Noël

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La nuit fila et le lendemain matin pointa le bout de son nez, la maîtresse de maison était déjà dans tous ses états. Le réveil avait été tranquille, presque trop. Elle avait pris son temps, se maquillant avec soin et sélectionnant sa tenue, prête à faire forte impression. Dans le miroir, elle s'admirait : une chemise élégante à rayures bleues et blanches, soigneusement rentrée dans un pantalon noir bien ajusté, et une paire de baskets blanches immaculées pour garder un équilibre entre chic et décontracté. Ses longs cheveux détachés encadraient son visage avec douceur.

Elle pensait avoir tout prévu. Tout… sauf le cadeau pour César.

C’est en vérifiant une dernière fois son sac qu’elle réalisa son oubli. Elle remettait toujours à plus tard et voilà que cela lui joue des tours.

—Oh non… Non, non, non, non ! s’exclama-t-elle, les mains tremblantes, avant de se tourner vers son téléphone posé sur le comptoir.

Elle appela sa cousine en urgence.

—Joanna, aide-moi, je n’ai rien pour César !
—Quoi ? Tu plaisantes, j’espère ? Ah ! Tu m’avais dit que tu pouvais gérer. Tu es au courant aue je n’ai pas le droit d’utiliser mon telephone à l’heure actuelle ! répondit Joanna, incrédule à l’autre bout de la ligne.

—Non ! J’ai complètement oublié ! Je ne sais pas quoi lui offrir, je suis dans la panique totale !

Joanna poussa un long soupir.

—Ok, calme-toi. Respire. Qu’est-ce qu’il aime ? Il faut que tu trouves quelque chose de personnel.

—C’est facile à dire ! Tu crois que j’ai le temps d’aller chercher quelque chose de personnel ? Je vais être en retard !

Abi marchait déjà à grands pas vers la porte, attrapant au passage une casquette noire pour essayer de passer inaperçue dans les rues de la ville.

—Écoute-moi, va au supermarché. Ils ont un peu de tout. Prends un truc qui pourrait l’aider à se détendre ou s’amuser un peu, il en a sûrement besoin vu ce qu’il traverse.

—D’accord, merci. Je te rappelle tout à l’heure ! Abi raccrocha sans attendre une réponse et quitta l’appartement en trombe.

Après avoir fait Presque le tour des boutiques de la ville, elle s’arrêta à un grand supermarché, elle se précipita dans vers les rayons, son téléphone toujours à la main pour appeler Joanna dès qu’elle se sentait perdue. Elle faisait les cent pas, scrutant chaque étagère comme si une idée allait lui sauter aux yeux.

—Je ne trouve rien ! murmura-t-elle à voix haute, frustrée, attirant quelques regards curieux autour d’elle.

Son téléphone vibra dans sa main, une nouvelle alerte de Joanna.

—Alors, tu avances ? demanda la voix de sa cousine, légèrement moqueuse.
—Non, c’est un désastre. Tout ce que je vois semble banal. Il n’y a rien ici qui pourrait le plaire et je veux quelque chose qui compte.

Son interlocutice soupira une nouvelle fois.

—Ok, pense à quelque chose de pratique, mais symbolique. Pourquoi pas un carnet ? Il pourrait écrire ses pensées, ça l’aiderait à organiser ses idées.
—Un carnet ? Abi s’arrêta, envisageant l’idée.
—C’est vrai qu’il n’arrive pas encore à parler ! Un outil qui le permettrait de mieux commuiniquer.

Elle se précipita vers le rayon qu’elle avait en tête et tomba sur l’appareil foncé à la couverture élégante qu’elle s’imaginait. En le prenant en main, elle remarqua qu’il était accompagné d’un stylo assorti, gravé d’une citation inspirante.

—Parfait ! souffla-t-elle, presque soulagée.
Mais le temps jouait contre elle. Alors qu’elle se dirigeait vers la caisse, elle jeta un coup d’œil à l’heure et se rendit compte qu’elle risquait d’être en retard pour son rendez-vous avec César.

Sur le chemin du centre de recherche, la jeune femme marchait d’un pas rapide, le cadeau précieusement emballé dans un sac. Elle jetait des regards nerveux autour d’elle, vérifiant que tout était en ordre. Elle se sentait légèrement défaite, consciente que son apparence n’était pas aussi impeccable qu’elle l’avait espéré.

