43. Trio noir (résistance)

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Les façonneurs restèrent à nous tourner autour comme des mouches à cyprine, jusqu’à ce que les défilés furent annoncés. Les gens s’éloignant, Arcan nous dit :

— Je vous ai inscrite au défilé, juste pour faire remonter la température.

L’Impératrice qui attendait que nous fussions un peu plus disponibles nous emboîta le pas.

— La mise en scène était criante de vérité, Mesdemoiselles.

— On l’a très peu travaillée pour que ça soit naturel, confia Geisha.

— C’était réussi. Si j’avais une culotte, elle serait trempée.

Imaginer la vieille femme sans culotte me fit bizarre. Elle n’ajouta rien. Nous approchâmes des estrades. Arcan murmura :

— L’avant-goût de la victoire tapisse mes papilles.

L’hôtesse invita la première poupée à défiler, me laissant avec le même déplaisir habituel de ne pas pouvoir admirer de mes propres yeux. Je patientai, immobile pour garder la perle immobile. Arcan murmura dans son micro.

— Geisha, quand tu t’arrêteras, tu feras face au public. Muse ne s’arrêtera pas. Muse, tu feras ce qui te passe par la tête, pour tenter de continuer ce que vous avez commencé. Geisha, tu te laisseras tenter quelques secondes avant de reprendre tes esprits et prendre la sortie de l’estrade.

Nous attendîmes d’être appelés.

Après trois autres poupées, l’hôtesse nous appela :

— Et maintenant, les deux poupées qui ont déjà fait une entrée remarquée, Geisha et Muse, confectionnées par Arcan.

— Allez-y, souffla notre façonneur

Geisha tira la laisse, puis m’indiqua :

— Marches montantes.

Je laissai traîner mon pied pour trouver la contremarche et me hissai sur l’estrade feutrée en suivant la laisse à la vitesse calme de Geisha. Elle s’arrêta pour se tourner face au public. Malgré la laisse qui se détendait, je poursuivis et heurtai délicatement son épaule. Je glissai derrière elle, et plongeai ma bouche dans son cou. Tandis que Geisha singeait la surprise mêlée à l’envoutement, je caressai son ventre et ses hanches lascivement. Le secondes semblant longues, ma main droite se hasarda jusque sur la fente de son pubis, ma bouche chercha sa joue. Elle tourna la tête vers moi, pour que nos lèvres se saisissent.

— Continuez, susurra Arcan au travers de nos oreillettes.

Enhardie par son ordre, Geisha se tourna vers moi et notre baiser s’approfondit. Nos mains exploraient nos courbes postérieurs et le creux de nos dos. Ma partenaire dévoila dans ses caresses le phare rouge qui émergeait entre mes fesses. Arcan surgit sur scène et tira la laisse en ordonnant :

— Ça suffit !

.Nos bouches restèrent collées jusqu’à ce que la laisse nous éloignât trop l’une de l’autre. Un ban d’applaudissement accompagna notre départ de l’estrade. Arcan nous sépara de la foule alors que l’hôtesse scandait :

— Pour finir, un autre duo de poupée bien connu ! Prune et Mirabelle !

Arcan me dit :

— Le capitaine Nemo est ses deux mousses ne vont pas gagner contre vous. Vous m’avez épaté, tant vous avez été fusionnelles par rapport aux répétitions.

— Surprise ! se moqua Geisha.

Debout derrière moi, elle colla ses deux mains sur mes fesses et les pétrit en ajoutant :

— Je suis superexcitée. Et toi ? Comment ça se porte ?

— Ça va, répondis-je.

Ses mains glissèrent sur mes hanches et passèrent sous le pagne. Une pichenette agita la perle qui battit mon clitoris. Mes muscles se contractèrent involontairement. Elle murmura en remontant ses mains sur mes abdominaux.

— T’es bientôt mûre.

Elle se colla contre moi et massa mes seins. Je soupirai, laissant grimper les sensations, comme un aveu retenu durant des heures. Je tirai la laisse vers moi pour rapprocher Arcan. Il murmura :

— Ta mère nous voit, elle n’a pas fait de spectacle.

