Chapitre 7

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Un grand bureau sculpté dans un bois nervuré trônait au milieu de la pièce devant un vitrail diaphane assemblé de triangles et de losanges rouges et orangés, séparés par des baguettes de cuivre traçant les contours des formes géométriques. Au crépuscule une lumière chaude emplissait l'espace. La Reine Opale tenait une plume de paon entre son pouce et son indexe, la trempant dans une encre noire avant de l'appliquer en lettres incurvées sur un papier de roseau. La salle des plumes était réservée à l'archivage des missives reçues et des copies de celles envoyées, mais elle était là plupart du temps occupée par la Reine d'Ancaria. Cette dernière s'occupait avec méthode de la lecture, la rédaction et l'archivage des messages politiques.

- Mère, le soleil décline et ils ne sont toujours pas rentrés. Leur repas les attendait ce midi, les domestiques étaient prêtes à les servir. Cassandre interrompit la reine et cette dernière reposa sa plume dans l'encrier sans décoller son regard qui courait sur le papier de roseau.

- Quand ce n'est pas Mébael qui s'inquiète pour toi c'est toi qui t'inquiètes pour ton frère. Vous me donnez la migraine. Laissons les s'apprivoiser un peu. S'ils ne sont pas rentrés demain j'enverrais deux gardes royaux. Elle lui répondit tout en démontrant une certaine lassitude.

- J'avais oubliée que vous ne connaissiez pas ce sentiment, même pour vos propres enfants. La jeune princesse gagna l'attention qu'elle méritait et sa mère la toisa, surprise d'un tel aplomb.

- Tu parles des héritiers de notre cité, ce ne sont pas des enfants, ils savent pertinemment qu'ils n'ont pas le droit de prendre de risque. Elle répliqua d'une intonation détachée.

- Ca ne veux pas dire qu'aucun danger ne peut les atteindre pour autant. Renchérit-elle.

- Cassandre tu m'épuises, j'ai bien d'autre chose à penser, ton père est bien trop encré dans sa nonchalance affligeante pour s'occuper des affaires de notre cité alors laisse moi m'en charger et va te divertir ailleurs. Elle se replongea dans sa rédaction, reprenant la plume souple qui retombait lâchement sur son poignet.

- Vous m'évincer comme toujours. La princesse des Amaryllis n'obstinait à gagner l'intérêt de sa mère.

- C'est Annaëlle qui prendra ma place et ma plume un jour pas toi. J'ai une montagne de missive à lire et à rédiger. Prépare nos corbeaux blancs dans la volerie si cela t'aide à te sentir plus concernée. La reine était à court d'argument pour congédier sa dernière fleur et retrouver sa tranquillité.

- Très bien mère. La princesse finit par abandonner ses efforts inutiles et s'apprêtait à quitter la salle des plumes emportant avec elle ses inquiétudes lorsque sa mère l'interpella.

- Ah oui j'oubliais et un corbeau noir également. Elle énonça sa requête avec son détachement habituel.

- Une mauvaise nouvelle à délivrer ? Elle s'enquit.

- Une que nous avons reçue, le Roi Auguste est mort et sans héritier mâle. La cité d'Uropi est à nous à présent ton père va en être ravie, enfin j'espères que cela va le sortir de son désintérêt maladif. Cette funeste nouvelle vient donc de paire avec une plus réjouissante tu ne trouves pas ? Son regard brillait à présent d'une lueur inconnue.

- Mais qui va reprendre les rênes de cette cité ? Mébael ne peux pas partir! Le cœur de Cassandre s'affolait déraisonnablement.

- C'est bien pour ça que j'y envoie Théodore il est le seul à ne s'être encore marié, nous trouverons bien une princesse de Léandre à lui faire épouser.

- Vous ne pouvez pas exiler votre propre fils de sa cité, de son royaume! S'indigna la jeune fleur.