Sa consoeur, toujours au bout du fil, tentait de la calmer et de l’encourager.

—Tu as trouvé quelque chose, c’est ce qui compte. César ne va pas regarder ta tenue, il va apprécier le geste. Tu pues pas trop, j’espère !
—Tu te marres, toujours autant dans une situation aussi compliquée mais facile à dire pour toi, tu n’as pas vu à quel point j’ai couru partout.

La fille au bout du fil éclata de rire.

—Au moins, ça te fera une histoire à lui raconter. Allez, courage, tu y es presque. A plus tard !
—A plus tard Anna ! Merci !

Abi raccrocha et s’arrêta un instant pour reprendre son souffle devant les grandes portes vitrées du centre de recherche. Elle ajusta sa casquette, vérifia une dernière fois que le cadeau était bien dans son sac, puis entra.

Elle savait qu’elle n’avait pas l’air aussi sereine et parfaite qu’elle l’aurait voulu, mais elle était là, avec un cadeau sincère et une détermination intacte. Et pour Abi, c’était tout ce qui comptait.

Arrivée enfin à l’hôpital après une matinée mouvementée. Elle arpenta le couloir de la salle d’attent, saluant l’infirmière avec un sourire rapide avant de se diriger dans les allées qu’elle connaissait désormais par cœur. Le sac contenant le cadeau qu’elle avait choisi avec soin dans une main, elle tenait fermement sa carte magnétique dans l’autre, priant intérieurement pour que tout fonctionne sans accroc.

Heureusement, le bip familier rassura son esprit anxieux.

Elle atteignit la chambre de César, elle prit une profonde inspiration avant d’entrer.
Il était là, assis dans son lit. Les draps immaculés couvraient ses jambes immobiles, mais son torse, plus rempli qu’avant, montrait des signes de rétablissement. La pièce était encombrée de livres, de journaux et de magazines éparpillés ici et là. À son entrée, César leva les yeux, légèrement surpris. Une petite lumière s’illumina dans son regard fatigué lorsqu’il vit Abi.

Avec un sourire sincère, elle lui signa :
—Bonjour ! Ça fait longtemps. Tu vas bien ?

César répondit par un "oui" maladroit, ses lèvres formant le mot avec difficulté. Cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas parlé que sa voix semblait hésitante, presque étrangère.

Abi remarqua rapidement les détails qui marquaient son état : pas de perfusions visibles, mais les machines à côté de son lit indiquaient toujours une surveillance constante. Il ne remarcherait sans doute jamais. Ses muscles semblaient encore trop faibles, et elle savait qu’il souffrait de séquelles internes, bien qu’il ait repris un peu de poids et qu’il paraissait mieux qu’avant.
Elle tira une vieille chaise près d’un coin où traînaient des affaires. Essuyant la poussière avec un mouchoir sorti de sa poche, elle s’assit à côté de lui, posant son sac coloré sur ses genoux.

—Je suis désolée. Je n’ai pas pu venir te voir plus tôt. J’espère que tu ne m’en veux pas. Tu m’as manqué, César.

Il sourit légèrement, ses lèvres formant un "Loin de là" qu’elle comprit en lisant sur ses lèvres.

Abi posa son sac par terre et, avec un geste amusé, ôta sa casquette noire pour enfiler un bonnet rouge de Noël, surmonté d’un pompon blanc. Elle leva les bras dans une exclamation joyeuse et signa de nouveau.

—Joyeux Noël !

Puis elle ajouta, le regard pétillant.
—J’ai un cadeau pour toi.
Le jeune homme écarquilla les yeux, surpris, et signa maladroitement :
—Pour moi ?

Il tenta de parler en même temps, mais aucun son ne sortit. Une toux étouffée le prit, et il porta une main à sa gorge, visiblement gêné par quelque chose. Abi lui prit la main doucement, posant l’autre sur son épaule pour le calmer.

—Prends ton temps, expliqua t-elle, avant de lui tendre le cadeau soigneusement emballé.

César, avec des gestes lents mais précis, ouvrit le paquet. Ses yeux s’illuminèrent lorsqu’il découvrit une ardoise avec un stylo intégré, à la fois pratique et élégante. Il leva l’ardoise pour la montrer à Abi, un sourire sincère sur les lèvres.

—Merci, articula-t-il sans voix, ses lèvres exprimant sa gratitude.

