Chapitre 6 - Partie 5
— Et Gwen, elle va bien Gwen ? Toujours ensemble ?
Une tasse de thé à la main, la stip’ souffla la fumée qui s’en échappait, brouillant la vision de Lazarus… son appartement était agencé en deux parties distinctes : le lit et le coin cuisine d’un côté, les armes, munitions et autres explosifs de l’autre. Aucun doute pour Lavande, c’était toujours le même type devant elle.
— Merveilleusement bien ouais, elle a trouvé du boulot dans la cybersécurité, c’est cool mais on s’voit plus trop.
— Top, sacré ascension pour une p’tite de Junt Acre.
— Je te le fais pas dire.
L’ambiance était au malaise, l’une avait ignoré l’autre du jour au lendemain et le temps n’avait pas encore guéri cette plaie.
— Et… Espoir ? Gwen m’a dit qu’il était parti pour Weng’, t’as pas trop d’mal ?
Lavande préféra siroter le thé plutôt que de répondre la gorge serrée, elle ne voulait montrer aucune blessure, aucune faille, ce gars là savait s’y engouffrer. Une fois qu’elle avait pesté faute d’une langue brûlée, elle posa ses iris dans celles de Lazarus. Il avait troqué l’un de ses deux yeux pour installer une cybérol’, un globe noir avec un point rouge au centre…
— Dommage, tu avais deux beaux yeux de jades à l’époque.
— Je ne savais pas qu’ils te plaisaient je l’aurai laissé comme tel autrement.
— Un Eyorator ? Hexa je suppose ?
— Ne tourne pas autour du pot Lava’, c’est ton frère c’est ça ? Tu ne m’aurais jamais rappelé autrement.
Il passa sa main de chrome doré dans sa chevelure blonde mi-longue… qu’elle haïssait sa coupe de cheveux, ce visage chérubin et ce sourire moqueur… elle exécrait Lazarus et sa stupide arrogance.
— Oui. Espoir est dans la merde, j’ai besoin d’argent, j’ai un contrat avec Gunther et…
— Et tu ne veux pas te salir les mains alors tu viens me demander conseil ?
Elle prit une nouvelle gorgée, il l’a connaissait, cela l’agaçait d’autant plus.
— Ecoute Lava’, si tu veux je m’en occupe pour toi, je récupère 20% et je te laisse le reste.
— Nan, que je le fasse ou que je commandite quelqu’un, c’est la même.
Assis sur une chaise en face du canapé où elle était installée, il paraissait n’avoir qu’une envie : la rejoindre. Le stip’ à moitié cyberologique prit le temps d’articuler sa réponse.
— Si c’est pour ton frère, tu devrais faire ce qu’on te demande. le Lord est un fils de pute, mais c’est loin d’être le pire… par contre, selon ce qu’il te demande, tu vas avoir besoin de mon aide.
— P't'être bien ouais.
— Et même si je t’adore… en dépit de ta disparition soudaine ces derniers mois… je ne fais rien gratuitement.
— Je sais.
— Alors va falloir, si tu veux mon aide, qu’on se mette d’accord sur un prix, tous les deux, ton joli minois ne me suffit pas.
— Lazarus ?
— Quoi ?
— Tu sais pourquoi je voulais plus te voir ?
— Parce que tu craquais pour moi et que tu ne supportais pas cette idée ?
— Parce que Gwen est une fille bien et que toi t’es un sacré enculé de me draguer ouvertement comme tu le fais.
Le stip’ soupira, il se prit la tête dans ses mains puis posa de nouveau son attention sur Lavande.
— Gwen et moi… c’est compliqué… et ça n’a rien à voir… bon, alors, tu décides quoi ?
— Faut que je pèse le pour et le contre.
— Et si tu venais à recueillir mon aide ?
— Un bisous sur la joue et je suis gentille.
— Et après c’est moi qui drague ?
Lavande roula des yeux mais ne put empêcher un petit rictus qui révéla une fossette trop peu discrète.
— Toi, et moi, comme avant, parut supplier Lazarus alors qu’il se leva pour la rejoindre sur le canapé.
La stip’ se décala, ne souhaitant pas qu’il se colle trop à elle.
— Il n’y a jamais rien eu entre nous.
— Des contrats , je parlais de ça, toi non ?
Elle le toisa, d’un noir, mais celui-ci n’était pas aussi intense qu’elle l’aurait souhaitée. Non, il y avait une part qu’elle ne pouvait cacher, un charme qu’elle n’arrivait pas à contenir, il lui faisait la cour et cela lui plaisait, au fond d’elle, jamais elle n’avait vraiment résisté, c’était bien pour ça qu’elle avait fui. Mais Lavande était têtu, et elle n’était certainement pas là pour succomber à un quelconque désir.
