Une rivalité troublante

9 minutes de lecture

De retour au travail, je fonce en direction de mon bureau et ferme la porte rapidement. Je colle mon dos contre la porte, et pose les mains sur ma poitrine. Je peux sentir mon cœur tambouriner énergiquement. Il veut me revoir et pas en tant que collègue ! J’ai du mal à garder mon sang froid à cette pensée. Lui qui est si distingué… pourquoi s’intéresserait-il à une femme comme moi ?

Je suis coupée dans ma réflexion quand j’entends quelqu’un frapper doucement à ma porte. J’essais tant bien que mal de retrouver mon calme.

Je prends une grande inspiration, me claque énergiquement les joues, et l’ouvre. Je découvre Eden, qui me fait un grand sourire :

- Tu vas bien ? Je t’ai aperçue courir dans le hall d’entrée !

Je soupire :

- Ça va, ne t’en fais pas… j’ai eu une journée assez… mouvementée...

Il me regarde avec un air surpris :

- Que s’est-il passé ? Au fait, tu as pu apprécier mon café ?

- A vrai dire je n’ai pas eu le temps de le boire… monsieur James a prit la tasse de mes mains et m’a ensuite demandé de l’accompagner à un rendez-vous pour rencontrer un journaliste.

Le visage d’Eden se décompose, et il ne dit plus un mot. Ne comprenant pas sa réaction, je continue la discussion :

- Le journaliste en question n’est finalement pas venu, alors…

Il me coupe la parole :

- Tu as quelque-chose de prévu après le boulot ? On pourrait aller boire un verre, ça pourrait t’aider à évacuer le stress de la journée ?

Sortir ? Je déteste ça… mais il me regarde avec tant d’insistance que je n’ose pas refuser l’invitation.

- D’accord, mais je ne voudrais pas rentrer trop tard ce soir…

- Je comprends, si je peux te voler une heure ou deux ce sera déjà très bien ! On pourra faire connaissance comme ça. Tu auras au moins un ami à qui parler ici.

- Merci, c’est vraiment gentil.

- A quelle heure tu termines ce soir ?

Je jette un œil à ma montre un instant :

- Je peux me libérer pour dix-huit heures. Ça te convient ?

- C’est parfait ! On se retrouve à l’accueil si tu veux ?

- Oui, on fait comme ça !

- Super ! A tout-à-l ‘heure alors !

J’acquiesce en lui souriant, il me rend mon sourire et quitte le couloir. Je pensais en avoir enfin terminé avec les rendez-vous, mais il faut croire que la vie ne l’entendait pas de cette manière. Je m’assois derrière mon ordinateur, en repensant à Manoé. Je n’arrive définitivement pas à me le sortir de la tête… j’ai peur pour la suite...

J’essaie tant bien que mal de me remettre au travail, je pourrais réfléchir à mes sentiments le concernant plus tard. Pour le moment, je dois rester professionnelle.

***

Les heures passent et je me lève pour ranger mes affaires. La journée à été riche en émotions, je me sens vide d’énergie. Je mets ma veste et ferme mon bureau à clef. Je tourne la tête vers celui de Manoé, comme si au fond j’espérais l’apercevoir. Je me tape le front, puis continue mon chemin pour rejoindre Eden, qui m’attend en bas.

Quand j’arrive enfin, il m’accueille avec un grand sourire en tapotant énergiquement sa montre. Je me dépêche de venir à lui, et lui sourit :

- Tu as quinze minutes de retard ! J’avais peur que tu ne viennes pas…

- Excuse-moi, je voulais terminer ma lecture !

Il pose sa main sur ma tête pour m’ébouriffer gentiment les cheveux. Surprise, j’ai un mouvement de recul. Il se met à rire, puis dit :

- Ne t’excuse pas ! Le principal c’est que tu sois là… mais comme tu es arrivée avec du retard, tu me devras soit du temps en plus, soit un autre rendez-vous ! Pas vrai ?!

Un autre rendez-vous ?! Alors il ne compte pas me laisser tranquille après ça… Je lui réponds avec un sourire :

- Tu verras déjà si je ne suis pas trop ennuyeuse !

- Je suis certain que tu ne l’es pas ! dit-il en me prenant par le bras.

Je le regarde, un peu gênée par ce rapprochement soudain, puis nous commençons à marcher en direction de la sortie. Au moment où Eden ouvre la porte, Manoé se tient devant nous, immobile. Les deux hommes ne bougent plus et se fixent avec un air menaçant.

