remontaient la rue principale. Seuls Eglantine et Michael manquaient à l’appel.

Ils avaient attendu la fin de l'après midi, après une longue promenade en amoureux, pour revenir près de la fameuse fontaine. Les couples et les touristes s’y faisaient moins nombreux. Michael s’arma de deux gobelets et invita son amoureuse à se servir de cette eau magique. Ils s’assirent alors sur le rebord en pierre, et échangèrent leurs verres comme s’ils s’apprêtaient à prêter serment. Eglantine tenait le verre entre ses deux mains frêles et jeta un regard inquiet à celui qu’elle avait tant convoité. Celui-ci lui rendit un sourire tendre et posa sa main sur la sienne.

- Tu ne bois pas ? demanda-t-il de sa voix douce.

- Peut-être, commença-t-elle avec précaution, que c’est enfantin de croire que nous serons heureux pour toujours en buvant cette eau ? dit-elle alors en plongeant son regard dans le reflet que lui offrait son verre.

- Le tout est d’y croire, répondit-il en serrant plus fort sa main.

- Nous n’en parlons pas souvent mais…

- Je sais…

- Non, laisse-moi en parler, le coupa-t-elle, j’ai tellement peur parfois que je ne sais pas comment me calmer en imaginant que nous ne pourrions plus être ensemble.

- Moi aussi tu sais et c’est pour cette raison que je veux profiter de chaque moment, comme celui-ci, pour te dire que je t’aime, lui souffla-t-il à l’oreille en l’étreignant.

- Si seulement le temps pouvait s'arrêter, se pleigna-t-elle les yeux larmoyants.

Le peintre qui gagnait son pain en faisant des portraits des touristes tout au long de la journée, arracha la feuille qu’il avait entamé sur son chevalet pour commencer une nouvelle œuvre sur la suivante, dessinant à grands coups de crayon l’esquisse des amoureux qui bravait l’interdit en osant un baiser après avoir bu l’eau qu'ils espéraient, réaliserait leur souhait.

***

La nuit était tombée et l’escapade nocturne qui nous attendait s’annonçait haute en couleurs : les préparations pour le carnaval attiraient presque autant de monde que durant l'événement principal. Les danseurs, jongleurs et cracheur de feu en profitaient pour faire le show devant les touristes. La chaleur était tombée et je m'impressionnais des costumes légers que portaient certaines des femmes.

Nous étions encadrés par les professeurs et avions trouver un long muret sur lequel nous avions pris place. Eglantine et Blear prenait des photos du spectacle de feu, tandis qu’Elliot et ses deux blondes s’amusaient à danser sur les musiques hispaniques. Lorsque Katerina les suivit et se mit à se déhancher, l’un des danseurs l’enleva du public et la fit tourner un nombre incalculable de fois. D’abord gêné, elle devint toute rouge et puis se prit au jeu montrant au monde ses talents de danseuse. Nous l’applaudissions lorsqu’elle revint à nos côtés alors que l’euphorie semblait l’avoir profondément atteinte.

Chuck me commentait le spectacle d’anecdotes historiques et des traditions existantes, montrant à quel point il s’était préparer pour ce voyage.

Au moment de partir, la foule forma un troupeau dans lequel nous essayons de nous immiscer à la file indienne, Chuck en tête de groupe. Nous nous repérions à la couleur de ses cheveux qui faisait office de feu follet. C’était vraiment difficile de mettre un pied devant l’autre et je me disais que je n’aimerais pas être présent le soir même du carnaval. J’entendis aussi une plainte dans mon dos et peinait à me retourner pour voir Elliot s’éloigner derrière.

- Kat ça va ? fit-il en l’attrapant par le bras.

- Oui je… aïe ! cria-t-elle dans une expression de douleur.

- Faites un peu attention ! s’exclama-t-il en colère contre celui qui venait de lui marcher sur le pied.

- C’est bon, ils ne comprennent…

Katerina bascula en avant poussée par un passant trop pressé. Il la rattrapa sans peine et pesta violemment contre l’homme qui ne prit pas la peine de s’excuser. Elle releva alors la tête et rougit immédiatement en tombant sur les grands yeux verts d’Elliot qui s’écarquillèrent en découvrant le peu de distance qu’il y avait entre eux. Ils tombèrent alors sur ses lèvres et déglutit en voyant qu’elle ne montrait aucune résistance. Le temps d’une seconde, les bousculades ne comptaient plus, ils ne voyaient plus que l’autre dans des mouvements saccadés qui appartenait à leurs regards hésitants. Ses prunelles luisaient dans la pénombre en accord avec sa crinière de mustang qui descendait sur ses épaules dénudées. Il entrouvrit la bouche dans l’espoir de glisser ses lèvres contre les siennes, ce à quoi elle répondu par un sursautement.

- Vamos ! (Avancez !), s’écria quelqu’un derrière eux.

- Il ne faut pas qu’on perde les autres, dit Elliot sur un ton de déception.

- Ma main, s'étonna-t-elle lorsqu'il la saisit.

- Toi non plus, je ne veux pas te perdre, souffla-t-il en la tirant dans le bon sens.

Elle tenta de cacher sa gêne sous sa frange, et sentit son estomac se nouer lorsqu’il entremêla fermement ses doigts aux siens. Lui, gardait la tête haute, muet d’amour.

Ils n’étaient pas loin derrière nous quand on rejoignit le chemin qui menait à l’hôtel, j’exclamais un étonnement lorsque je les aperçus et fit semblant de n’avoir rien vu.

