Chapitre 4
En cette fin de matinée les rayons du soleil se faisaient timides, entrecoupés par les nuages épais qui emplissaient le ciel lentement, elle avança vers Mébael. Une dizaine de mètres les séparaient. Son mari se tenait droit comme un piquet, les mains derrière le dos pour maintenir cette position élégante. La toisant d'une expression neutre, sa main droite s'élança vers elle, la paume levée vers le ciel, elle leva la sienne un peu trop tôt, elle n'était pas encore assez proche de lui, ce simple geste de sa part la mît dans l'embarras. Une mauvaise évaluation de la distance et elle levait sa main trop tôt supposant qu'elle cherchait celle de son mari dans le vide alors qu'il n'en était rien. Annaëlle redoutait certaines actions futures de sa part pouvant être mal interprétées et le réalisa lorsqu'il se rapprocha d'elle l'aidant à réduire la distance qui les séparait, en un rien de temps sa main rencontra celle de Mébael, il la serra de ses doigts et l'attira à ses cotés. Mais elle les laissa bientôt glisser de sa paume jusqu'à être libérée de ce faible contact. Lorsque elle se retourna Méanne avait franchit le dernier arc voûté séparant la citadelle des jardins, heureuse de l'apercevoir enfin, Annaëlle lui sourit malgré une distance qui ne lui permettait pas de le distinguer. Elle les rejoignit rapidement.
- Puis-je vous être utile ? Méanne s'adressa au prince de Séan détournant ses yeux du voile relevé de sa Dame.
- Puisque vous êtes là bander lui les yeux, il faudra la guider un peu plus loin, je comptes sur vous. Mébael s'adressa à la Cybèle d'un ton sec, excédé du fait de s'être fait coupé l'herbe sous le pied. Il aurait aimé guider sa nouvelle femme, que dans le noir complet, elle lui accorde sa confiance. Cela n'arrivera pas aujourd'hui, il avait été devancé et Annaëlle en était ravie. Il détacha un bout de tissus blanc noué à son poignet et le tendit avec résignation à la Cybèle. Les yeux à présent maintenus clos par le bandeau de tissus noué fermement, Méanne l'aida à se diriger, ses mains sur ses épaules. Confiante elle se laissa conduire jusqu'à son second présent. Elle sentit un parfum doux et une brise légère, après quelques pas de plus un rugissement effrayant lui arracha un cris étouffé.
- Ce n'est rien Annaëlle n'ai pas peur. Méanne la rassura d'une voix tremblante qui était tout sauf gorgée d'assurance. Ils continuèrent d'avancer de quelques mètres puis la Cybèle relâcha son emprise de ses épaules et lui dénoua le bandeau, il tomba brusquement et rouvrant les yeux elle découvrit avec stupéfaction un animal dans une immense cage. Elle n'avait jamais imaginé qu'une telle créature puisse exister, elle ressemblait à un tigre mais avoisinait le double de la taille de cet animal. La princesse resta de marbre devant ce spectacle, ne l'ayant pas encore détaillé, elle s'approcha doucement et remarqua sa longue queue enflammée, des flammes couleur d'azur qui se propagèrent bientôt sur chaque parcelle de fourrure de cette créature si bien qu'on avait du mal à la distinguer à présent, elle était majestueuse. Elle entendit Méanne murmurer « Le feu de Rigel.. » mais trop encrée dans sa contemplation elle ne releva pas. Dans ce monde la nature à travers les plantes donne naissance à de nombreuses créatures plus étonnantes les unes que les autres enfin c'est ce que Méanne lui contait depuis son enfance, des récits plus invraisemblables les uns que les autres s'étaient succédés à son chevet, pour aider la petite princesse qu'elle était à s'endormir paisiblement. Elle ne les avait jamais vu de ses propres yeux, pour sa part les acteurs de ces récits appartenaient uniquement à l'imaginaire, à ce que son esprit avait bien voulu lui montrer en assemblant des descriptions détaillées. A cette époque elle ne pouvait pas encore mettre des images réelles sur ces plantes ou créatures peu communes, espérant pouvoir le faire un jour et ce prince étranger lui en avait donné l'occasion. Il lui fut dès lors impossible de ne pas songer aux autres créatures qu'elle pourrait découvrir. L'animal qui avait embrasée sa curiosité endormie semblait la regarder avec insistance et elle