Il n’y a rien dans la vie que je ne souhaite plus qu’une vie bien rangée, que la sensation de trouver ma place, de me faire un nid et de m’y plonger dans une sorte de plaisir de l’habitude, de la routine. Je ne suis pas Lavande, ma vie peut paraître bien insignifiante que je m’en contenterai, c’est pour cela qu’elle n’arrive pas à être heureuse, à se libérer… l’ambition profonde la dévore, elle a toujours voulu sortir des sentiers battus, devenir quelqu’un, elle-même me le disait “la vie doit avoir un sens Espoir, sans cela, on est voué à n’être que de simples rats d'égouts avec quelques cybérologies dans la peau.”

L’heure de la pause, tout est extrêmement bien rodé à Yuan-Ming. Il est 12h15, déjà les bureaux se vident, les travailleurs doivent se nourrir et reprendre le travail dans une demi-heure, tout pile.

Seulement Espoir n’a pas faim, devant ses holoécrans, sur son bureau en verre, il tape des doigts, produisant un bruyant tintement. Il pense à sa sœur, il ne peut pas s’en empêcher, cela fait maintenant trop longtemps qu’elle l’ignore, alors que lui, chaque jour, donne des nouvelles. Oui, il comprend la frustration, mais elle doit accepter son choix. Si elle veut terminer sa vie dans la misère et le regret…

Que de pensées parasites qui le crispent, lui donnent l’envie de s’ouvrir le crâne pour aller les chercher et les écraser entre deux doigts.

Il n’y a plus personne, déjà. Il se lève de sa chaise, pensif, se tourne puis tombe nez à nez avec son IA personnelle.

Monsieur 278 ?

— Meï, je suis désolé, je ne crois pas t’avoir demandé, je dois aller m…

Mais il fut immédiatement coupé, l’holo de la jeune femme asiatique n’était pas dans un état normal. Je dois absolument vous montrer quelque chose. L’hologramme de la jeune femme asiatique était légèrement brouillé, d’une résolution qui n’était pas coutume, le visage paraissait même transcrire une certaine inquiétude. Espoir, curieux, prit une inspiration mais ne sut que sortir comme mots.

Je comprends votre surprise monsieur 278, je me suis assurée que personne ne puisse nous observer, faites moi confiance. Cependant nous n’avons que trop peu de temps.

— Mais de quoi parles tu bon sang ? demanda-t-il alors que ses sourcils se froncèrent davantage, il s’efforçait de chuchoter malgré les lourdes émotions qui s’emparaient de lui.

C’est à propos de madame 278. Vous devez me suivre.