Michaël a toujours aimé les traditions. Il aime se sentir pleinement dans l’ambiance d’une période. Ce pourquoi, en ce 24 décembre au soir, il écoutait l’album « Jingle Bells » de Frank Sinatra et Bing Crosby.

Il rajouta une bûche dans la cheminée et, fredonnant les paroles de White Christmas, il contempla son foyer décoré pour l’occasion. Noël a toujours été une période que Michaël aimait. Les décorations dans le village, les chants et les petits biscuits épicés devant le feu crépitant. Cet engouement pour la préparation du réveillon rendait le jeune homme très joyeux. Il aimait regarder au dehors et apercevoir par les fenêtres de ses voisins les ombres dansantes d’heureuses familles.

En froid avec sa famille, Michaël passait pour la cinquième fois les fêtes seul. Il ne s’en était jamais plaint et cela n’allait sûrement pas commencer aujourd’hui.

Pourtant, il ne pouvait s’empêcher de penser à la jeune femme qu’il avait rencontré plus tôt dans la journée. Elle devait sans doute passer une soirée agréable avec sa famille, partageant un repas savoureux et, dans une bonne heure, elle couperait le pain d’épice qu’elle avait acheté tout à l’heure.

Pris d’un soudain sentiment de solitude, il pensa qu’il aimerait, un jour, partager sa dinde et ses patates douces avec quelqu’un. Il aimerait couper deux parts de la bûche aux marrons pour deux personnes et non parce qu’il a décidé de se resservir. Il aimerait que le tableau de Mark Knopfler à côté de la bibliothèque ne soit pas le seul à le voir ouvrir ses cadeaux. Chaque année, Michaël s’achetait de quoi s’occuper l’esprit le reste des vacances. Cette fois-ci, c'était un vinyle de Radiohead, le DVD du « Fabuleux Destin d’Amélie Poulain » et le magnifique roman de Marcel Pagnol : « Le Château de Ma Mère. »

Lorsque sonnait minuit, il se rendait à la messe dans la petite église de Marcilly. Michaël n’était pas croyant mais il se plaisait dans la contemplation de la crèche vivante. Il aimait voir les yeux des enfants briller devant l’âne et le bœuf et il chérissait ces chants qui remplissaient l’église d’une chaleur inimitable et réconfortante.

Un petit sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu’il pensa de nouveau à la jeune brune de la boulangerie. Elle avait égayé sa journée et ne sortait plus de ses pensées. Si elle n’était pas venue, il serait sans doute resté sur son banc et aurait passé un Noël identique aux précédents dans une triste solitude. Parce que cette année, habité par le sourire et la voix de la belle inconnue du parc, il ne serait pas complétement seul…