Je me souviens encore de cette ordure de mec.
Au bout de quelques minutes de conversation, je savais déjà à qui j'avais à faire. Un fou, un taré, un raté. Au début ça me faisait marrer. La situation était invraisemblable.
Il monopolisait la parole dans un flot de mensonges nauséabonds. Il passait son temps à se complimenter. En plus de fou, le mec, complètement, arrogant. C'était pathologique chez lui c'est sûr. Complètement cinglé. Je restais bouche bée, en esquissant discrètement un sourire moqueur de temps à autre, c'était un piège qu'on me tendait, une mauvaise farce. Il me fatiguait terriblement, je voulais m'extirper de ce bordel infernal, mais ma gentillesse me sommait de l'écouter...
"Ouais bon voilà moi je suis cadre, je manage des équipes, j'ai galéré pour en arriver là (qu'est ce que ça peut me faire), j'suis pas né avec une cuillère en or, bon voilà après je suis pas mal physiquement (comme un air de narcissisme, tiens), je le sais car je vois souvent des regards se poser sur moi (il existe plusieurs interprétations au regard, pas forcément celle que tu suggères), je passe pas inaperçu quoi (normal tu dégages une laideur exécrable), je fais pas de sport mais j'aime bien marcher, je marche 10km par jour (mytho, je ne te crois pas), car j'ai un peu de trotte tu vois pour prendre le train (10 km pour prendre le train, c'est louche), j'aime bien le cinéma ouais, d'ailleurs le film que j'ai récemment vu c'est Joker, j'ai vraiment aimé ce film (ça craint)...
J'ai osé l'interrompre, sans succès. Il le prit très mal, et continua de flatter son égo avec la même indécence. "Puis j'aime beaucoup voyager aussi, j'ai visité..." Mon esprit était ailleurs, je ne l'écoutais plus, mais comment m'échapper de ce merdier alors que le mec que j'avais à cet instant en face de moi était potentiellement mon futur employeur... ?