Chapitre 8 - Partie 1
Comme un cosmos.
Des étoiles en guise d’étincelles de souvenirs.
Le néant, la fatalité de l'oubli.
Qu’est il arrivé ?
Meï ? Pourquoi est-elle si importante ?
Un doux visage, le regard mesquin, mais le charme…
Concentre toi…
On dirait l’espace.
Elle plongea sa main dans ce tunnel kaléidoscopique, elle disparut.
Où suis-je ? Comme une forme de… mémoire, elle est fragmentée, pourquoi ?
Un visage, celui d’Espoir.
Tu es vraiment mort petit frère ?
Le sentiment d’abandon.
J’ai peur, j’ai peur d’être seule… me laisse pas…
Des images revinrent ; papa jouant avec eux, Espoir qui l’espionnait quand elle avait son premier petit copain, les anniversaires au Diner du coin, ses premières expériences, ses victoires aux tournois de combats libres… Elle sourit.
Puis d’autres ; ses premières blessures, les violences dans la rue, Rhae… abandonner Espoir…
Pourquoi suis-je partie ?
Papa mort, Tony en taule, Espoir disparu, Lazarus profiteur…
J’ai mal…
Des drônes, des tirs, la perte de contrôle, la jambe…
Ma jambe…
Du vide, il n’y avait plus rien. Elle flottait, petit à petit, le fil de sa vie se déroulait devant elle. Des questions qu’elle s’interdisait… qui est maman ? Espoir est-il mort ? Qui est exactement Meï ? Que s’est il vraiment passé à Wangchao ?
Suis-je morte ?
Un tourbillon, une lumière au bout. Elle était tout autant artificielle que les néons de NV, il n’y a plus une putain de lumière naturelle dans ce monde, même dans l’au delà…
Néanmoins, plus elle s’en approchait, plus elle sentait une chaleur l’envahir, elle n’était pas d'autre part, elle émanait d’elle, regagnait ses membres. Puis elle comprit, la terrible réalité, elle n’était pas en train de quitter son corps, son âme ne réalisait pas le moindre voyage astral vers un monde meilleur. Elle retournait là bas, dans le Monde, sans jambe, sans famille, sans espoir. Elle n’avait pas envie, elle avait suffisamment lutté, elle n’arriverait jamais à récupérer son frère, elle s’y résolvait à chaque seconde qui s’écoulait, il était mort, voilà tout.
***
Ce fut d’abord un frisson, un très long, qui passa partout dans son corps, sauf à sa jambe droite. Elle n’arrivait pas à bouger. Une voix de femme :
— Arrête de lutter p’tite idiote !
Elle ne la connaissait pas. Il y avait une lumière, forte, elle ne voyait rien que du blanc éclatant, éblouissant. Puis soudain elle sentit des aiguilles s’enfoncer dans ses globes occulaires, elle hurla, sa voix était brisée.
— Ouais ouais, je sais, je sais, ça va passer. Si tu veux revoir un jour, faut passer par là.
Revoir ? Ah merde… les Yanjing, c’était la fois de trop.
Étrangement, elle ne ressentait pas de choc à sa soudaine cécité, comme si elle s’y attendait, comme si, de toute manière, plus rien n’avait d’importance.
— Impec’, ça va mettre du temps à revenir. Il va te falloir une cyberéduc’ de pointe, heureusement t’as une sacrée médecin devant toi… enfin tu ne me vois pas mais crois moi.
Lavande tenta de répondre mais elle bredouilla des grésillements incompréhensibles.
— Ta jambe… ouais… on a installé un HexaRunning un peu vieillot et usé, juste le temps de trouver mieux, enfin si tu veux bien nous rejoindre, sinon pas de jolie cybérol’ pour toi, c’est la condition du boss.
Le boss ?
— Je te donne peut être trop d’informations, repose toi pour l’instant, de toute façon c’est pas comme si t’avais le choix. On viendra t’expliquer tout ça le moment venu.
Lavande sentait petit à petit l’air sur son épiderme, il y avait du vent, ils étaient à l’extérieur… sur un véhicule peut-être ? Il y avait un son caractéristique de moteur électrique.
— Je reviens d’ici quelques heures, à toute à l’heure… qui que tu sois !
Attends…
Elle entendit le bruit d’une portière se refermant.
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