entendit bientôt un murmure, comprenant que la créature essayait de communiquer, elle resta attentive. Elle n'entendait pas ses pensées, la créature ne lui parlait pas directement mais elle savait ce qu'elle voulait lui dire comme si elle arrivait à formuler une pensée dans son esprit, une pensée étrangère à la propre conscience de la princesse. Annaëlle pensait tout simplement ce qu'elle voulait lui dire comme si elle venait de le lire dans un livre. C'était une sensation curieuse et fascinante, elle voulait être libérée de sa cage. La princesse se renfrogna, ne sachant pas si cette créature pouvait être dangereuse ou non. L'animal lui montra un de ses souvenirs, lui en confiant une vision si nette qu'elle lui sembla presque palpable. Annaëlle se trouvait dans une forêt, près d'une chute d'eau Mébael lui faisant face, un arc tendu dirigé à son encontre, dont la pointe perçante de la flèche attendait d'être libérée, l'autre extrémité de la flèche étant rattaché à un filet. L'animal lui montrait les circonstances de sa capture. Le filet était également attaché à celle d'un autre archer et ils décochèrent leur flèches respectives en parfaite synchronisation, la créature se retrouva ainsi prise au piège, dans ce souvenir elle ne sentit aucun signe de protestation, elle ne s'était pas débattue. Tout s'assombrit et elle rouvrit les yeux, les flammes qui parcouraient son pelage perdaient de leur intensité, ce devait être un signe de défense, mais elle n'avait rien à craindre en sa présence. Un récit étranger à sa conscience se manifesta, et Annaëlle s'en fit la lecture, elle s'était laissée capturer l'ayant aperçue dans les pensées de Mébael. Cette créature avait décidée de la rencontrer ayant devinée leur réceptivité partagée, toutes deux imprégnées de l'essence de la nature. Une essence donnant à la créature certaines habilités, telle que développer chez un esprit humain une deuxième conscience qui lui permettait de communiquer. Donnant l'étrange impression d'avoir deux esprits dans un même corps. Cela peu paraitre dérangeant mais sa nature d'animal totalement étrangère à l'espèce humaine permit à la princesse de l'accepter comme une petite partie d'elle. Ce lien psychique l'avait stimulée au plus haut point, elle voulait communiquer ainsi éternellement. Sa méfiance à présent balayée elle décida d'appuyer sa requête auprès de Mébael dont elle doutait fortement pour le lui accorder. S'approchant à tâtons jusqu'à agripper un des barreaux de la cage voulant persuader le ravisseur de cet animal de l'absence de danger, la créature s'allongea déposant sa tête sur ses deux pattes avant et les flammes la parcourant se dissipèrent totalement, révélant la pure blancheur de son pelage court zébré de noir. Un mouvement de nuque de la princesse lui fit découvrir des regards interloqués, Méanne y comprise ce qui en soit était une première.
- Pouvons nous la laisser sortir de sa cage? demanda Annaëlle suppliante. Son époux la fustigea du regard elle sentait qu'il voulait lui accorder cette requête mais il semblait effrayé par cette créature tout autant que Méanne, tout deux incapables de comprendre cette absence de méfiance inconsciente. Elle prit tout de même un malin plaisir à tester son tempérament et peut-être avait il senti son courage mit à l'épreuve.
- S'il vous plait? Elle insista d'un ton mielleux esquissant son plus beau sourire espérant qu'il cède, Méanne quand à elle hésitait toujours entre fascination et effroi.
- Bien, c'est entendu mais nous allons l'attacher sait on jamais je ne voudrais pas que vous soyez blessée. Un cri de joie s'échappa de ses lèvres, elle voulait la voir de plus près c'était une créature d'azur, elle mourrait d'impatience d'en apprendre plus, de découvrir le monde à travers ses souvenirs et ses récits. Un garde s'approcha et enchaina la créature, refermant un bracelet en métal sur une de ses pattes arrières attaché à une longue et lourde chaine, un autre ouvrit la cage la laissant libre de ses mouvements, et recula aussi vite, les deux archers responsables de sa capture agrippèrent l'extrémité de la chaine la tenant fermement. Mébael accapara son attention.