— Cesse donc, s’il te plaît… supplia-t-elle, alors qu’elle se rendit compte que sa voix était plus douce, bien moins sèche, il avait déjà gagné bien trop de terrain.
— Cesse quoi ?
— Ce n’est pas le moment, j’ai mon frère… mon frère à sauver…
— Et tu comptes faire quoi, là, maintenant, t’as pas un rond, ton contrat c’est demain, tu ferais mieux de te soulager, d’arrêter l’angoisse.
Sur ces derniers mots, Lazarus posa une main sur la cuisse de la stip’ qui posa la sienne par-dessus.
— Non, protesta Lavande qui se voulait ferme en dépit du désir qui montait en elle, Gwen, t’y penses à Gwen ?
Comme un sauvetage la pensée de son amie qu’elle ne voulait trahir vient lui porter suffisamment d'arguments pour retirer la main de Lazarus.
— Rien à faire de Gwen d’accord ? Je ne veux que toi Lavande, je n’ai toujours voulu que toi…
La contre attaque fut impitoyable, le navire était touché, l’alarme sonnait, et voilà qu’il coulait tandis que Lazarus s'attaquait directement à son cou. Elle sentit la chaleur du jeune homme et soudain une explosion quelque part au creux de son corps et de sa cervelle… un feu d’artifice, un relâchement, de la tendresse et un soupçon de désir charnel. Elle voulait l'attraper, l'embrasser, lui déchirer ses vêtements, qu’il l’attrape et… sa pensée se brouilla, elle se contint, le temps ralentit, elle le vit remonter vers ses lèvres, ou descendre elle ne sut trop… elle ne voulait pas y penser, pas dans un moment pareil, pourtant l’inquiétude subsistait et des émotions contradictoires s’emparaient d’elle tandis qu’il s’attela à la dévêtir, à attraper ses seins et la mordre, en descendant lentement sur son corps pour rejoindre le vagin. Il était lent, suffisamment pour qu’elle prenne le temps d'apprécier, de regretter, de désirer… dans un état de semi-conscience dont les dessins composaient avec l’érotisme. D’un geste incontrôlable elle attrapa les cheveux de son amant qui frôlait humidité avec humidité pour jouer avec ses sensations, elle n’aimait pas ça, elle préférait ne pas se sentir frustré, ne pas dévoiler trop… mais il était impitoyable, expérimenté, il guidait chacun des flots de désir, chacun des plaisirs et elle sentit qu’elle perdait du terrain, ou bien même qu’elle n’avait plus rien si ce n’est une maigre accroche à sa capillarité. Elle eut une première verve qui vibra ses cordes vocales et sans bouche fermé elle aurait déjà chantée.
Alors il sut que c’était le moment, il remonta, encore lentement, la langue encore dehors, traçant une ligne discontinue sur ses grains de beauté qui se terminait jusqu’à ses lèvres, le haut cette fois. Il n’y avait plus de pudeur, le baiser fut échangé sans remords, le plaisir attrapé par les dents, croqué, tandis qu’elle sentait une masse se glisser vers la cime d’Himéros. Là elle ne put fermer, elle tremblait même, tandis qu’il s’engageait dans un échange d’escrime torride où les sueurs faisaient office de combinaisons ; un cri puis deux. Il était trop tard pour faire marche arrière, bien trop pour s’excuser, elle l’attrapa, planta ses griffes dans son dos et elle se permit le premier échange de regard, c’était à elle de prendre le contrôle, elle lui faisait bien comprendre, elle sentait qu’il le sentait, elle intima le mouvement et d’une certaine habileté c’était elle qui le chevauchait dorénavant, sur un canapé bruyant, que les voisins au-dessous devaient maudire… mais peu importe, l’Amazone supplantait le mâle et de longues effluves d’hormones transformèrent les deux êtres en un, ils se voyaient, s’échangeaient, se guidaient et se rythmaient. La quintessence de cette danse millénaire survint alors qu’il poussa son cri, synonyme de fin pour lui, elle résonna, fit l’écho, mais elle ne voulait pas que ça s’arrête, c’est là qu’elle le surprit, que la situation se retourna pour de bon, il agrippa ses hanches, ne se contrôlait plus, elle l’avait dans sa toile, elle l’emmenait en Pothosie, il ne voyait plus que sa lueur, que ses yeux pralins, ses formes se voûtant et le touché de ses galbes. Il était à elle, tout entier. Quand elle eut terminé avec sa proie, elle s’abaissa, jouant du toucher de ses tétons sur son torse, pour venir lui attraper la bouche, un dernier baiser…
Annotations
Versions