En voyant mon patron, mon cœur recommence à se déchaîner et mes joues chauffent. Il me dévisage et finit par regarder le bras d’Eden tenant le mien. Je tente alors de me libérer, mais Eden l’immobilise. Il est trop fort et mes efforts sont vains. Je me sens tellement mal… que va penser Manoé face à cette situation ?! Il me tient un peu plus ardemment et me traîne dehors, en heurtant violemment monsieur James. Dans l’impossibilité de m’échapper, je me retourne pour regarder son visage s’éloigner. Il nous fixe et ne bouge pas. Le souffle court, je tente de freiner mon collègue :

- Eden…

Il continue sa route vers le parking et ne réagit pas. Je suis dans l’incompréhension la plus totale. Il faut que je sache ce qu’il se passe entre ces deux-là... la proposition de cette soirée est une aubaine. J’espère alors pouvoir lui soutirer quelques informations sur leur relation…

Nous arrivons devant sa voiture. Il me lâche enfin :

- Eden… qu’est ce qui vient de se passer ?!... Pourquoi tu…

Il m’interrompt :

- Bon, on a assez perdu de temps tu ne crois pas ? Et si on allait dans un bar ? J’en connais un sympa à quelques minutes d’ici.

Le visage toujours tendu, il se place côté conducteur et allume le moteur. Je pense que ça risque d’être compliqué d’avoir une explication. Je monte à mon tour, et n’insiste pas d’avantage.

J’attache ma ceinture, puis nous commençons à rouler. Je regarde par la fenêtre la pluie tomber :

- Heureusement j’ai un parapluie dans le coffre pour toi !

Je tourne mon regard vers Eden, qui semble avoir retrouvé son sourire. J’apprécie cette facette de sa personnalité. Il est si lumineux, si doux, c’est réconfortant. Il est très sociable, tout l’opposé de Manoé…

Après quelques minutes nous arrivons devant le bar. Il se gare :

- Ne bouge pas, je vais prendre le parapluie et t’ouvrir la porte, sinon tu vas être trempée.

- Mais… et toi ?

Il plonge son regard dans le mien, et reprend :

- Tu es mon invitée, je dois prendre soin de toi !

Il m’effleure les cheveux, me sourit, puis sort de la voiture. Il prend son parapluie dans le coffre et m’ouvre la portière. Il me tend la main :

- Si madame veut bien se donner la peine…

Je ris à ses mots, attrape sa main chaude et sors à mon tour. Il m’abrite sous le parapluie, et nous marchons d’un pas rapide vers le bar.

Nous nous installons à une table. Le serveur vient à nous :

- On va prendre un whisky ! dit-il avec entrain.

J’ouvre les yeux en grand et dis :

- J’aurais préféré quelque-chose de plus…

- Ça te fera du bien après cette journée, et tu seras plus décontractée pour parler !

- Tu as raison… j’en ai bien besoin !

Le serveur prend note et se retire.

Nous sommes en tête à tête. Il me fixe, je lui adresse un sourire :

- Ce soir, je veux que tu te détendes. Que tu me parles de tout… de rien… Tout ce qu’il te passe par la tête, me dit-il, les yeux brillants.

- L’alcool sera le bienvenu alors !

Nous nous mettons à rire, le barman nous apporte nos verres, et nous passons une soirée étonnamment fabuleuse.

Quand la nuit se met à tomber, nous décidons de partir. Nous sortons du bar et regagnons la voiture.

- Je vais te ramener chez toi, d’accord ?

- Merci beaucoup !

Nous partons en direction de mon immeuble en continuons à parler de tout et de rien, comme il le voulait. Pour la première fois depuis longtemps, je redécouvre les joies de partager un moment agréable avec un ami.

Nous arrivons à destination. Il stoppe son véhicule, et me regarde :

- Merci Kimi pour cette superbe soirée. Tu vois, tu n’es pas ennuyeuse !

- Merci à toi pour l’invitation. Rentre bien, je te dis à demain !

Il m’adresse un sourire que je n’avais pas encore vu jusque-là. Il semblait différent. Il m’ébouriffe une fois de plus les cheveux, je lui souris une dernière fois, puis prends la direction de mon appartement.