- J'ai pensée que ce serait un cadeau approprié pour une princesse en particulier de la part de son époux en présent de mariage, j'ai aperçu cette créature en m'aventurant un peu trop loin au cours d'une partie de chasse, non loin de votre cité, la foret d'Evira se termine par une immense chute d'eau dont on ne voit pas la fin et personne ne s'y aventure c'est donc non loin d'ici que je l'ai aperçue. La chute d'eau l'avait prise au piège après une longue traque et je l'ai capturé pour vous. Annaëlle sentit une aura de fierté le transcender et même si la « longue traque » n'avait été rajoutée que pour se donner un peu de contenance elle le lui pardonna et le remercia d'une façon qu'elle voulu chaleureuse tout en agrippant son poignet, il méritait amplement sa gratitude après tout il lui avait offert le plus beau présent qu'elle pouvait espérer. La possibilité de communiquer avec une telle créature était inconcevable et pourtant elle lui appartenait.
Un banquet abondant fut dressé dans la salle principale, des fruits de toutes sortes encerclaient les plats de gibier fraichement chassés, sur les tables en bois longues de plusieurs mètres étaient parsemées les mêmes pétales dorés que dans l'allée menant à l'autel, Annaëlle reconnue l'empreinte de Méanne. « Où était elle dont passée? » Une foule d'invité la retenait, l'incitant à lever sa coupe avec eux en l'honneur de son union avec Mébael, de la première union réunissant deux royaumes étrangers. Leurs voeux de bonheur lui remplit le coeur de joie, pourtant meurtri et ce bain de festivité lui redonna le sourire il fallait simplement qu'elle en oublie la source et tout irait bien, « Tout irait bien » Elle s'en persuada.
- Je sais que ce jour n'est sans doute pas le plus beau de votre vie après tout nous avons été unis sans l'avoir demandé, mais je vous remercie de sourire de la sorte devant les invités venant de nos deux royaumes, ce n'est pas une journée pour la morosité. Mébael s'était décidé à engager la conversation, il semblait reconnaissant de son comportement, il n'y avait pourtant pas de faux semblant, le coeur de sa femme souriait simplement en faisant abstraction du désagréable.
- Je ne puis qu'être de votre avis, leur joie est communicative et qui plus est je souris à la paix que nous parviendrons à entretenir par notre union. Elle espérait installer une relation pacifique avec Mébael, tout en maintenant la barrière qu'elle s'employait à dresser devant lui pour William.
- Le banquet est à votre goût ? Il semblait vouloir continuer le semblant de conversation qu'il avait engagé et la princesse bien élevée qu'elle était lui répondit par courtoisie.
- Il est au goût du peuple de la cité d'Uropi donc il est au mien.
- Bien, la cité d'Ancaria adoptera donc ces goûts pour leur nouvelle princesse. Il articula distinctement sans décoller le regard de sa coupe à moitié pleine, ou à moitié vide, question de point de vue, qu'il faisait tourner sur elle-même. Il manqua de la renverser à plusieurs reprises mais continua son geste compulsif, ses paroles lui arrachèrent un sentiment plaisant et ses joues déjà réchauffées par le vin devinrent écarlates, Annaëlle ne voulait pas de ces attentions particulières elle ne le méritait pas. « J'aime un autre homme que mon mari, je n'ai aucun droit de les accepter ». Il semblait vouloir lui plaire et gagner sa confiance pour mieux gagner son coeur, ses conclusions étaient peut-être trop précipitées mais là était son ressenti. Mébael se réjouit de cette réaction cutanée embarrassante, elle le supposa à son sourire qui lui donna la force de lâcher cette satanée coupe de vin.
- Après le banquet viendra le temps des présents, je vous inviterait donc à prendre place sur le trône prévu à cet effet lorsqu'il sera terminé. Je vous en informe auquel cas vous voudriez vous changer, il n'est plus approprié de porter cette robe après le repas qui suit une union royale mais vous le savez n'est ce pas ?
- Oui je le ferais, elle se retrouva bien désorientée donnant une réponse évasive, « Comment Méanne avait pu omettre un détail aussi important, ce n'est pas le jour pour paraitre inconvenante » elle perdit son sang froid. Finissant à la hâte son plateau avalant les derniers grains de raisins tiédis par la chaleur de la viande faisandée elle se leva repoussant le lourd siège derrière elle dans l'espoir de prendre congé auprès du prince de Séan et des invités à sa table. Elle devait trouver Méanne, elle avait perdue son repère comme un pirate sans boussole, désorienté au milieu d'un océan de larmes. Mébael qui avait d'autres plans en tête, freina son élan.
