Chapitre 3
La voiture démarre. Du premier coup !
Elle tire un peu sur la droite, Ça doit être normal. La roue arrière droite est plus large que les autres. On n'a rien trouvé de mieux. Faudra faire avec.
Il faut quasiment traverser toute la ville pour arriver au collège.
Dans le centre il y a des gens qui marchent ou qui courent partout. Ils ont tous les bras chargés, ou poussent un caddie plein. Je ne suis pas sûre qu'ils aient payé tout ça... Situation exceptionnelle, état de nécessité : J'ai bien volé des roues !
Sur le rond point, il y a une douzaine de gilets jaunes. Ils sont tous armés. Des fusils de chasse, mais ils sont armés.
Camille agite un gilet à la fenêtre, Je klaxonne. Ils nous laissent passer.
En fait ils nous ignorent. Nous ne sommes pas leur problème!
J'hésite. Par la droite, on passe devant la maison...
Je prends tout droit !
Ça s'annonce mal, très mal.
Il y a une voiture encastrée dans le hall du collège. On a essayé de l'enflammer mais quelqu'un a éteint l'incendie. Il y a encore l' extincteur à coté. Et de la poudre blanche partout.
Tout est calme. Soit les enfants se cachent. Soit ils sont tous partis . Le parking est vide. Il n'y a plus de profs. On peut penser que la tentative d'incendie a eut lieu quand tout le monde était parti.
Ou pas...
Il faut vérifier …
« Y'A PLUS D'ENFANT ICI ! ILS SONT TOUS PARTI! VOUS
AUSSI VOUS DEVEZ PARTIR ! »
C'est le gardien. Il était déjà là quand j'étais au collège.
Il est debout derrière la voiture encastrée dans la porte. Il tient un balais comme il tiendrait un fusil.
Je sais pas si il dit ça parce qu'il nous considère aussi comme des enfants ou juste parce qu'il veut que nous nous éloignons de son collège.
« Où, ils sont partis ? »
« Chez eux, avec leurs parents. Les autres, je sais pas ! »
"Lucas, si un jour, je suis en retard pour venir te chercher, tu attends sous l'arrêt bus. Si tu veux rentrer à pied à la maison, tu passes par le petit bois, il y a moins de circulation."
Sous l'arrêt bus, y'a personne…
Mauvaise idée, la maison. Mauvaise idée !
Je démarre en trombe. Enfin, j'essaye, parce que je cale !
Je redémarre !
Camille crie :
« Je sais où il est ! »
« Ou ? »
« La cabane ! »
« Quelle cabane !? »
« Dans le bois ! Tu n'as jamais été à la cabane quand tu étais au collège ? »
« Y'avait pas de cabane quand j'étais au collège. »
« Si ! Mais tu étais trop sérieuse pour y aller ! »
Elle as sûrement raison.
« Arrête toi c'est par là »
« Pourquoi il serait à la cabane »
« Il l'a dit en septembre quand il y a eu la simulation d'attaque terroriste : Moi, si ça arrive pour de vrais j'irais me cacher dans la cabane »
Elle est déjà parti en courant dans le bois.
Je la suis.
« C'est ça votre de cabane: Ces quatre planches pourries?! Putain de cachette ! »
Mais Lucas est là.
Il court vers nous !
« C'est pas des terroristes ! C'est la guerre ! Y'avait des soldats partout. »
Il lui a fallu longtemps pour se calmer et nous raconter.
Le monsieur qui fuyait les gilets jaunes qui s'est réfugié dans le collège. La chasse à l'homme dans le collège. Les soldats qui sont arrivés pour aider les gilets jaunes. Les élèves qui sont sortis. Les profs aussi. Le directeur qui s'est fait frapper.
La guerre ! Ou quelque chose qui y ressemblait beaucoup pour un enfant de 12 ans...
« On rentre à la maison ? »
« Non, papa veut qu'on aille chez papy et mamie. »
« C'est toi qui conduit ?
Il est où papa ? »
« Je sais pas, il a envoyé un SMS. »
« T'as pas le droit de conduire sans lui à coté !
Je vais lui dire. »
« Il le sait. C'est son idée. En ce moment, c'est un peu n'importe quoi de toute façon. »
« Et maman ? »
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