Une fois arrivée, je pose mes affaires, et vais me préparer un petit encas rapide. Pour la première fois depuis longtemps, j’ai de l’appétit, et je mange sourire aux lèvres. Eden est quelqu’un de bien, j’espère qu’on deviendra de bons amis. Il a réussi à me faire oublier la journée éprouvante que j’avais passée. Ce soir, je suis calme, et je ne mets pas longtemps à trouver le sommeil.

***

Ce matin, je me fais réveiller par la brise du soleil. J'émerge doucement. Curieusement, je me sens bien, je n’ai pas sommeil. J’attrape mon réveil pour regarder l’heure :

- Oh merde !!! Je suis en retard !!!, Dis-je, affolée.

Je comprends pourquoi je ne suis pas fatiguée ! Hier soir j’ai complètement oublié de régler l’alarme ! Dans un mouvement de panique, je saute du lit, m’habille à toute allure, me brosse les dents énergiquement, et fonce en direction du bus, en courant de toutes mes forces.

Une fois arrivée à l’arrêt, je sautille en l’attendant impatiemment. Il arrive dix minutes plus tard. Je monte rapidement, prends place, et constate en m’assayant, par mon reflet à la fenêtre, que j’ai complètement oublié de me coiffer. J’essaie alors tant bien que mal, par des mouvements pressants, de limiter les dégâts.

Les minutes défilent, et j’arrive enfin. Je continue ma course folle pour atteindre le hall d’entrée. J’ouvre la porte violemment, et fais sursauter les hôtesses qui me regardent d’un drôle d’air.

Zoé vient à moi à la hâte :

- Kimi, ça va ? Monsieur Garcia est venu nous demander si nous avions eu de tes nouvelles, il paraît que tu as deux heures de retard !

Encore essoufflée, je jette un œil à l’horloge. Ça craint… je reprends mon souffle pour lui répondre :

- J’ai complètement oublié de régler mon réveil hier soir…

- Il va falloir que tu te rendes dans son bureau pour lui dire que tu es arrivée. J’espère qu’il sera compréhensif…

Mon cœur s’accélère.

- J’y vais tout de suite.

Elle me dévisage un instant :

- En revanche… tes cheveux c’est un peu la pagaille… reviens me voir après, j’ai une brosse dans mon sac…

- Merci.

A ces mots, je quitte rapidement la conversation pour me rendre au quatrième étage, quand Zoé hausse le ton :

- Kimi, attend ! J’ai quelque chose pour toi !

Je retourne vers elle :

- Oui ?

Elle me tend une lettre :

- Un homme nous a déposer une lettre pour toi ce matin.

- Une lettre ? Lui dis-je, surprise.

Qui pourrait bien m'envoyer ça? Personne ne connaît l'adresse de mon travail pourtant... je la prends, et constate qu'il n'y a aucunes indications sur la personne qui me l'a laissée. Au vu de mon retard je ne m'attarde pas plus et la met dans mon sac tout en remerciant Zoé.

Je presse le pas vers l’ascenseur pour atteindre le bureau de monsieur Garcia. Je constate qu’il n’y a personne et décide alors d’attendre quelques minutes devant celui-ci. Le temps passe, et j’entends l’ascenseur s’ouvrir. Des bruits de pas résonnent dans le couloir, et bientôt, monsieur Garcia accompagné de Manoé arrivent à moi en me fixant durement.

Mon cœur palpite. Mes deux patrons vont surement me passer un savon !

Monsieur Garcia prend alors la parole sur un ton sévère :

- Mademoiselle Leroy ! Quel honneur ! J’espère que vous avez une bonne explication pour votre retard.

Je regarde Manoé, qui semble lui aussi agacé. Mon cœur fait des bonds rapides. Maintenant, que va-t-il penser de moi ? Je baisse le regard et répond :

- Excusez-moi… je pensais avoir régler mon réveil…

Monsieur Garcia me coupe la parole :

- Prenez un siège dans mon bureau, nous allons devoir avoir une petite discussion.

Je commence à y entrer quand soudain, Manoé intervient :

- Je vais m’occuper de ça. Elle va venir avec moi.

A ses mots, je me pétrifie sur place et un court silence s’installe. J’ai envie de mourir…

- Comme vous voudrez monsieur James. Elle est à vous ! , Répond le manager.

Monsieur James saisit mon bras, et m’entraîne avec lui dans l’ascenseur.

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