Chapitre 25 : Un an.

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Les examens de juin sont arrivés à une vitesse folle et l’annonce des résultats déterminait mon destin. Mon père ne m’as pas tué, j’ai donc bien réussi mon année à Saint-Clair, avec quatre vingt pourcents de moyenne comme prévu. Ainsi, mes sept merveilleux amis se sont retrouvés en haut des listes des meilleurs élèves et moi j’étais saint et sauf. Cette réussite annonçait aussi le début des vacances d’été que je ne rêvais pas de voir arriver. Je serais loin de Blear pendant presque deux mois. Peut-être que je verrais Chuck ? À l’inverse, j’étais certain de passer du temps avec Louis et Alicia. Enfin si mon père le voulait bien.

Ce fut les deux mois les plus longs de ma vie, prit entre les envies de voir tous mes copains et une envie de me suicider à chaque fois que mon père me parlait “d’avance”. J’anticipais ma quatrième année à l’aide d’un professeur particulier, enfin de deux ou trois, quand mon père ne les virais pas. Mes seuls vrais moments de bonheur fut lorsque j’arrivai à avoir Blear au téléphone. Je ne pouvais pas lui sonner, mais à chaque fois qu’elle allait voir John-Eric, il lui permettait d’utiliser le téléphone. Je le bénissais de sa gentillesse, mais je doutais : “et si ?”. Je m’efforçais de croire en eux, bien que je les savais proche. Outre ces moments, dès que j’en trouvais l’occasion, je me rendais à la gare pour utiliser le vieux piano qui y trônait. J’utilisais toutes les partitions que Michael et Eglantine m’avaient prêtés dans l’espoir que je ne m’ennuie pas trop. Ils me manquaient, leur douceur particulièrement. Je les visualisais dans mon esprit, l’un à côté de l’autre, jouant leur amour sur les touches et je rêvais de faire la même chose avec Blear. Quand je sortais dans le parc, c’est Elliot que je voyais parmi les joueurs improvisés de baskets. Il leur aurait mis une raclée, et je n’oubliai pas de lui envoyer une carte à son anniversaire tout comme à Alicia. Nos deux lions, je voulais éclater de rire à leurs blagues et me balader avec ma complice. Partager nos petits secrets d’amoureux, nos inquiétudes, c’était ma confidente. J’aurais voulu lui dire à quel point Blear me manquait et elle m’aurait pris dans ses bras en guise de réconfort.

Je pensais à Louis de suite, mon deuxième confident, nous parlions aussi de nos amours mais d’une manière différente. Avec lui ce qui me manquait, c’était nos joggings improvisés, son humour pépite et nos discussions philosophiques sur la vie. Est-ce qu’il allait bien ? J’espérais qu’il ne fasse pas de crise et que l’effet de ses médicaments n’apparaissent pas. Chuck, en comparaison, c’était ma famille. Son contact me manquait, sa présence bienveillante, son sarcasme, tout, mais surtout ses câlins qui avait le don de m’apaiser. Il avait le projet de voir Marry en cachette à Paris, j’espérais qu’ils y soient arrivés. Je crois que la reine du shopping passait la plupart de ses vacances en Italie cela dit et je me surpris de la découvrir à une compétition de ruban à la télévision. Depuis quand elle faisait ce sport ? Même Katerina n’aurait rien eu à redire, tellement sa performance était parfaite. Je revivais leurs disputes telle une série lorsque je m’ennuyais de trop. Katerina, nous avions un lien spécial depuis ce baiser. Elle m’avait aidé sur de nombreux points et nous partagions l’amour pour la musique depuis que je m’y adonnais. J’avais tellement envie d’apprendre à jouer de la guitare. Louis m’avais promis qu’il ramènerait une de celle de son père en septembre. Je pensais sans cesse à mes amis, mais tout revenait toujours à Blear : l’odeur du café et des lilas dans le jardin, les petits déjeuner seul au lieu de nos passages dans sa boulangerie préférée, nos séances d’études à la bibliothèque qui se finissait en bisous cachés derrière un livre, je me rappelais de tout. De sa main dans la mienne, de ses épaules frêles lorsque je l’enlaçais, le parfum de son cou, son sourire qu’elle ne montrait qu’à moi, ses yeux plongés dans les miens. Je voulais la sentir, la toucher, l’embrasser, puis rire, gênés. Vivement qu’on se promène dans le parc ou qu’on aille faire du vélo si les chaleurs le permettait encore au début de l’année. Quelle torture de la voir intacte dans mon esprit et de ne pouvoir la serrer. Je voulais l’emmener partout, la surprendre, juste pour voir son regard s’agrandir, puis s’attendrir en se déposant sur moi. J’aurais donné n’importe quoi juste pour pouvoir lui souffler des mots doux autrement que par le téléphone, juste un je t’aime au creux de son oreille, bien que ces mots ne suffisaient pas à exprimer tout mon amour pour elle.

Fin aout, nous avons fêté mon anniversaire chez mes grands-parents comme l’année d’avant. C’était juste encore un moyen pour mon père de se la péter d’avoir son fils à Saint-Clair. Quand j’ai dû souffler les bougies, ils m’ont demandés de faire un vœu. Tout ce que je souhaitais, c’était d’avoir une mère en bonne santé et de vivre une nouvelle année avec mes amis, avec Blear et que tout aille pour le mieux dans le meilleur des mondes.

***

Je descendais les escaliers rapidement pour rejoindre ma mère dans la cuisine : l’enfoiré étant parti de la maison, j’en profitais pour me préparer un en cas. Maman me regardait empiler les tartines et étaler du beurre de cacahuète dessus avant de croquer un gros morceau dans mon sandwich. Elle gloussait en me voyant lécher le bout de mes doigts, poussant des cris d’extases alors que je mâchouillais le tout.

