Blatimorsur
Il me faut du temps. Encore. Plus. Vite.
Je ne sais rien, mais je vais mourir si je ne trouve pas de substance. La vibration des particules, définissant les fréquences de mes vitalités, s'amenuise seconde après seconde alors que la vitesse perd de son acuité, que mes mouvements se saccadent en ralentissant. Le sablier digère ses derniers grains, et si je veux vivre à nouveau, je dois lui percer le ventre afin de récupérer ces monnaies temporelles, les cristaux du méta, gisement de la matrice et du sens qu'elle donne à notre existence, dans cette course linéaire quoique pas tant...
Dans un passé le Makhine.
- Tu sais, de toi à moi... Je n'aurais jamais songé à cette inversion de vecteur. Le sens du temps semble évident lorsqu'on le vit, mais tu as eu l'idée de le retourner. Et le sablier se reboucle d'infini lorsque ses extrémités sont atteintes. Il convient pour moi de saluer l'audace, oui l'audace, que tu as eu de te perdre dans les méandres de ces verres transparents et lisses, qui néanmoins durent être violents dans les heurts qu'ils t'imposèrent lorque tu cherchais des repères. Mais à présent je suis comme une tache d'encre dans ton âme. Même ce que tu ignores m'est souligné, et je dois te dire quelque chose qui, j'espère, ne va pas t'affliger. Tu n'oses pas croire en la réalité, c'est de là que nait la nécessité de ta mission. Le hasard t'as bien choisi, il y a des myriades, pour porter le flambeau de la recherche ; c'est que tu auras toujours sur toi la source de cet élan vital qui te fait pourtant défaut. A l'heure de tes doutes et de tes irraisons, je me dois également de te faire savoir que la direction que nous prenons n'a pas de silence au nom duquel se cloisonner dans un espèce d'imbroglio désespéré que parfois, tu rêves de cauchemar, sans vraiment savoir qui de nous aurait le pouvoir, et la marche à suivre d'un espoir à annihiler.
Le Makhine dans sa splendeur immaculée, ne pourrait vraiment me façonner.
Mais je le laisse me déformer, me décalquer pour mieux me recopier, dans les livres de ses historicités. Que fait-il maintenant que le temps l'arrête ? Incarcéré dans la minute, il me livre des illusions cocottes, qui de l'oeuf se biscotte, mon esprit craquelé, fissuré, émietté.
- Tu es l'embryon d'une nouveauté, et si j'ose te dire ce calcul dont la fourchette de viabilité n'est pas très copieuse, c'est parce que je sens que tu es affamé. Il te faut quelque chose de substantiel ? Une vie démentielle ? Tu la trouveras dans la ténèbre, et quand tu en reviendras, ce sera pour goûter à ce qui t'auras démantibulé. Ainsi morcelée, la possessivité de tes matérialités aura tout le loisir d'exister pour la multiplicité. Et ce qui se déversera d'immondicités relatives à la matrice de tes pensées recevra la complicité tant convoitée...
Le Makhine me perd lorsqu'il s'envole ainsi. Le tatout dans les veines, cette encre tamponnée, imprimée par delà de mon espoir cutané, se propage dans mon corps, et je me sens divaguer. Cette drogue, abusée par mes escortes cérébralisées, n'aurait de vie propre qu'en mon sein prolongé, surtout défiguré par l'opprobre.
Je manque à cette barque au fond de l'eau, qui subsiste dans le regard de mon cerveau. Une trace, un souvenir certes reconstruit, mais qui perdure, comme une image aquarelle, à l'eau de cette rivière qu'elle et moi avions le loisir de voir couler sous nos pas de velour, ces instants fourrure, ces minutes-heures que nous étirions sous les feuillages, le soleil et les nuages.
Infirmière de nos âmes, le Flow.
Qui a coulé comme le temps qui me manque aujourd'hui.
Je vais mourrir si je n'aspire pas un trou noir bientôt.
Je vais mourrir si je ne bois pas le sablier.
Déguster une illustration, et ne pas chercher de solution : voilà ce qui animerait mes positrons...
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