- Ma fille.. Ne comprendras tu donc jamais la politique ? Mébael est uni à Annaëlle uniquement parce que j'ai du promettre notre protection à son père après sa mort, et cette protection c'est Théodore qui va se charger de la représenter. Je ne briserais pas ma promesse sous prétexte que tu ne veux pas perdre un frère. En attendant que cela se concrétise les conseillers du Roi défunt se chargerons de représenter Uropi et de masquer sa vulnérabilité passagère. Par ailleurs je compte sur toi pour ne rien mentionner de notre petite discution à Annaëlle, ni a qui que ce soit. Je te fait confiance alors ne me déçoit pas. Et pas un mot de plus. Avec un peu de chance ils rentrerons avant même que tu n'ai fini ce que je t'ai demandé et tu verra que j'avais raison de les laisser batifoler sans m'inquiéter.

- Cela vous ferais bien trop plaisir. Et elle s'éloigna de la salle des plumes refermant la porte sur la Reine qui était déjà retournée à sa tâche dans la plus grande indifférence pour les sollicitations de sa fille.

*

Annaëlle s'éveilla, saisie par le vent de la nuit qui la fit frissonner, le tissus de sa robe était encore humide mais il avait perdu en transparence. Ses cheveux emprisonnés dans une natte épaisse qui peinait à sécher lui glaçaient le crâne. Elle releva le buste s'aidant de son coude et de sa main puis s'agenouilla face à Mébael qui ne se lassait pas de la contempler les yeux à demi clos. Le voyant se redresser contre l'arbre qui le soutenait elle engagea la conversation.

- Votre tête ? Elle s'enquit, espérant que les talents de ses Cybèles se soient révélés bénéfiques et véridiques.

- La fièvre ne m'a pas encore dévorée. Il lui répondit dans l'espoir de rasséréner les traits de son visage.

- J'ai détachée votre cheval tout à l'heure vous ne m'en voulez pas ? Elle s'employait à le maintenir éveillé par leur échange de propos.

- Je ne me souviens pas l'avoir attaché. Ne vous inquiétez pas il connaît bien le chemin avec un peu de chance nous n'aurons pas à subir l'hostilité de la nuit trop longtemps. Nous serons retrouvé rapidement grâce à lui. Il lui répondit sans plus de méfiance tendis qu'elle venait de trahir son hésitation condamnable en effet c'était elle qui l'avait attachée pour ensuite le détacher et lui fouetter le train.

- Peut être pas, c'est définitivement Arion le plus rapide et j'ai omis de l'attacher, je vous avait devancée de beaucoup avant que vous ne décidiez de vous arrêter.

- Vous avez détaché mon cheval et oublié d'attacher le votre ? Je ne vous connaissais pas si étourdie. Il rétorqua, interloqué.

- Excusez moi de n'avoir pensez à rien d'autre qu'à ma propre peur avant de sauter dans le vide ! Elle articula un demi mensonge, omettant consciencieusement la corde de coton qu'elle était parvenue à materialiser après l'avoir tressée par la seule force de son esprit renforcée par l'essence de la nature qui la traversait.

- Vous avez quoi ? J'ai pensé que.. J'ai pensé que vous aviez contournée la cascade par en bas !

- Je n'avais pas plusieurs heures à gaspiller, en contournant j'aurais dû me laisser glisser le long d'une pente abrupte jalonnée de rochers et continuer à pieds ensuite. Et puis cette option me paraissait tout aussi dangereuse, j'aurais pu m'empaler sur une branche cassée vous savez. Elle défendit tant bien que mal l'option qu'elle avait choisit.

- Donc vous avez décidée de sauter priant les étoiles pour vous éviter d'être assommée par un rocher et de vous noyer c'est bien ça. Articula Mébael d'une voix qui semblait peu à peu reprendre des forces.

- C'est à peu près ça. Avoua-t-elle, soulagée que son demi mensonge ne soit pas soupçonné.

- Vous avez pris des risques insensés. Il lui sembla tout aussi moralisateur qu'attendrie.