Il s’empressa de tester l’ardoise. Après quelques essais hésitants, il réussit à écrire : "Je suis désolé de ne pas avoir de cadeau pour toi."

Abi lut le message et éclata de rire doucement.

—César, tu te trompes. Tout cela me suffit. Mais ce n’est pas tout ce que je voulais t’offrir aujourd’hui.

Intrigué, César inclina la tête, attendant la suite.

Abi posa son bonnet sur la tête de César avec un sourire malicieux.

—Mon deuxième cadeau, c’est ma présence. Aujourd’hui, tu ne seras pas seul.
César sourit, touchant le bonnet avec une main tremblante. À cet instant, la pièce, pourtant remplie d’ombres et de machines, semblait beaucoup plus lumineuse.

Elle s'en alla, en lui laissant ce toucher et la main en lui promettant de revenir quelques temps après. Ce n'était pas à elle de l'aider à marcher, mais elle appella une infirmière qui avait pour but de préparer César et le mettre confortablement sur sa chaise.

Durant, tout se processus Abi tapotait nerveusement la petite figurine qu’elle tenait dans ses mains. La texture familière et les contours lisses de ce jouet anti-stress l’aidaient à canaliser son anxiété. Elle se tenait juste à l’extérieur de la chambre, attendant que l’infirmière termine de l’installer dans son fauteuil roulant.
Elle s’était promis de rendre cette sortie spéciale, même si elle savait à quel point cet hôpital pesait sur elle. Les murs étaient froids, presque impersonnels, et le silence omniprésent semblait murmurer des vérités qu’on préférait ne pas entendre.

Cet hôpital n’était pas comme les autres. Construit pour accueillir des patients gravement atteints, il s’étendait sur plusieurs étages, abritant non seulement des chambres et des blocs opératoires, mais aussi des espaces conçus pour recréer une expérience "proche de la vie normale". Ces espaces, appelés "zones semi-réelles", visaient à offrir un semblant de liberté à ceux qui ne pouvaient plus sortir du complexe.

Mais en dépit de cette noble intention, ces zones restaient souvent vides. Les patients qui s’éveillaient après de longues périodes de soins intensifs étaient rarement assez en forme pour en profiter, et beaucoup d’entre eux ne quittaient jamais ces lieux. Cela donnait à l’endroit une atmosphère étrange, presque comme un cimetière vivant.

Abi pensait souvent à cette dualité lorsqu’elle traversait ces couloirs. Les chercheurs, en blouses impeccables, passaient en silence, leurs regards graves et concentrés. Ils semblaient observer tout et rien à la fois, comme des spectateurs d’un drame qu’ils ne pouvaient influencer.

Deux chercheurs passèrent à côté d’elle, leurs yeux perçants se posant brièvement sur elle avant de continuer leur chemin. Abi sentit son estomac se nouer. Ces regards la dérangeaient toujours, comme s’ils savaient quelque chose qu’elle ignorait. Elle détourna les yeux, fixant à nouveau sa figurine, et inspira profondément.

Elle s’était souvent demandé ce qu’ils faisaient exactement, ces chercheurs. Leurs expériences, leurs projets... elle n’en connaissait que des bribes, mais une chose était sûre : César n’était pas simplement un patient pour eux. Elle redoutait qu'il ne soit qu'une poule aux oeufs d'or.

Abi observa César, assis dans son fauteuil roulant, un sourire timide au coin des lèvres, sa nouvelle ardoise posée sur ses cuisses. Son visage, encore marqué par les séquelles de ses blessures, portait une lueur d’espoir qui contrastait avec l’austérité des lieux. L’infirmière, après avoir aidé César à se mettre en place, lança à Abi une chaleureuse expression.

—Voilà, il est à vous.
Abi lui répondit par un sourire et un bref "Merci." Elle inspira profondément, puis se pencha légèrement vers César pour signer avec enthousiasme.
—Tu es prêt ? Alors, c’est parti !
César hocha la tête, une étincelle de curiosité dans les yeux. Abi se plaça derrière le fauteuil roulant et commença à le pousser doucement dans les couloirs.

