Ah, non. Pas encore. Offf. C'est puissant... Je ne sais pas d'où ça peut venir. Une effluve passagère, mais sans équivoque, malsaine. J'accélère le pas, je la fuis. J'espère y échapper. Peut-être qu'en me concentrant sur mes pieds ?

Je suis chaussée de mes tennis bleues, achetées dans une grande surface quelconque. Elles me plaisent ces chaussures, elles sont agréables à porter et mignonnes. Je ne les ai pas payées cher. Je peux les mettre sans chaussettes tellement elles sont confortables. Ah, c'est pas vrai ! Elle revient ! Cette fois, c'est sûr, une odeur de pisse ! En pleines narines. Un coup de vent ? Mais le temps est lourd, il n'y a pas une brise. On étouffe, je suis en sueur ; pourtant, je ne sens même pas mon odeur corporelle. Saleté de chats !

J'allonge mes foulées. Je veux poursuivre ma promenade. Je ne cèderai pas ! Plus loin, je sens la merde qui rode. À tous les coups, y a des chiens errants. Quelle poisse ! Quand-même, j'ai beau ne pas y penser, je crains le pire...

J'accélère le rythme, mais il fait trop chaud pour courir. Je scrute le ciel, bleu limpide, pas un nuage. Les arbres sont immobiles le long de mon avenue, tout le monde se traîne, il n'y a que moi pour me dépêcher sous le soleil. Je ne vois pas un seul animal dehors, l'asphalte brûle. Je longe les murs pour grapiller un peu d'ombre. J'atteins ma porte, mon inconscient m'a ramenée chez moi.

Une bouffée de crottin de cheval m'atteint de plein fouet, terrible ! Je me précipite à l'intérieur, comme si cela pouvait mettre un voile entre mon nez et ce qui m'assaille.

Il faut me rendre à l'évidence, ça recommence...

Les hallucinations olfactives sont mes premiers indices. Il me faut mes médicaments. La crise maniaque s'annonce.

Un jour je couperai mon nez...