Confinement et tartiflette
Contexte
La tartiflette. Un plat que j'adore déguster et que j'abhorre préparer. Partez sans attendre, c'est à n'y rien comprendre.
Bienvenue dans l'histoire d'un soir de confinement ! Voilà à peu près deux semaines que ma santé restait saine. Je tenais le choc tel un roc grâce à mon imagination affligée d'aucune limitation. Le télétravail occupait ma journée, la plume ma soirée.
Sauf que, lors de mes dernières courses d'ours, j'avais commis l'erreur d'acquérir le fatal reblochon du Mal, ingrédient fermement indispensable à une belle tartiflette.
A mon image, ma douce raffole de cette folle préparation. Des jours durant, elle me tourna autour tel un rapace, cherchant à fendre ma carapace de refus. Là où un autre aurait trouvé des compensations faisant sensation, elle s'appliqua à chiner et dénicher des moyens de pression.
Fourbe.
Sa première offensive fut mise en branle. Elle changea le mot de passe Wi-Fi. Puis vint le rabaissant enlèvement de ma console. Les livres suivirent en disparaissant sous un verrou à écrous. Il ne me restait que crayons et papiers pour crier mon amère colère.
Pourtant, je tenais bon. Tout plutôt que faire la fête de la tartiflette !
Alors, elle me porta le coup de grâce en rabattant d'une lenteur de séducteur les replis de sa désirée chemise.
FOURBE !!!
D'Amour elle me comblait, mais l'amour elle me refusait. C'était trop, beaucoup trop... Je n'avais que deux options : soumission ou déclaration de guerre. Hélas, étant avec une militaire, je n'avais guère le choix.
J'ai cédé. J'ai préparé une guillerette tartiflette pour son plus vil plaisir.
Déroulé de la recette
Recette classique d'une petitette tartiflette, avec quelques pincées de mauvaise foi dans l'ordre d'apparition :
« Les patates sont dégueulasses ! Il y a des yeux partout à enlever c'est chiaaaant ! »
« Le couteau est mal affuté et les oignons me font pleurer ! »
« J'ai que 80 gr. de lardons alors que la recette en demande 100 gr. ! »
« J'ai pas le bon plat ! Je peux pas travailler dans de telles conditions ! »
« C'est chaud ! Je me suis brûlée les doigts ! »
Et pendant tout ce temps, à chaque remarque (justifiée), elle me gratifiait d'un fier sourire, elle, ma douce, ma muse, ma soupirante, allongée sur le canapé, uniquement vêtue d'une ample chemise blanche, défaisant un petit bouton noir à chaque étape de la préparation.
Alors, je grognais. Je grognais, puis je me remettais à mes fourneaux et couteaux. Je fermais les yeux pendant les temps de cuisson, je me bouchais les oreilles quand elle soupirait d'aise, j'applaudissais comme une folle à 20h pour penser à autre chose.
Et enfin... voici le plat dans son plat.
Oh...
J'ai... accidentellement mis beaucoup trop de poivre.
Oups !
Conséquences
- Ce confinement va me tuer.
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