Les couloirs de l’hôpital étaient silencieux, presque rigides. Les murs gris-vert, ponctués d’affiches rappelant des règles de sécurité, semblaient éternels. Les rares personnes qu’ils croisaient étaient des soignants pressés, parfois des patients solitaires qui erraient comme des ombres. Pourtant, Abi refusait de laisser cette ambiance plomber leur sortie.
—Tu sais, dit-elle en riant doucement, on va chercher quelque chose de plus joli que ces murs tristes.
César tapota son ardoise avec son stylo, puis écrivit lentement : "Bonne chance."
Abi éclata de rire.
—Oh, tu vas voir, je vais te prouver qu'on peut s'amuser malgré cet endroit…assez inamusable.
Ils continuèrent leur chemin, jusqu’à atteindre une porte vitrée qui donnait sur l’un des espaces.

Elle poussa la porte, dévoilant un lieu qui tranchait avec le reste de l’hôpital. C’était une sorte de jardin intérieur. Le plafond était haut, couvert de panneaux en verre laissant entrer une lumière tamisée. Des arbres bordaient un sentier pavé, tandis que des bancs en bois étaient disposés ça et là. Une petite fontaine occupait le centre, avec une douce mélodie d’eau qui s’écoulait, apaisante.
Abi s’arrêta un instant pour laisser César admirer l’endroit.

—Alors ? Ce n’est pas trop mal, hein ? signa-t-elle avec un sourire satisfait.

César regarda autour de lui, ses yeux s’attardant sur les détails. Il attrapa son ardoise et écrivit : "Mieux que ce que j’imaginais. Merci."

Abi sentit un poids quitter son cœur en lisant ces mots. Elle poussa le fauteuil roulant jusqu’à la fontaine et s’arrêta à côté de la fontaine.

—Tu veux t’arrêter un moment ici ?

César hocha la tête, et Abi s’assit sur le bord de la fontaine, sortant sa petite figurine qu’elle commença à tourner doucement dans ses mains.

César observa cette dernière avec curiosité, puis écrivit : "C’est quoi ?"

Abi sourit et la lui tendit.
—C’est à toi ! Ça m’a beaucoup aider à me calmer. Essaye ! Je suis sûr que tu le maîtrises bien mieux que moi.

César la prit délicatement et commença à la manipuler. Un sourire amusé apparut sur son visage. Après un moment, il écrivit sur son ardoise : "Je crois que j’aime bien. Même si, je ne m'en rappelle pas."

—Tu peux la garder. Considère-la comme un énième cadeau. Un souvenir de toi.

César, visiblement ému, posa la figurine sur ses genoux et écrivit : "Merci. Mais, aujourd’hui, c’est toi."

Les mots touchèrent profondément Abi. Elle détourna les yeux un instant, sentant une chaleur monter en elle.

—C'est facile de dire ça, mais tu te bats tellement fort. C’est toi qui es une inspiration.

César resta silencieux, les yeux fixés sur la fontaine. Puis il écrivit : "J’espère pouvoir marcher un jour. Revenir à une vie normale. Mais pour l’instant, je suis heureux que tu sois là."

Abi se leva, se plaçant face à lui.
—Et moi, je suis là pour t’aider à y arriver. Promis.

Abi continua de pousser doucement le fauteuil roulant à travers le jardin artificiel. Autour d’eux, la lumière douce des plafonniers imitant le soleil filtrait à travers des feuillages soigneusement agencés. L’eau d’un ruisseau artificiel serpentait à travers les lieux, apportant une mélodie apaisante. Les sentiers sinueux invitaient à l’évasion, même si chaque élément ici n’était qu’une illusion soigneusement orchestrée.

—Regarde ce coin-là, dit Abi, s’arrêtant près d’une petite cascade. On dirait presque un vrai ruisseau. T’entends comme c’est paisible ?

César hocha la tête et inscrivit rapidement quelque chose sur son ardoise avant de la lui tendre : "Je ne savais pas que ce genre d’endroit existait ici."

Abi sourit, s’accroupissant pour être à sa hauteur.
—Moi non plus, je n’y avais jamais mis les pieds. Mais je savais que ça te plairait. J'espérais aussi ne pas me perdre.

Ils continuèrent leur promenade, s’arrêtant parfois pour observer les détails du décor. Les fleurs artificielles mêlées à quelques plantes réelles donnaient une touche de réalisme étrange, presque troublante. La guide repérait tout ce qu’elle pouvait pour distraire César, mais quelque chose semblait le perturber.