Je saisis son visage et l’embrassai, me retrouvant étreinte entre lui et ma partenaire de scène. C’est ça que je voulais ressentir ce soir, leurs deux corps nus contre le mien. Arcan accepta un baiser langoureux de quelques secondes puis me dit :

— On y retourne.

La laisse m’emmena dans la foule, vers les compliments et la nourriture. Toasts de foie gras, jambon de pays à la coupe, champagne, je me régalai, frémissant à chaque déplacement, même au simple contact de mon pagne effleurant la perle. Je ne pensais qu’à l’après-soirée.

Après quelques photos, j’indiquai à Arcan que j’avais besoin d’aller aux toilettes.

— Geisha, accompagne-la.

— Oui, maître Arcan.

— Et ne trainez pas. La fin des votes est dans cinq minutes

Ma partenaire tira par la laisse. Nos pieds quittèrent les tapis pour les dalles, la musique et les rumeurs s’éloignèrent, la chaleur laissa place à une fraicheur appréciable. Geisha me tint la porte des toilettes et me dit :

— Vu les regards, tous imaginent que nous allons faire des trucs.

— J’ai trop envie de pisser.

— Moi aussi.

Elle me guida puis me dit :

— Je prends la cabine d’à côté. Je reviens

La porte se ferma, ses pas pressés s’éloignèrent de moi. J’écartai d’une main les deux sangles qui resserraient mes nymphes et me soulageai. Geisha tira la chasse puis rouvrit ma porte.

— Terminé ?

— Je m’en suis foutu sur les doigts.

— Attends.

Elle se rapprocha, puis elle posa deux feuilles pour m’essuyer les doigts, avant d’en reprendre pour m’éponger l’entrecuisse. Elle souleva la perle en soufflant de surprise. Je questionnai :

— Quoi ?

— Il a l’air au bout de sa vie.

Son index toucha mon clitoris, me faisant sursauter. Je posai une main sur son épaule et elle susurra :

— Je peux te soulager pour quelques minutes.

— Non.

— T’es sûre ?

— Ça rend la soirée plus agréable.

— À ta guise.

Elle tira sur la laisse pour m’inviter à me relever et je la suivis jusqu’aux lavabos. Je me lavai les mains, elle nettoya mes jambes en les tamponnant de peur que la peinture partît. Ces simples appuis délicats me rendaient complètement fiévreuse. Il fallait absolument que j’obtinsse ce plan à trois. Je lui demandai :

— Je peux te demander une faveur ?

— Si c’est sexuel, je dis oui tout de suite.

— J’ai envie que tu restes avec Arcan et moi après la soirée.

— Vous jouez au scrabble, j’imagine.

— Exactement.

— C’est son idée ?

— Non. C’est moi. J’ai envie que vous me fassiez l’amour tous les deux.

— Je suis tentée. Je vais y réfléchir.

Elle tira sur la laisse et poussa la porte avant de s’arrêter brutalement. La voix de ma mère s’étonna :

— Tiens ! On se cache ?

— C’est interdit de faire pipi ? demanda Geisha.

— J’aimerais parler à Muse seule à seule.

— Désolée, je suis responsable d’elle. Notre façonneur nous attend.

Geisha tira la laisse. La main de ma mère m’agrippa le poignet, mais je retirai brutalement mon bras en arrière. Elle me lâcha. Geisha articula :

— Les façonneurs n’ont pas le droit de toucher les poupées des autres.

— Un souci ? demanda une voix de vigil.

— Cette femme vient d’agripper Muse.

— Je lui ai juste pris le bras pour lui parler.

— Le règlement n’a pas changé depuis les autres soirées, Madame, indiqua le vigil.

— À la différence que je suis une femme, pas un homme, articula Maman.

— Le Grand Glouton veut vous voir.

— Il me laisse le temps de soulager ma vessie ? siffla-t-elle.

La laisse m’indiqua de m’éloigner à l’opposé de ma génitrice. Ma libido qui s’était temporairement éteinte, se réactiva brutalement au premier mouvement de la perle.

