Un amour de copine chérie adorée

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Note : L’aspect culinaire est secondaire dans ce chapitre. C’est mon histoire j’fais c’que j’veux ! Nah !

Contexte

Chaque année, je vis un véritable calvaire d’environ avril à juin. En cause ; trois petites lettres toutes mignonnettes et innocentes qui, réunies, me donnent des sueurs froides : la PAC !


Qu’est-ce que la PAC ?


La PAC, Politique Agricole Commune.


Simplement dit ; tous les ans, les agriculteurs font un check-up de leurs parcelles, de leur utilisation (culture, prairie, jachère), de leur historique (précédentes cultures et leur impact sur les prochaines), de leur évolution (agrandissement, vente, location), etc.

La PAC définit l’avenir de l’exploitation, des aides auxquelles leurs gestionnaires auront droit et des redevances qu’ils devront payer au monde entier (Etat, banques, MSA (la sécu sociale des agri), constructeurs agricoles, belle-mère et martiens).

Pour faire leur PAC, ils peuvent faire appel à des gens comme moi, une conseillère agricole, pour les assister. De nos jours, être agriculteur rime avec comptable.


Bref ! Tout ça pour dire que c’est une période infernale, i-n-f-e-r-n-a-l-e, INFERNALE ! Je fais des journées de douze heures, je ne vis plus, je travaille. J’ai dans les cent PAC d’exploitations à boucler avec des agriculteurs qui s’y connaissent rarement en outils informatiques.

Fatalement, à la maison je deviens un poids. Je ne participe plus aux tâches ménagères, je deviens aigre, ronchonne et j’en passe. C’est ma douce qui s’occupe de tout, y compris de mon alimentation. A la maison, l’ambiance est morne. Elle fait des efforts faramineux pour me supporter, si seulement j’étais moins dure à vivre !


Heureusement, il y en a une dans ce couple qui n’abandonnera jamais.

Déroulement

Nous sommes un soir de semaine. Je suis crevée, morte, rada. Il est 20h, je rentre tout juste chez moi. Un rire parvient à mes oreilles, je reconnais Hélène, elle est hilare. Je ne comprends rien, je pose mes affaires, j’ai l’impression de voir trouble, le moral dans les chaussettes et la larme à l’oeil.

A mesure que je progresse dans le couloir, son rire s’amplifie. Je pousse un cri grossier, elle ne me répond pas. Est-ce qu’elle m’a seulement entendu ? Je fulmine, elle m’énerve, j’ai envie de hurler !

J’avance, poings fermés, droit vers la cuisine.


Et la…


Je la trouve, habillée d’un simple haut blanc et d’une jupe courte, pieds et jambes à nue. Elle est adossée, pardon, avachie, contre la fenêtre, un verre de mousse à la main et côtoyant l’intégralité de notre vaisselle lavée, plus le repas achevé et en train de refroidir dans deux Tupperwar.

  • Symphiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

D’affalée sur une vitre froide, elle s’affale sur moi. Son verre lui échappe des mains, je le rattrape de justesse tout en manquant de tomber sous son poids. Elle glousse comme une gamine de quinze ans et m’embrasse dans le cou. Enfin, je dirais plutôt qu’elle se prend pour une vampire.

Trop surprise ou fatiguée pour réagir, je la laisse faire. Elle baragouine quelques paroles incompréhensibles en descendant peu à peu ses lèvres. Elle est fin saoule.

Je l’enserre mollement, un peu honteuse, elle ne me fait pas d’effet ce soir. J’ai tellement le cerveau à l’Ouest que je n’arrive même plus à profiter de ces fugaces instants de plaisir. Toujours la tenant entre mes bras, j’étudie plus en détail l’appartement. Tout est rangé et propre. Le repas semble appétissant ; du poisson agrémenté d’une sauce au brocoli et fromage avec du riz au curry, plus un morceau de pâté avec du pain et des tranches de tomates finement déposées sur des feuilles de salades saupoudrées de sel, poivre et un filet d’huile.

Ma déprime se brise contre son dévouement. Mince, j'ai l’impression de retomber amoureuse. Je baisse la tête, elle a posé son menton entre mes seins, supporté par mon soutien-gorge. Ses yeux sont grands ouverts, les pupilles plus dilatées que celles d’un chat. Elle pétille d’amour, totalement défoncée. Je note la Kwak vide sur le plan de travail. Mince de mince, notre ultime bouteille. C’est quoi cette manie de boire pendant qu’elle cuisine ?!

  • Yé fais à manger, t’as vu !

Je pointe le repas en mimant une sainte prière. Elle pouffe de rire et se libère de mon emprise. Elle titube, j’en profite pour ranger les objets tranchants et préparer la table.

  • Non !

Elle referme le tiroir des couverts. Je ne capte vraiment rien à cette soirée. Soudain, la sonnette retentit. Elle se sauve vers la porte d’entrée, quant à moi, je m'assois dans le canapé. Elle revient rapidement avec une commande probablement passée à la friterie du coin. Elle jette l’ensemble sur mes genoux et s’en retourne à la cuisine.

Mange ça plutôt ! Ça c’est pour demain !

Les Tupperwar sont mis au frigo. Re-mince, elle a pris des hamburgers et trois fois trop de frites. Un repas de reines ! Elle me revient avec deux verres et de l’eau. J’ouvre les paquets fumants d’un soupir amusé.


Je devrais la faire boire plus souvent.

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