Hypno-confinés
Ce texte serait partial et hypocrite si je ne précisais en préambule, que ma pratique des réseaux sociaux, et de Facebook en particulier m'apporte du plaisir. Mais au bout d'un moment, ce plaisir, cumulatif, de voir, de lire, de partager, d'échanger, de découvrir X publications tourne à vide, à l'écoeurement.
Or, les réseaux sociaux ont été pensés ainsi par leurs concepteurs, sur le mode du zapping, du gavage et de l'addiction. Et lorsque ce trop-plein peine à remplir le vide relationnel de nos vies numérisées, tout en dévorant un temps précieux, que mes yeux commencent à piquer, et que le mal de tête s'installe, alors j'écris ce genre de choses:
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Mets ton corps au vestiaire
et ta vie au placard.
Pas besoin de tout c’ bazar
pour remplir l’entonnoir.
Un pouce bleu pour liker
et des yeux à gaver;
ton cerveau disponible
à péter un fusible:
l’équipement minimal
de l’ère digitale.
Boulimique du clic,
vrai ou fake, faut qu’ça like.
A la surface
des réseaux sociaux,
se mire ton avatar,
miroir mon beau miroir.
Ta vie remplacée par son reflet,
avalée par la Silicon Valley.
Derrière le plafond de verre
de ton écran, personne ne t'entend.
Dans le brouillard de l'anonymat,
seul Big Brother te voit.
Solitudes reliées par milliers,
un ordi pour seul ami.
Tes ailes engluées dans le miel
de tes logiciels.
Crois tu que tes prothèses
te protègent?
Insectes grillés, aveuglés
par la lumière d'un PC,
ou d'un smartphone.
Pauvres pommes!
Va donc faire la morale
à tes enfants
au sujet des écrans.
Ils sont comme leurs parents:
hypno-confinés
pour l’éternité.
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