- Mais avant il me faut vous présenter à ma famille en bonne et due forme. Son époux se leva et se dirigea à l'endroit où le Roi Auguste s'était attablé, entouré de nombreuses têtes couronnées partageant leur nourriture. Elle lui emboita le pas, traversant la salle encombrée de longues tables alourdit par les plats cuisinés en grande quantité, trainant les pieds, excédée par cet imprévu. Elle n'allait pas s'échapper inutile de la retenir de la sorte. Il remarqua dans sa démarche des signes de protestations évidents et en paru blessé. Il détourna le regard sans porter attention au bon vouloir de sa femme comme désintéressé du fait qu'elle le suive ou non. Arrivé aux côtés de son père qui discutaillait de chose et d'autres tout en engloutissant des quantité de viande et de pommes de terre impressionnante, Mébael l'introduisit à sa famille.
- Je vous présente mon père, le Roi Flavien et ma mère la Reine Opale régnant sur Ancaria, la cité dont nous hériterons, et dont nos enfants hériterons après notre mort. « Nos enfants ? Mais bien-sûr allons dont ! Je ne suis rien de plus qu'une enveloppe sans âme prête à enfanter dès la première consommation de ce mariage sans amour » Ses prunelles étincelèrent d'une rage contrite et son voile relevé depuis les jardins ne lui permit guère de le cacher. « Pour cette simple remarque il va en voir de toutes les couleurs et des couleurs bien sombres » pensa-t-elle.
- Quel belle enfant avons nous là, j'ai remarquée beaucoup de grâce et d'élégance dans votre démarche qui vous a conduit jusqu'à mon fils aîné dans votre cathédrale céleste. Quoique cela manquait quelque peu d'assurance, vous avez mit un temps considérable, mais ce n'est que mon avis. J'ai moi même été bien intimidée le jour de mon mariage avec ce Roi un peu trop porté sur la boisson. Elle regarda le Roi Flavien du coin de l'oeil mais celui ci ne prêta aucune attention aux propos accusateurs de sa femme. Par ailleurs votre vin est d'une grande qualité, un goût délicieux pour un enivrement quasi instantané. Mais je m'égares pardonnez moi, revenons à votre délicate beauté. Cette femme aux traits finement dessinés étaient quelques peu déformés par des rondeurs malvenues. Ses manières étaient presque grossières et son sourire trop peu sincère. Elle énonça sa remarque d'un ton qu'elle voulut sardonique et Annaëlle le décela sur l'instant. Le regard noisette de cette Reine semblait apposer un jugement si hâtif à son égard qu'elle ne pu lui inspirer aucune sympathie sur le moment. « Si je comptais me faire apprécier de la Reine, rien n'était gagné d'avance et même mon plus beau sourire ne pourrait biaiser son jugement ». Quant au Roi Flavien, il ne décrocha pas un mot se contentant de la toiser le nez rosi par le vin, arborant un sourire béa, sa longue barbe grisâtre, presque jaunit à certains endroits manqua plusieurs fois de se retrouvée baignée dans son plateau. L'inconfort de son armure se devinait à ses sourcils renfrognés lorsqu'il se redressait. Il ne semblait pas détestable non plus, mais n'avait rien d'un grand Roi pour autant. Deux jeunes hommes l'arrachèrent à ses observations. L'un d'entre eux abandonna les côtés d'une femme qu'elle reconnaissait bien, un visage arrondi, de longs cheveux noirs parfaitement lisses et de grands yeux gris qu'elle ne pu percevoir à cette distance mais dont elle n'avait pu en oublier la profondeur abyssale. Elle avait assisté à l'union de son étoile dans la cathédrale de la cité de Jobèl, une année lunaire plus tôt.
- Présente nous également à cette jolie demoiselle que voilà. Un jeune homme élancé aux yeux noisettes et aux lèvres fines posa sur elle un regard inquisiteur.
- Gabriel et Théodore mes deux frères Cadet. Répondit Mébael avec une pointe d'amertume dans le regard.
- Où est dont passée Cassandre ? S'enquit ce dernier auprès de sa mère. Il détourna rapidement l'attention portée à sa femme incitant ses frères à partager ses inquiétudes mais ils n'en furent pas réceptifs.
- Ce n'est plus une enfant et ce n'est pas Victoria. Elle a du s'octroyer une petite visite de la citadelle. La Reine parue exacerbée par cette remarque venant troubler sa tranquillité.
- Sans escorte ? S'indigna-t-il, une inquiétude injustifiée raisonnant dans sa voix et Annaëlle en décela la nature infondée qu'elle cherchait à apaiser par des mots qui ne venaient pas.