- Je me voyais difficilement rentrer à Ancaria sans vous ou au moins votre corps. On m'aurait vite accusée de vous avoir assassinée. Annaëlle rétorqua prestement étouffant le faible espoir de considération que son mari avait cru déceler.

- Je comprends. Il paru si désappointé à l'écoute de ses motivations héroïques qu'il se redressa pour s'allonger sur l'herbe, s'éloignant de sa femme, tremblante de froid mais qui n'osait l'avouer et il n'avait pas d'en l'idée de se risquer à lui proposer une quelconque chaleur humaine qu'elle s'empresserait de refuser.

De longues minutes plus tard qui lui paru s'écouler au ralenti, ils entendirent des bruits de sabots assourdissants frapper contre la terre.

- Je ne sais lequel d'Alam ou d'Arion à été le plus rapide à dépêcher un peu de secours mais il a été bien lent à retrouver le chemin. Elle était bien trop épuisée pour se montrée reconnaissante. Mébael ne releva pas sa remarque et se contenta de se retourner en direction des bruits de sabots familiers. Ils n'aperçurent bientôt qu'un cheval sans cavalier qu'Annaëlle reconnu immédiatement.

- Arion, comment as tu fais pour nous retrouver ? Elle s'adressa à l'animal dont les reflets bleutés de sa robe noire étaient à peine perceptibles à la lueur de la lune sans pour autant attendre de réponse.

- A défaut d'être un cheval qui parle il m'a plutôt l'air intelligent. Mébael se redressa difficilement et pris soin de prendre le plus de temps possible à se mettre debout pour ne pas tanguer comme une barque prise dans une tempête infernale. Annaëlle lui proposa ses épaules mais il refusa. Un refus dont il expérimenta bien vite les conséquences et la barque vacilla prise dans une bourrasque de vent passagère, il se rattrapa contre un des cèdres qui les encerclaient sur plusieurs kilomètres, l'écorce arrachée par endroit lui écorcha sa première phalange extérieure.

- Laissez moi conduire les rênes, vos idées ne sont sans doute pas plus éclaircies que tout à l'heure. Elle répliqua, froissée d'avoir essuyée un refus dont elle s'empressa d'empêcher le prochain par une requête autoritaire.

- Ne profitez pas trop de mon état, je me sens presque castré par votre assurance à toute épreuve. Elle avait raison, en temps normal il n'aurait jamais dit une chose pareille et l'embarras le gagna.

- Mais je dois reconnaître que vous m'impressionner. Bredouilla-t-il, tentant maladroitement une pirouette de rattrapage.

- Personne n'est là pour me sermonner ni vous reprocher votre docilité. Elle répliqua d'une voix empruntée à la douceur des rosées matinales tendis que ses joues se réchauffaient par un compliment maladroitement exprimé par son mari. Il était impressionnée, peut être n'avait elle eut jamais besoin de réclamer les faveurs de l'étoile du courage, peut être cette dernière avait elle jugée sa requête inutile et qu'elle devait apprendre d'elle même à se montrer brave.

- Ne rêvassez pas trop c'est ce coup sur la tête qui ramollit ma volonté. Elle se retourna vers Arion et esquissa un sourire satisfait que Mébael ne pût percevoir. Elle monta en premier et incita Arion à baisser le trin pour palier à la difficulté de son mari qui manquait cruellement d'équilibre et de force vitale drainée par la quantité de sang qui s'était écoulé de sa plaie.