Lorsqu’ils arrivèrent à une petite clairière où un banc de pierre surplombait un bassin tranquille, Abi s’installa sur le bord, sortant son sac. Elle y plongea les mains et en sortit un papier soigneusement plié.

—Je ne savais pas trop si tu te rappellerais de tout, mais j’ai quand même essayé de t’apporter quelque chose.

Elle tenait le papier dans ses mains, le regardant avec une hésitation rare chez elle.
—Je voulais te dire...
Elle marqua une pause, jouant nerveusement avec le bord du dessin.
—Je n’arrive pas à comprendre, ni à déchiffrer ce que ça veut dire. Aahhh ! Je dois me calmer un peu.

Elle signa plus lentement, un léger sourire contrit sur les lèvres.
—Ce dessin que tu as fait... il me rend à la fois perplexe et admirative. C’est magnifique.

Elle tendit finalement le dessin à César. Ce dernier, d’abord surpris, sembla se raidir en le voyant. Son sourire disparut, remplacé par une ombre d’inquiétude. Il secoua la tête, repoussant doucement le papier.
—Je ne souhaite pas y penser, signa-t-il, évitant son regard.

Abi fronça les sourcils, confuse.
—Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il évoque pour toi ?

César hésita, son regard s’égarant sur le bassin devant eux. Il finit par céder, ses gestes maladroits traduisant son malaise.
—Tu me connais ?

Abi hocha la tête, son expression adoucie.
—Bien sûr.

Il baissa les yeux vers ses mains, où il triturait nerveusement le coin de son plaid.
—Je ne sais pas grand-chose de moi. Je n’arrive pas à faire la différence entre mes souvenirs, mes cauchemars... et le vide.

Abi se pencha légèrement, cherchant à capter son regard.
—Tu ne te rappelles vraiment de rien ?

Il secoua la tête, avant de signer avec une lenteur douloureuse :
—Non. Mais la personne qui a dessiné tout ce noir, ce bleu sombre... je ne pense pas qu’il voulait être sauvé.

Un silence pesa entre eux, seulement troublé par le bruit de l’eau. Abi, pourtant, refusa de se laisser abattre. Elle posa une main légère sur celle de César.
—Tu n’es peut-être plus tout à fait le même, mais ton sourire reste intact. Et moi, je ne cesserai jamais d’apprendre qui tu es.

Un sourire timide apparut sur le visage de César, et il tapota sur son ardoise avec un élan soudain. Après quelques secondes, il la montra à Abi : "Émilie ! Ton amie, m’a laissé un message pour toi."

Abi cligna des yeux, surprise.
—Émilie ? Elle t’a vu ?

— "Oui." César hocha la tête, inscrivant rapidement un complément : "Elle m’a dit : qu'elle prenne soin d'elle, et qu'elle achète mon roman. Je l’ai lu. Il est génial."

Abi éclata de rire malgré elle, secouant la tête.
—Elle n’a vraiment pas changé, hein ? Toujours avec son roman.

Mais son sourire faiblit un instant, ses pensées se tournant vers son ancienne amie.
—Elle aurait pu me laisser plus qu’un message... pas d’au revoir, rien. C’est triste.

César attrapa doucement sa main, un geste simple mais chargé de réconfort. Abi sentit une chaleur familière apaiser sa poitrine.
—Toi, tu n’as pas changé non plus, murmura-t-elle, ses yeux pétillants.

César écrivit rapidement sur son ardoise et la retourna vers Abi avec un sourire en coin : "C’est toi qui dis ça ? Avec cette casquette noire et ce pantalon, on dirait que tu es prête pour une mission secrète !"

Abi éclata de rire, frappant doucement le bras de César.
—Et toi alors ? Avec ton plaid, tu ressembles à un superhéros en congé !

Le rire léger des deux jeunes adultes se mêla au murmure apaisant du jardin, comme un souffle de vie brisant le silence pesant qui régnait dans cet endroit artificiel. Pour la première fois depuis longtemps, ni Abi ni César ne semblaient accablés par le poids du passé ou par les incertitudes de l’avenir. Ce moment, aussi simple soit-il, représentait un véritable dégel dans le temps. Que ce soit pour celui qui allait rejoindre celle qui attendait et pour celle-ci qui a droit à ce bonheur qui a pris ce long chemin pour arriver à elle : “les mots viendront toujours”.

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