- Mon fils, nous ne sommes pas en territoire ennemie par conséquent cet enfant n'est pas en danger. Annaëlle ne pouvait la contredire sur ce point, son mari ne pouvait douter de sa sécurité sans heurter ses sentiments.
- A votre place je n'en serais pas si sure, une créature sauvage se repose en ce moment même dans les jardins entourant cette cité, c'est un présent pour Annaëlle, mais j'ai bien peur que cela ai été une bien dangereuse idée. Je n'aurais pas du l'emprisonner. Si elle cherche à regagner sa liberté, elle y parviendra sans encombre. Son coeur s'affola emplit d'un sentiment étranger lorsqu'il avait prononcé son prénom avec tant d'aisance et de familiarité.
- En tant qu'ainé je vous pensais bien plus consciencieux, allez dont vérifier le calme de cette bête. De quelle nature est elle ? Une inquiétude maternelle ne manifesta enfin, mêlée d'une curiosité pernicieuse animant le regard de cette femme dont les paroles l'irritaient crescendo.
- Un simple tigre doté d'un pelage aussi blanc que neige et nervuré de noir. Avait-il répondu se voulant imprécis dans la description de cet animal qui avait tant fasciné sa femme.
- Oh très bon choix, faites en donc une descente de lit pour votre chambre. Cette femme toute Reine soit elle n'échapperait pas à l'indignation qu'elle provoquait en elle et la princesse ne pu la réprimer plus longuement.
- Je ne pense pas que cette créature mérite un tel destin ma Dame. Rétorqua Annaëlle, le regard de la Reine Opale s'emplit de surprise et sa bouche entrouverte n'eut pas le temps de déverser son venin de serpent sur la petite princesse effrontée.
- Excusez nous, il nous faut la retrouver et mon épouse me sera d'une grande aide pour me repérer dans sa propre demeure. Mébael attrapa fermement son bras et l'entraina hors de cette grande salle où l'atmosphère n'était plus la même, l'esprit de fête ayant laissé place à la brume épaisse de profonds désaccords.
Ils se dirigèrent vers la grande porte à la recherche de Cassandre, Annaëlle n'avait même pas été informée de son lien de parenté avec cette Cassandre, ou plutôt cette enfant comme elle en avait été qualifiée. En ayant une brève idée elle le lui demanda tout en le suivant vers les jardins, vers la créature d'Azur. « Pourquoi s'inquiétait il autant ? Comment pouvait-elle être en danger à Uropi ? » Penser cette créature comme étant une menace pour la sécurité de cette Cassandre était inconcevable à ses yeux.
- Pouvez vous au moins me dire qui nous cherchons ? Elle soulevait sa robe encombrante tout en suivant la cadence de ses pas qui s'accéléraient de façon déraisonnable, comme si le pire était à venir et que le temps leur était compté pour la retrouver.
- Elle est ma jeune soeur, elle n'est âgée que de quatorze lunes rouges.
- De part votre inquiétude alarmante je m'imaginais une enfant de cinq ans tout au plus, calmez votre coeur, je suis sûr qu'elle va bien. Cette créature ne lui fera jamais de mal.
- C'est une de vos connaissances à présent ? quelques minutes à la contempler hors de sa cage sans vous faire attaquer et tout danger est écarté ? Pardonnez moi si je ne partage pas votre confiance aveugle. Il rétorqua de façon agressive comme blessée du fait qu'elle ne s'en soit pas retrouvé aussi concernée.
- Vous n'avez pas le droit de douter de mes dires si ouvertement, me prenez vous pour une sotte sans discernement aimant se jeter à bras ouvert dans la geule du loup ? Elle va bien, je vous en prie ne douter pas ainsi de mon ressenti.
- J'aimerais vous croire mais vous ne pouvez m'apporter de certitude tant que nous ne l'aurons pas retrouvée. Mébael accéléra la cadence de ses pas et Annaëlle dû presque courir pour le rattraper. A présent hors d'haleine ils arrivèrent devant la cage de l'animal le plus redoutable de leur monde selon les dires de son mari. Une jeune fille fluette se tenait aux pieds de la cage de la créature endormie, aucune flammes ne parcouraient son pelage de neige qui se soulevait à chaque respiration profonde, les yeux clos elle paraissait envoyée des étoiles pour les protéger de tout danger. Et ils retrouvèrent la jeune fille du nom de Cassandre qui la contemplait avec tendresse.