- Oh la la, c’est caliente, s’exclama Alicia.

- Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Marry qui se retourna instinctivement.

- Je crois que nous devrions les laisser tranquille, chuchota Eglantine attachée au bras de Michael qui avait un sourire jusqu’aux oreilles.

- Quand est-ce que c’est arrivé ? quel coquin, rit Chuck.

- Dans la foule je pense, mais oui, laissons les tranquilles, dis-je en évitant de les regarder.

Ils marchaient doucement à l’écart, toujours main dans la main, et tentaient tant bien que mal de ne pas faire attention aux regards autour d’eux. En voyant son visage de loin, j’eus l’impression que Katerina pourrait mourir de honte à tout moment.

- Elliot, ils regardent, dit-elle avec peine.

- Et alors ? fit-il en fixant le ciel, c’est agréable non ?

Elle n’osa rien répondre jusqu’à ce que nous arrivions enfin à l’hôtel, nous étions un peu gêné du malaise qu’il y avait entre eux à ce moment-là. Elle lui lâcha la main dans le hall d’entrée et fit un pas vers les filles qui ne savaient pas si elle devait lui proposer de remonter dans la chambre. Il semblait clair pour Elliot qu’il n’était pas question de la quitter si vite.

- Et si on allait se balader encore un peu, dit-il en rattrapant sa main.

***

C’était autour de la piscine qu’ils continuèrent leur promenade, toujours dans l’absence de mots et pour seul fond sonore le bruit de la pompe qui tournait encore. À plusieurs reprises, Katerina avait tenté de dire quelque chose, mais son courage s’était évanouie à chaque fois. Son cœur tambourinait plus fort dans sa poitrine quand ils s’assirent sur le long d’un transat qui trainait au bord de la piscine.

- Tu as froid ? lui demanda-t-il en voyant qu’elle frottait ses mains le long des ses bras.

- Un peu, avoua-t-elle.

- Est-ce que je devrais te réchauffer ? rit-il en se collant un peu plus à elle.

- Tu es… trop proche, bégaya-t-elle pour se perdre dans son regard.

- Tais-toi et profites, rétorqua-t-il en appuyant son front contre le sien.

- Pourquoi tu agis toujours comme ça ?! s’exclama-t-elle en se relevant, comme si… j’étais… acquise…

- Je sais pertinemment que tu es loin d’être un acquis, dit-il en se levant à son tour, et tu es plus que ça, mais je dois avouer que ça fait un moment que je me demande ce que tu voudrais être à mes yeux ?

- Je ne sais pas, hésita-t-elle.

- Je crois que si, alors dis-moi, répondit-il d’un ton convainquant.

- Tu ne comprends pas, je ne peux pas.

- Oh si je comprends, alors dis-moi où je te pousse dans l’eau, la défia-t-il en lui saisissant les deux mains.

- Quoi ? Non Elliot, non tu n’oseras pas, répondit-elle prise de panique.

- Non ? Hum prête à faire un plouf ? continua-t-il de la taquiner.

- Arrête, non s’il te plait ! ELLI…

Elle l’attrapa par la taille et agrippa fermement son t-shirt lorsqu’il la poussa en arrière. Elliot tenta de faire marche arrière, mais ils perdirent l’équilibre et tombèrent dans la piscine derrière eux. Le cri de Katerina fut étouffé et pendant quelques secondes le silence perdura, avant qu’ils piquent la tête hors de l’eau pour reprendre une grosse bouffée d’air. Ils se regardèrent ébahis, suffoquant et trempés. Leurs essoufflements se perdirent en rire au moment où ils réalisaient qu’ils avaient réellement fini dans l’eau. C’est ensuite un regard coquin qui les ébranla pour finir en une bataille de celui qui ferait la plus grosse vague. Elliot nagea tant bien que mal dans sa direction en évitant les attaques qu’elle lui lançait.

- Raté ! Je suis là ! s’exclama-t-il en bloquant son poignet.

- Ahahah, ce n’est que partie remise !

- Mon dieu, tu es vraiment magnifique quand tu rigoles, dit-il en glissant ses mains dans ses longs cheveux mouillés pour les remettre en arrière.

- Oh, lâcha-t-elle en perdant son sourire et en s’appuyant contre le mur de la piscine.

- Non ne t’arrête pas, souffla-t-il, il n’y a que nous ici, juste toi et moi, alors continue de rire, fit-il en déposant un baiser sur sa main.

- Tu sais que, s’arrêta-t-elle en sondant son regard enflammé, si tu comprends vraiment ce que je ressens, laisse-moi un peu de temps…

- D’accord mais, commença-t-il en la tirant par la taille, laisse-moi au moins t’embrasser, ajouta-t-il en la fixant intensément.

- Tu es fou, souffla-t-elle.

- C’est toi qui me rends fou, chuchota-t-il en lui faisant face.

Il lui baisa le front et y appuya le sien avant d’attraper son cou entre ses deux mains. Katerina haletait et ne su résister lorsqu’il déposa ses lèvres contre les siennes, puis qu’il glissa langoureusement sa langue à l’intérieur de sa bouche. Lorsqu’il la laissa respirer à nouveau, il lui lança un grand sourire auquel elle répondit immédiatement, ce qui le poussa à embrasser encore une fois son joli front, et puis son nez pour ré atteindre ses lèvres qu’il grignota doucement. Dans cet élan, elle l’agrippa à son tour par les épaules et enroula ses jambes autour de sa taille, répondant avec ardeur à ses baisers fougueux.

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