- Tu manges comme un ogre, mais tu ne grossis jamais, rit-elle en repoussant une mèche noire de son front avec son coude, ses mains étant rempli de pâtes à cookies. Par contre, pour grandir, ça tu grandis !

- C’est pour ça que je mange beaucoup, t’en veux un morceau ? marmonnais-je la bouche pleine en lui tendant mon sandwich.

Elle mordit dedans et fit une grimace, écœuré par son contenu. Je m’installais sur le tabouret devant le plan de travail où elle séparait les cookies pour les mettre cuirs. Les pâtisseries de ma mère étaient divines, je voulais les faire goûter à Blear.

- Tu pourrais m’en mettre dans une boîte ?

- C’est prévu mon chéri, je pense à tout ! Et j’espère qu’ils lui plairont… à la fille dont tu ne me parles pas. Il y a bien une fille, n’est-ce pas ? ajouta-t-elle en me lançant un sourire depuis le coin.

C’est évident, depuis le temps, elle avait dû le remarquer. Blear me rendait si heureux, si sûr de moi, j’avais beaucoup changé en sa compagnie et en positif. Les instincts de maman devait avoir pris le dessus.

- Tu ne veux pas partager ça avec ta mère ?

- Si, bien sûr que si, balbutiais-je, tout rouge.

- Alors tu as bien une copine !! Raconte-moi tout, comment et où ? Comment est-elle ? Oh mon dieu, je suis si excitée ! Mon fils à une petite amie !

- Maman ! criais-je encore plus gêné, elle est parfaite, dis-je de suite. Nous nous sommes mis ensemble au bal, ça fait presque un an maintenant…

- Un an ?! Et tu n’aurais rien dit à ta pauvre mère ?

- Désolé, je ne savais pas comment en parler… mais elle est… très belle, et très intelligente, c’est la plus gentille fille que je connaisse.

- Ça me donne très envie de la rencontrer, répondit-elle en me lançant un doux sourire.

- Ce n’est pas vraiment possible, hum… elle est spéciale…

- Que veux-tu dire ? Tu sais que tu peux tout mon dire, petit corbeau, me rassura-t-elle en passant sa main sur ma joue.

- Papa reviens, j’entends la voiture.

Je me levais de mon siège pour me réfugier dans ma chambre avant qu’il n’arrive. La mine triste de ma mère me fit rebrousser chemin et je l’attrapai par la taille, lui faisant un câlin. En déposant mon menton sur son épaule, je pris mon courage à deux mains.

- Maman, ça doit rester secret, mais ma copine c’est…

Je lui chuchotais son nom, et lâchai mon emprise. Elle se retourna, jurant à voix haute, puis couvris sa bouche de suite. Je lui lançais un clin d’œil et lui fit signe de se taire avant de remonter à toute vitesse dans ma chambre.

Plus tard dans la soirée, mon père me déposa devant l'internat, toujours à la manière d'un sac-poubelle, mais je m'en contentais. Une soirée entre garçons m'attendait. Après avoir déposé ma valise, je fonçais jusque dans la chambre de Michael où se déroulait notre petite soirée pyjama. Comme convenu, le sujet atterrit sur la table.

- Vous allez faire quoi pour vos un an ? demanda Elliot couché sur le lit comme s'il lui appartenait.

- Huuum les un an, on les a bien fêté en quelque sorte, ricana Chuck.

- Chuuuck, on n’a pas besoin de savoir vos ébats ! Regarde-moi, je n'en fais pas tout un plat et pourtant, s'arrêta exprès Louis.

- Stop les gars, allez dis-nous ce que tu as prévu ? insista Michael qui voyait mon malaise.

- C'est un secret, je ne le dirais à personne avant que ce soit fini. Eh oui, je ne prendrais aucun risque, ajoutais-je en découvrant leur mécontentement.

- Ça c'est sûr, j'espère que ça a un rapport avec le fait que tu sois encore puceau après un an de relation ? ironisa Chuck.

- Qu'est-ce que vous attendez au juste ? s'indigna son rival.

- Arrêtez, on en a déjà parlé… Je l'aime tellement, je… suis curieux c'est vrai, mais ça ne fait pas partie de mes priorités. Ça fait un an qu'on profite de notre relation sous tous les angles et j'adore ça, même si le sexe n'en fait pas encore partie.

- La question est pourquoi penses-tu que ça n'en fasse toujours pas partie ? demanda calmement Michael.

- Le seul avant moi, c'était John et..

-Tu ne devrais pas être aussi familier avec lui, s'inquièta Louis.

- C'est quelqu'un de très respectable et je n'autoriserais aucun de vous à l'insulter, dis-je sèchement. Et je pense que ça joue pour le sexe. Le peu de relation sexuelles qu'elle ait eut, on amené Billy et c'était une expérience traumatisante. Puis, bref les gars ! Il n'y a pas que ça dans un couple, on attend et c'est très bien, je respecte ça. En attendant, je veux juste partager une merveilleuse soirée en sa compagnie demain soir.

C'est vrai, nous n'avions pas encore fait l'amour, mais nous avions fait tellement plus. Je chérissais chaque moment en sa compagnie. Blear était quelqu'un de très occupé, qui avait des responsabilités, il valait mieux que je profite de chaque instant. Et jusqu'ici le sexe n'avait pas montré le bout de son nez. Où étais le problème ? Tant que nous étions heureux. Je me couchais le cœur battant, imaginant nos retrouvailles le lendemain matin.

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