La princesse des Aurums engageait un trot lorsqu'elle aperçue à quelques mètres les gardes royaux envoyés pour les ramener. Ils avaient du suivre Arion dont la cadence du galop les avaient grandemment devancé juste le temps pour les deux étoiles soeurs de monter le cheval des légendes que l'on évitait de conter. Elle reconnue Théodore pour guide éclairant leur chemin d'une lanterne à la lumière bleuté, dotant le feuillage des arbres d'une ombre dansante qui lui glaça le sang. Galopant vers l'éclaireur, elle sentit les mains de Mébael glisser de sa taille jusqu'à ses hanches et elle ralentie prestement pour amoindrir une chute qu'elle ne pouvait empêcher sans se laisser entrainer, elle sursauta par le bruit de son corps dolent heurtant le sentier. Théodore descendit de cheval rapprochant la flamme d'azur près de son frère et constatant avec horreur la pâleur de ses traits, il dévisagea Annaëlle.

- Que s'est il passé ? Une forte inquiétude animait ses traits durcis mais apercevant bien vite le cataplasme aposé sur la plaie de son frère il choisit de ne pas accabler la princesse étrangère sans connaissance de cause.

- Un rocher à manqué de lui fendre le crâne, aidez moi à le relever. Ils soulevèrent ensemble le corps fiévreux du prince, et les gardes royaux s'affairèrent à l'attacher fermement à dos de cheval. Ils traversèrent la forêt des cèdres, passèrent la foret d'automne et rejoignirent Ancaria avant l'aube.

*

Les Alchims entrainèrent le prince dans ses appartements et Annaëlle l'abandonna pour les cuisines, rejoignant les domestiques à une allure déraisonnable.

- Pouvez vous me trouver de la farine de lin ? Elle demanda à la petite assemblée de domestique qui s'affairait dans les cuisines, hors d'haleine, les yeux de Daphné se portèrent avec curiosité sur les taches de sang maculant le tissus arraché qui recouvrait sa Dame et elle répondit à sa requête sans la questionner pour autant.

- Nous avons du lin que la cité d'Eolia nous échange contre notre avoine. Nous recevons la plante dans sa totalité mais nous l'utilisons principalement pour sa fibre pour confectionner nos tissus.

- Certaines variétés ont une fleur bleu au bout et d'autres un capitule renfermant de nombreuses graines, laquelle des deux échangez vous contre l'avoine ? Elle s'ensuit dans l'empressement.

- Les deux ma Dame j'ai déjà eut la tache de sélectionner les fibres les plus résistantes. Mais les graines ne sont évidemment pas broyée.

- Je vois, au moins nous en avons à disposition, c'est bien plus que ce que je n'aurais espérée. Une fois les graines broyées il faudra faire chauffer le tout à très haute température, et une fois refroidie la pâte obtenue s'expanse et se transforme en farine. Articula Annaëlle détachant chacun des mots qu'elle prononçait pour s'assurer de gagner toute l'attention de Daphné.

- Où avez vous dont apprit tout cela ? La domestique à son habitude si discrète ne pu réprimer sa curiosité.

- Auprès de l'équivalent de vos Alchims mais en bien plus compétentes.

- Des femmes guérisseuses ? Daphné maudit sa curiosité mais ne pu s'empêcher de questionner sa Dame qui semblait apprécier ce soudain intérêt.

- Es ce si étonnant ? Nos Cybèles sont les gardiennes de Léandre. Annaëlle lui répondit, une pointe de fierté dans le regard.

Cassandre apparue dans les cuisines et Daphné impassible mais bien trop intriguée par les connaissances des Cybèles, envoya d'autres domestiques quérir les précieuses graines de lin pour pouvoir rester auprès de sa Dame.

- Je vous remercie. La princesse des Amaryllis vint trouver les mains de sa belle-sœur les pressant contre les siennes mais remarquant son air interloquée elle renchérit.

- Vous auriez pu prétendre ne rien connaitre des plantes officinales, mais vous n'en avez rien fait et pour cela je vous remercie.

- Vous me remerciez de ne pas l'avoir laissé mourrir ? Sa voix s'étrangla aux souvenirs de son hésitation passé, lorsqu'elle s'était entêtée à l'abandonner attendant un signe céleste pour l'en dissuader, un signe qu'Arion s'était empressé d'incarner.