— Les votes sont clos, commenta une voix.

— Tant mieux pour vous, vous êtes en haut de ma liste, répondit Arcan. J’ai rarement vu un costume de Batman aussi bien réalisé. Et votre Catwoman est très inspirante.

Ignorant que j’étais face à une Catwoman à la combinaison échancrée ouverte jusque sous l’entrecuisse, je me réconfortais d’entendre simplement la voix de mon amant. Le façonneur masqué répondit :

— Et voyez qui est en haut de la mienne.

— Vous me flattez, sourit Arcan.

— Je vais changer de prisonnière à chaque soirée.

— L’univers de Batman ne manque pas de choix.

— Oui mais c’est difficile de les dénuder de manière crédible.

— Poison Ivy est dénudée.

— Oui, mais les autres. Sans leurs costumes, elles ne sont plus facilement reconnaissables. Et je voudrais que leur allure ait du sens.

— Ne changez pas votre façon de penser. J’aime.

La musique s’interrompit. L’hôtesse principale annonça au micro :

— Mesdames, mesdemoiselles, messieurs. Il est désormais trop tard pour voter. Je vous invite à découvrir les résultats dans la salle bleue.

Le brouhaha s’éloigna vers la salle quand soudain on m’étreignit brutalement par derrière. La voix d’Ipkiss s’exclama :

— Coucou ! Qui c’est ?

Je me déraidis et Arcan répondit à ma place :

— Elle t’a reconnue.

— J’ai adoré votre petit show. Je suis très jalouse. C’est moi qui ouvre le défi-cunni dans le salon pourpre. J’espère que tu participeras.

— Muse est très select, éluda Arcan.

— Dommage.

Elle caressa mes fesses, et Arcan tira la laisse pour que nous nous mettions en route. Il demanda à Geisha :

— Toi, tu veux participer ?

— Non. Elle ne m’inspire pas.

Le brouhaha m’indiqua que nous entrions dans la salle des défilés. D’une main sur la hanche, Arcan me guida vers les fauteuils. Geisha prit le relai et m’invita à me placer sur ses genoux. Très pratique pour ne pas appuyer sur le plug. Elle déposa un baiser délicieux entre mes omoplates, tandis que la voix fluette dans le micro annonçait :

— Tout le monde est installé ? Nous allons procéder dans le respect au dépouillage des votes. En cinquième position, une poupée colorée, j’invite : Psychédélik !

Les gens applaudirent, une fille apparemment peinte de couleurs si vives qu’elle avait capté les regards toute la soirée. J’avais entendu parler d’elle assez régulièrement au cours de la soirée. Ses formes étaient complètement brisées, et il fallait se rendre astigmate pour essayer de les discerner. Arcan n’avait pas aimé. Le façonneur qui la suivit sur l’estrade expliqua son objectif artistique et remercia les convives pour leur vote.

— En quatrième position, j’ai le plaisir d’inviter Dicy !

— C’est Catwoman, me murmura Geisha. Ce n’est pourtant pas ouffissime.

— Le privilège d’être nouveau, commenta une voix de femme à notre droite.

— La combinaison en cuir sur-mesure est très inspirante, rectifia Arcan. La simplicité apparente cache un travail où rien n’a été laissé au hasard.

Le Batman remercia simplement le public, et l’hôtesse attendit que l’estrade fût vide pour annoncer la suivante.

— En troisième position, la princesse indoue Cali !

— Quel nom original, pouffa la fille à notre droite.

La poupée fit une brève danse du ventre, son façonneur ne prit pas la parole. Je commençai à me tendre. Qui aurait la seconde place ? Prune et Mirabelle ou Geisha et moi ? L’hôtesse en joua :

— Et le suspens grandit. Les paires de poupées ont eu du succès ce soir. En seconde place, nous avons un duo de princesses, inspiré de la Reine des Neige ! Luna et Venus !