- Vous voyez il n'y avait pas de quoi s'alarmer de la sorte. Les iris de jade de son mari étaient à peine perceptible mais il ne voulait lui donner raison et alla à la rencontre de sa jeune soeur, la sermonnant bien durement tout en l'enlaçant de ses bras puissant.
- Mon frère je t'en prie ne soit pas si remontrant, je ne faisait rien de mal, je resterais prêt de toi jusqu'à ce qu'un prince ridicule m'enlève sur son beau destrier. Me privant de ta protection pareil à un bouclier de fer-diamant. Cassandre repoussa l'étreinte de son frère et se plongea dans le miroir de souvenirs que reflétaient ses prunelles.
- Tu es bien trop précieuse pour m'être enlevé alors cesse de plaisanter avec tant d'insouciance. Il la réprimanda de plus belle, renforçant son autorité.
- Comme tu voudras ! Présente moi à celle pour qui ton étoile à traversée l'univers, vous êtes liés par notre ciel céleste, et elle est aussi ma famille à présent. Annaëlle était à quelques mètres de cette adorable scène de retrouvailles et s'approcha de la princesse aux cheveux d'un châtain gourmand rappelant le chocolat, aussi lisse et parfait qu'un pan de soie. Ses yeux étaient un doux mélange de vert et de marron, s'alternant avec l'intensité changeante de la lumière du soleil. Des yeux similaires à ceux de Théodore et de Gabriel quoique la nature l'ai dotée de notes de vert plus intenses. Son petit nez avait un bout recourbé vers le haut, lui donnant un air espiègle de fée, ses pommettes hautes étaient mouchetée de tâches de rousseurs et ses lèvres pleine lui rappelait celles de Mébael, joliment dessinées et charnues, la lèvre du haut plus épaisse que sa complémentaire voisine du bas.
- Je sais qu'il est inutile de me présenter mais je prendrais plaisir à le faire. Annaëlle native du royaume de Léandre et princesse de la cité d'Uropi.
- Cassandre, princesse d'Ancaria, native du royaume de Séan auquel vous appartenez à présent. Rien de la Reine ne transparaissait au travers de cette jeune princesse qu'il lui tardait de mieux connaitre. Et j'en suis ravie, vraiment. Rajouta-t-elle dans l'empressement ayant devinée que son approbation lui était nécessaire, elle était tout de même inattendue mais bienvenue. Ses paroles réchauffèrent un coeur bien douloureux à ranimer au creux de sa poitrine.
- A défaut de partager votre sang j'aspire à devenir votre sœur. Annaëlle le lui confessa en toute sincérité, car même si elle doutait de pouvoir un jour la compter parmi ses alliées son jeune âge et son visage déserté par la méprise et le jugement lui apportait un sentiment confiant des plus plaisant. Mébael la remit sur ses deux pieds laissant sa robe orangée retomber le long de ses jambes, le tissus était froissée par sa précédente position à même le sol, elle dénoua le bandeau turquoise soulignant sa taille pour refaire une boucle plus jolie qu'elle positionna en biais, le tissus fluide retombant sur le côté droit de ses hanches. Les épaules de Cassandre étaient recouvertes de spallières en métal léger qui soulignaient fidèlement sa petite carrure ne la rendant guère plus imposante que nécessaire. Les spallières se rejoignaient en passant par ses clavicules, et remontant au niveau du cou, elle portait comme un colletin de métal d'or, décoré de feuilles de chêne martelées, agrémentées de pierres oranges s'apparentant à l'aspect du jade. Le tout étant maintenu par plusieurs cordons de cuir fins noués derrière son dos, de part et d'autre de ses omoplates. Annaëlle détaillait cet accoutrement et l'enviait étrangement, elle qui n'aimait que l'ennuyante sobriété. Cela lui donnait tant d'assurance et de prestance qu'elle voulu adopter cette mode qui lui était pour le moment, étrangère.
- Regagnons la salle de réception, nos invités, nobles tout autant que gens du peuple sont impatient de vous offrir leur présent. Lui fit il remarquer, ses inquiétudes s'étaient dissipées et il était à présent disposé à lui accorder un sourire mais elle réalisa qu'il était temps de retrouver Méanne ou du moins de monter dans ses appartement pour se changer et enfin ôter cette robe aveuglante de lumière.
- Je vous rejoindrais après avoir revêtit quelque chose de plus confortable, ne m'attendez pas. Leur répondit-elle tout en s'éloignant d'eux d'un pas mal assuré, elle quitta les jardins.
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