- Je vous remercie de l'avoir sauvé, votre repartie défensive semble faire part de votre curieuse personnalité alors que je l'aurais pensé uniquement destinée à mon frère. Je vous avoue que j'en suis rassurée. Laissons les Alchims s'occuper de lui vous êtes sans doute épuisée mais avant cela je vous invites à m'accompagner dans les bains. Après tout vous en avez grandement besoin.

- Enseignez moi le procédé ma Dame je superviserais les méthodes de nos Alchims que je ne peux vous empêcher de considérer comme douteuses comparées à vos Cybèles. Vous pouvez quitter les cuisines ce n'est pas votre place et à en juger par votre apparence vous en avez bien trop fait ne vous inquiétez pas je veillerais. Annaëlle l'informa que Mébael était gravement blessé, sa domestique l'avait sans doute devinée mais elle pensa à juste titre que des explications à minima étaient nécessaires. Elle reprit le procédé dès le début, les graines de lin, la température élevée, la farine obtenue après quelques heures de séchage, les feuilles d'Achillée millefeuille broyées qu'elle s'était dévouée à mâchée un peu plus tôt, et dont elle en avait rapportée une petite quantité et enfin de l'eau froide constituant le dernier ingrédient pour obtenir une pâte homogène, un cataplasme efficace. Elle déroula ses explications devant une domestique plus qu'attentive et quitta les cuisines avec une certaine confiance en cette dernière, méthodique et efficace elle ne ferait aucune erreur, elle en était persuadée.

*

Cassandre l'entraîna dans une grande pièce aux murs de pierre, seul un vitrail comparable à celui de la salle des plumes mais ne rivalisant en rien avec celui trônant dans la cathédrale d'Uropi éclairait le sol de la pièce d'une lumière vaporeuse. La lune gibbeuse renvoyait son éclat aux travers des morceaux de verre transparents assemblés en une immense fleur d'Amarillys. Encastrés dans le sol de la pièce, une dizaine de renfoncements rectangulaires étaient remplis d'un liquide fumant envahissant l'espace de vapeur d'eau.

- Une source de montagne différentes pour chacun de ces bains. Choisissez le votre. Annaëlle s'avança vers un des bains elle choisit celui dans l'angle gauche de la pièce, dans l'ombre du vitrail reflétant la lune. Elle se déshabilla, ôtant ce qui restait de sa robe blanche dont elle avait arraché la plus grande partie du tissus, et éclaboussée de sang en nettoyant la plaie de son mari. Elle abandonna ses bottes boueuses et fit glisser son pantalon de cuir à ses pieds. Elle grimaça de douleur en se hissant de ses bras pour se glisser dans l'eau, l'adrénaline lui avait fait oubliée sa côte cassée mais la douleur qui l'avait épargnée décida de refaire surface sans prévenir et elle porta discrètement sa main à ses côtés en grimaçant.

- Vous êtes blessée ? S'enquit Cassandre, le visage alerte.

- Ce n'est rien. Elle enleva sa main apposée sur sa côte endolorie faisant bientôt courir ses doigts à la surface de l'eau.

- Annaëlle, laissez au moins à nos Alchims le soin de vous examiner. Elle avait prononcée son prénom d'une manière propre à Méanne lorsqu'elle la réprimandait avec douceur mais fermeté. Mais elle avait une confiance limitée en ces hommes qui se prétendaient guérisseurs, regrettant de loin les talents officinaux des Cybèles.

- Je dois avoir une côte cassée, ils ne peuvent rien pour moi, je n'ai plus qu'à attendre patiemment que cela se résorbe.

- Et vous prétendez que ce n'est rien ? Ils pourraient peut être accélérer le processus de guérison sait on jamais. Cassandre insista d'avantage mais malgré une douleur lancinante elle ne répondit pas et se recentra sur cette souffrance qui lui rappelait amèrement son hésitation passagère. Sans Arion elle l'aurait peut être abandonnée ou peut être aurait elle rebroussée chemin trop tard et elle l'aurait retrouvée gisant au sol, vidé de son sang écoulé de sa plaie dont elle avait mit un temps considérable à en arrêter le saignement. L'astre d'argent avait abandonné le ciel depuis une bonne heure pour laissé place au levé du soleil lorsque Cassandre sorti du bain qu'elle avait choisit lorsque sa belle-sœur avait préférée s'enfermer dans un mutisme obstiné.