Les gens applaudirent à m’en briser les tympans. Je cherchai sur ma gauche la main d’Arcan. Ses doigts serrèrent mes dernières phalanges. Je ne pouvais concevoir que nous ne fussions pas sur le podium. Ma mère avait-elle échoué ? Ou avait-elle été disqualifiée ? Ou bien était-ce nous qui avions été disqualifié pour avoir fait notre spectacle avant les défilés ? Geisha murmura :

— Au moins, Yako n’aura pas été élu avec son vol d’idée.

— Ce duo est magnifique. Ils étaient sur ma deuxième place, nous aurions dû nous en méfier, grommela Arcan.

Le regard de l’hôtesse balaya la foule :

— En première place, notre second duo qui a obtenu presque soixante-dix pour cent des votes en première place. Sans surprise : Geisha et Muse !

Geisha tressauta, et nous nous levâmes. Arcan tira la laisse raccourcie, Geisha guida mes hanches, puis nous montâmes sur le podium. Tout en marchant, je me demandais si ma mère était encore dans la salle et quelle tête elle faisait. Je grimpai l’estrade et Arcan prit la parole :

— Merci pour ce vote. Mais je voulais personnellement remercier les poupées pour leur petit spectacle surprise qui, j’en suis sûr, a participé pleinement à leur ascension.

Les gens l’applaudirent. Geisha prit mon visage entre ses mains et m’embrassa sans préavis. Les sifflets d’encouragement me poussèrent à laisser revenir mon personnage, alors je virai ses mains, l’empoignai par la nuque et approfondis de la langue.

Arcan nous poussa vers la sortie de l’estrade. Geisha me tint par la main pour que je descendisse les marches. La voix de l’Impératrice nous accueillit :

— Félicitation, les amoureuses.

— Sculpturine a été bannie ? demandai-je.

— Non, elle est en huitième place, répondit la femme avec un sourire dans la voix. Mais vu son air détendu, c’est qu’elle s’y attendait. Ses costumes sont une annonce. Elle prépare quelque chose avec une mise en scène.

— Elle est en train de discuter avec le régisseur, ajouta Arcan à mon attention.

— J’espère que vous avez de l’imagination, reprit l’Impératrice. Il faudra bien plus qu’un petit chahut saphique pour la surpasser.

— Je suis confiant, déclara Arcan. Je dois juste convaincre Muse.

— Vraiment ? Cette belle poupée a pourtant l’air d’être ouverte à beaucoup d’idées.

— Nous verrons.

— Je vous souhaite une agréable soirée. Je crois que beaucoup ici s’attendent à voir se terminer ce qui a commencé entre vous deux.

Elle s’éloigna et ne nous fîmes pas deux pas que nous fûmes interceptés pour d’autres félicitations. De mon côté, la perle ne faisait pas davantage effet, comme si mon clitoris s’était engourdi. Je ne rêvais que d’une chose : de triolisme. Lorsque nous fûmes quelques secondes libres, Geisha et moi nous goinfrâmes de brioches et de foie-gras. Arcan demanda :

— Pas kebab, ce soir ?

Je secouai la tête.

— Vous désirez rentrer ?

— Ce serait la première fois que je partirais si tôt, commenta Geisha.

— Mais je sais que tu es fatiguée et que Muse a mal aux pieds.

— Vous ne jouez pas ?

— Je n’ai pas lu le programme. Certes, regarder Ipkiss se tordre de plaisir sur une estrade me mettrait très à l’étroit dans mon pantalon.

— Après, dans le salon vert, il faut que vous battiez un autre façonneur au puissance 4 pour décider du gage auquel doit se plier Dicy. Et dans le salon bleu, Luna et Venus refont la Reine des Neige en théâtre interactif.

— Ça t’intéresse ?

— Je suis curieuse, mais c’est vrai que Muse n’en profite pas beaucoup. Je crois qu’elle aimerait mieux aller dans la chambre grise. Ils ont programmé le Trio des Sens.

— Le trio des Sens ?

— C’est un programme personnalisé. Un homme, une fille, avec une poupée aveugle au milieu.

— C’est un programme inspirant.

Arcan tira la laisse et nous fuîmes la réception.

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