Chapitre 12 - 2

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Le jeune homme n’ironisait qu’à moitié. Il fut par conséquent le premier surpris au fou rire qui gagna Sophie et ses quatre camarades, de ceux qui nous prennent mais qu’il fallût réprimer pour ne pas se faire réprimer. Le groupe évita de justesse de trop attirer l’attention pour rester en classe, mais la jeune femme n’en voulait pas au jeune homme d’avoir su les embarrasser quelques secondes, bien au contraire.

- T’es marrant toi. Je comprends comment tu as pu te faire une bonne compagnie aussi vite.

- Merci… et c’est vrai que j’ai eu de la chance de tomber sur elle c’est sûr.

- J’ai vu ça. C’est fou que le simple fait de se retrouver côte à côte à la rentrée puisse déboucher sur d’aussi belles choses.

- … Tu nous espionnes ?

- On était simplement assis au fond de l’amphi pour ne rien rater des futures intrigues de la fac, nuance.

Avec cette simple phrase, le jeune homme compris comment elle s’y prenait pour tout savoir sur lui, et probablement d’autres premières année. Un balayage rapide des quatre acolytes de la jeune femme l’entourant lui permit de confirmer ce qu’il commençait à penser : elle avait pris la tête d’un groupe d’étudiants assez vaste pour posséder suffisamment de paires d’yeux et d’oreilles pour ne rien rater de ce qu’il pouvait se produire entre ces murs. Mais comme tout bon mystère, chaque réponse amenait son lot de nouveaux questionnements.

- Je peux te poser une question ?

- Bien sûr mon petit Donatien.

- Hmpf… est-ce que tu as… tu as déjà passé une année ici ?

- Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

Son restait doux et parfaitement mesuré, mais le jeune homme sentit que les troublants yeux de Sophie se chargeaient en défi. À croire qu’elle se demandait si ce garçon aurait le courage d’aller au bout de son raisonnement. Donatien mentirait s’il affirmait que Sophie ne l’intimidait pas. Toutefois, l’idée de se rétracter, donc de facto de s’humilier devant elle et ses amis, lui demeurait si repoussante qu’il trouva le courage de dire tout ce qu’il pensait. Du mieux qu’il pouvait.

- Bah… ton attitude. Tu sembles savoir beaucoup de chose ici, t’es déjà à la tête d’un groupe d’amis et tu t’amuses à bizuter un pauvre L1 assis seul au fond de la classe en plein milieu d’un cours...

Une nouvelle fois, le jeune homme parvint décrocher des gloussements auprès de son petit auditoire de cinq personnes. Il ne comprenait pas trop ce qui se passait, mais il se satisfaisait de ne pas transpirer et bégayer comme une proie face à une meute de prédateur. Encore mieux, Sophie semblait perdre toute velléités de tester Donatien. Il ne percevait plus que de la bienveillance chez sa voisine de table.

- C’est sûrement parce que je traîne trop avec les gars de l’équipes de rugby, ça doit déteindre sur moi… En tout cas tu as de l’esprit Donatien. Je crains de ne pas pouvoir me jouer de toi aussi facilement que prévu.

- Parce que tu comptais me faire la misère ?

- Nan, pas jusque-là. Juste m’amuser à te faire rougir de temps en temps.

- C’est déjà méchant tu sais ?

- N’en veut pas trop à une vieille femme comme moi qui s’ennuie.

- N’exagère pas…

- Merci du compliment.

- Mais…

Sophie avait beau rassurer le jeune homme, elle ne pouvait s’empêcher de l’embêter un peu. Pas de quoi vexer un Donatien qui trouvait peu à peu son compte au milieu de cette conversation inattendue. La jeune femme n’avait pourtant pas fini de surprendre son voisin.

- Mise à part l’envie de m’amuser un peu, je tenais tout de même à te dire deux trois mots.

- Vraiment ?

- Oui. À propos de ton amie… Son prénom ?

- Émilie… Qu’est-ce qu’il y a?

- Hm… je pense que ce n’est pas à moi de te dire ce genre de chose. Surtout que je ne fais que supposer. Juste continue d’être gentil avec elle. Elle a un joli prénom en plus.

- Je ne comptais pas lui faire de mal.

- Je n’en doute pas, mais vu le nombre de mecs que j’ai vu se comporter comme des cons ici dès que plus de deux filles leur parle régulièrement, je préfère prévenir.

- Ce n’est pas mon genre, ne t’en fait pas.

- Tout le monde dit ça…

- Mais c’est vraiment pas mon genre.

- Tout le monde me répond comme ça…

- Arf… De toute façon à force de m’espionner tu te rendras compte que j’ai raison.

- Sans doute. En tout cas tu as compris que je veillerai sur vous. Je serais un peu votre grande sœur.

- Moui, si tu le souhaite… Émilie sait que vous l’observez en secret ?

- Bien sûr que non. On ne veut pas lui faire peur. Ne lui dit pas s’il te plaît.

- Je veux pas lui faire peur non plus hein…

- Je compte sur toi pour garder un œil sur elle alors, jeune Donatien.

- J’ai grandi ?

- Oui ! mais je te conseille de m’obéir quand même.

- Je vais dire oui pour avoir la paix.

- Bien, tu comprends très vite les choses.

Le sujet de sa camaraderie avec Émilie fut clos après cet échange. Mais il n’était pas le dernier du cours. Sophie prit bien le temps de parler, ou plutôt de faire parler le jeune homme. Toute résistance semblait inutile, Donatien répondit alors honnêtement à toutes questions de sa voisine. Heureusement pour lui, elle se limita à des sujets de conversations assez superficiels, ne l’obligeant pas à trop se dévoiler à cette presque inconnue. Dans le fond, il la remerciait, puisque d’un après-midi s’annonçant barbant et anecdotique, les deux dernières heures qu’il venait de passer comptèrent parmi les plus enrichissantes depuis bien longtemps.

À la fin du cours, que le jeune homme n’avait pas vu défiler, tous les étudiants présents s’empressèrent de quitter cette salle pour rejoindre leur prochain cours, le dernier de la journée. Sophie et sa bande ne firent pas exception. Elle prit toutefois le temps de dire encore quelques mots à Donatien.

- On ne risque pas de se voir souvent nous deux. Mais n’hésite pas à venir nous parler si d’aventure on se croise à l’avenir. À bientôt Donatien.

- Oui, à bientôt.

Les deux étudiants se saluèrent, avant que Sophie rejoignît son groupe et laissât le jeune homme de nouveau seul. Sans réellement envisager une nouvelle amitié, Donatien éprouvait un certain soulagement à l’idée de trouver des gens sympathiques avec qui pouvoir parler de temps en temps. Finalement, il n’avait pas grand-chose à craindre se disait-il.

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