- Je vais rejoindre mes appartements, si vous changer d'avis concernant nos Alchims faites le moi savoir. Je vais quérir Lithanie pour vous, il vous faut des vêtements propres. Elle lui adressa un large sourire et quitta la pièce lorsque la princesse épuisée le lui rendit. De longues minutes plus tard la porte se rouvrit mais au lieu d'accueillir Lithanie c'est Séléné qui fit son entrée.

- Puis je me joindre à vous ? Annaëlle acquiesça, ramenant ses genoux contre sa poitrine, déstabilisé par ses grands yeux gris et le fait qu'elle soit la femme d'un homme qu'elle mésestimait. Séléné se délesta de sa robe et Annaëlle le regard pétrifiée apposé sur un corps dont elle s'imaginait la peau exempte d'imperfections, ses lèvres presque entrouvertes incita la princesse à défendre son bourreau avec un empressement coupable.

- Ne me regardez pas ainsi, il n'a rien d'inhumain je vous pris de me croire.

- Pourquoi vous embarrasser à le défendre dans ce cas ? Seule la morale nous éloigne de nos instincts primaires et votre mari m'en paraît dépourvu. Elle reprit les dires de Méanne dans leur exact contenu donnant à ses propos l'impact souhaité. Concernant Gabriel elle n'avait besoin de sa Cybèle pour constater qu'il en était dénué, que la morale lui était parfaitement étrangère.

- Je serais bien embarrassée de ne pas le faire, ma Dame. Séléné entra dans le bain le plus proche de la princesse

- Grand bien vous fasse mais n'osez me dire que vous vous complaisez dans ce mariage.

- J'accepte votre jugement mais accepter que le mien soit aussi éloigné du vôtre que la terre l'est du soleil.

- Je m'excuses de cette offense mais modérer mes propos à l'écoute des vôtres m'est impossible. Elle constata avec horreur que la princesse des ancolies se rapprochait dangereusement de la frontière du dolorisme.

- Mais ma Dame si je suis incapable de l'aimer qui le fera ? Il est mon mari je lui dois cette sincère dévotion.

- Dévotion est bien le mot qu'il convient, celui d'amour aurait inquiété les sentiments d'amitié que j'avais dans l'idée de vous porter.

- Si votre assentiment à son égard fait écho à l'amitié que je pourrais vous inspirez alors j'en suit très touchée.

- Le mot est faible croyez moi. Puisque vous exposer sans honte, presque fièrement la vue de votre corps tacheté d'ecchymoses c'est que votre esprit est assez puissant pour supporter un tel despote alors en y réfléchissant à quoi bon m'offusquer des coup porté à votre encontre. Elle espérait que Séléné décèle le sarcasme irritant de ses paroles, que l'embarras la gagne, ou qu'une quelconque trace de pudeur vienne susciter chez la princesse des ancolies le sentiment d'une entrave à sa personne propre la confrontant à sa situation tout sauf acceptable. Elle n'était pas sans savoir qu'elle n'avait aucun droit de s'en mêler mais l'abhorration qu'elle avait pour Gabriel s'était muée en devoir de protection envers son épouse qu'elle se surpris à affectionner et qui par amour ou dévotion était piégée dans un aveuglement hébété. Mais son visage ruisselant sous l'effet de la chaleur des bains n'exprima en rien l'effet escompté et au contraire elle cru déceler une certaine humeur désireuse, aguicheuse, comme animé par des souvenirs fraîchement expérimentés, son regard lui paru nostalgique perdu dans le reflet de l'eau tressaillante sous les vagues de sa respiration.

- Il ne fait cela que dans un contexte particulier.. La douleur n'est pas la seul sensation à rentrer en jeu. Séléné avait qualifié ses expérience de jeu, un jeu bien dangereux à son goût malgré une curiosité pernicieuse pour l'immoralité. Observant des yeux écarquillés de surprise et des joues rosies par la gêne, celle d'imaginer la nature de ce jeu dangereux Séléné compris que ses insinuations avaient été interprété comme il le fallait et Annaëlle réprima ses pensées coupant court à la conversation.

Lithanie entra dans la pièce deux paires d'yeux rivés sur elle, elle s'approcha de sa Dame à tâtons ignorant leur regard et déposa une robe propre à l'entrée de la pièce éloignée de la vapeur d'eau, dans un premier enfoncement séparé des bains encore fumants par un immense arc voûté.

- Voulez vous un peu de cervoise à la lavande ? J'ai eu l'occasion d'y goûter à la table de mon époux et je ne peux m'en passer depuis. Tout en regardant la domestique silencieuse, Annaëlle s'adressa à la princesse des ancolies, emblème de sa cité passée. Et la domestique repartit le regard fuyant, quérir la boisson souhaitée.

- Comme je vous comprends. Le vin est si insipide de ce côté du monde, sans vouloir privez mon peuple d'un talent bien-sûr mais pour avoir eu l'occasion de goûter au vin d'Uropi le jour de votre mariage je ne puis en aucun cas vous contredire sur ce point et encore moins refuser un verre de cervoise. Elles attendirent patiemment le retour de la domestique qui leur servit une coupe pleine tout en emportant le pichet de céramique éloignant le reste de la boisson respectant les indications de Mébael mais Annaëlle n'y prêta aucune attention.

- Trinquons a notre amitié naissante et futur.

- Et à mes inquiétudes renforcées par les zones d'ombre que vous venez d'éclairer. Elles levèrent leur coupe à l'unisson et le liquide pétillant mouilla bientôt leur lèvres.

- Je doit vous reconnaître un talent bien particulier Annaëlle native de Léandre. Séléné reposa sa coupe sur la surface plane de la pièce dans l'ombre de la lune.

- Et quel est il ? Répliqua-t-elle tout en avalant une deuxième gorgée de cervoise.

- Celui de parler sur un ton de persiflage et de sarcasme en bien des circonstances.

- Vous venez de me dépeindre un portrait peu flatteur.

- Au contraire je trouve que votre esprit est habile en parole et que cela ne peux que vous avantager dans le monde.

- Si cela vient de vous je le prends comme un compliment.

- Mais ce n'est pas autrement qu'il fallait l'entendre. Elle la gratifia d'un sourire tout en portant sa coupe à ses lèvres minces. Tendis que le regard d'Annaëlle se portait sur ses poignets violacés par endroits.

- Vous brûler sans doute de me demander pourquoi une telle dévotion ? Pourquoi une telle attirance ? Et je vous répondrais consciencieusement que le but de l'existence est de se sentir vivant, existant. Et quel meilleur moyen pour se sentir en vie que de se sentir en danger ?

- Si c'est ainsi que vous concevez le but de votre vie, c'est d'un masochisme accablant.

- Sans doute, mais c'est la nature de l'Homme.

- Je ne suis pas d'accord sur ce point, c'est la nature de certains hommes mais pas de tous les hommes. Avec de telles affirmations elle noircissait un tableau déjà bien assez pauvre en couleurs vives, éclatantes, chaude comme le sang qui bouillonnait dans leurs veines par la chaleur exagérée de l'eau dans laquelle elles étaient plongé. Ne faites pas de votre cas une généralité et encore moins une finalité.

- C'est un sujet sur lequel nous demeurerons sur des positions opposés. Mais nous en avons tellement d'autres à aborder.

- Parlez moi dont de vos loisirs à la citadelle, je m'en remet à vous.

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