Hante-moi Chapitre 1
Il était enfin à nous. Ça faisait tellement longtemps que j'en rêvais. Ses fenêtres à petits carreaux, ses pierres rosées, son toit de Chaumes et le jardin à la pelouse vert tendre. Une magnifique Glycine en fleur, courrait sur les murs et cachait presque l'entrée de mon cottage anglais.
Le camion de déménagement était devant et trois hommes étaient en train de le décharger.
- Je vous fais faire le tour du propriétaire, Madame ? dit Pierre.
- Je vous en prie Monsieur.
C'était un grand saut dans l'inconnu, pour Pierre et moi. Nous avions tout plaqué, famille, boulot, pays, pour acheter ce cottage. Nous avions le projet d'ouvrir un gîte et profiter du grand jardin pour faire du potager et vendre nos légumes. Il y aurait aussi un poulailler, pour des œufs frais et peut-être des chèvres. Mais les biquettes étaient encore au conditionnel.
- Veux-tu que je te porte ma douce Alice ? Comme pour notre mariage ?
- Oui mon ange.
- Viens là, dit-il en me soulevant de terre, comme si j'étais une plume.
C'est ce qui m'avait plu chez lui. C'était une force de la nature et à chaque fois que j'étais à côté de lui, je me sentais protégée. Et pourtant, c'était un amour. Jamais un mot plus haut que l'autre et s'il y avait quelqu'un capable de tendre l'autre joue, c'était bien lui.
Je regardais une fois encore cette façade, qui était à nous maintenant, et j’eus la surprise de voir la silhouette d'une femme derrière une fenêtre de l'étage. Le vent se leva et s'accompagna d'un souffle glacé sur ma nuque.
- La maison ne devait pas être vide, à notre arrivée ? dis-je.
- Si, pourquoi ?
- Il y a une femme dans la maison.
- Comment ça ?
- Là, à la fenêtre, montrai-je alors que la femme avait disparu. Elle a dû descendre pour nous dire bonjour.
Pierre me porta devant la porte que j'ouvrais. Il me déposa sur le sol en pierre et m'embrassa passionnément. Mais personne, la femme derrière la fenêtre n'était pas là.
- Tu pourrais aller à l'étage, pour voir s’il y a quelqu'un ? demandai-je.
- Oui, ma petite trouillarde.
Cinq minutes après, il redescendit, penaud.
- Et bien, je suis désolé ma chérie, mais je pense que tu as vu un reflet.
- J'étais pourtant vraiment sûre. Ça doit être la fatigue.
- Bon, je te propose d'aller faire des courses, pour profiter de notre nouvelle cuisine pour ce midi. On y va à pied, c'est à dix minutes, je pense ?
- Oui, il fait frais, mais ce soleil de printemps est très agréable.
L'épicerie du village était petite, mais avait tout ce qui nous fallait. Petits légumes frais et des œufs pour faire une petite omelette toute simple. Et pour boire, une bouteille de vin de Bourgogne.
En rentrant, je me mettais au fourneau. Je commençais par éplucher les légumes quand Pierre arriva discrètement derrière moi. Il glissa sa main sous ma jupe. Elle était fraîche. C'était agréable. Je le laissais m'embêter sans rien dire et continuais d'éplucher mes pommes de terre. En écossant les petits-pois, il commença à m'embrasser la nuque. L'un de ses doigts avait glissé dans ma culotte et effleurait l'entrée de mon vagin. Je sentais mes tétons durcir, alors que j'avais enfin fini d'éplucher les carottes. Je poussais la planche à découper qui était devant moi pour éviter les catastrophes, en me retournant. Mais mon corps se glaça, quand en me mettant face à Pierre, je ne vis personne.
Je hurlais !
- Que t'arrive-t-il ma chérie, dit Pierre en accourant dans la cuisine.
Mais je ne pouvais pas lui dire. Il m'aurait prise pour une folle.
- Désolée, j'ai vu une araignée à mes pieds. J'ai sur-réagi, je crois.
- Effectivement, dit-il essoufflé. Tu veux que je t'aide à finir ?
- Je vais mettre les légumes dans l'eau et tout à l'heure, j'aurais juste des œufs à battre pour les jeter dans une poêle.
- Bon, je vais continuer à déballer les cartons.
Je remplis une casserole d'eau et en plongeant les légumes, je sentis des lèvres sur ma joue et me retournai affolée. Mais c'était Pierre.
- Oh, je t'ai fait peur ?
- Oui, désolé.
- Pourquoi, désolé ? C'est moi qui t'aie fait peur ma chérie.
- Bon, je t'accompagne pour déballer les cartons et dans quinze minutes, je retourne dans la cuisine.
En sortant les assiettes et les verres, je me remémorais ce qui m'était arrivé dans la cuisine, cherchant du rationnel dans l'irrationnel. Mais que m'était-il arrivé. D'où venaient ses sensations.
- Alice, dit Pierre d'une voix soufflée.
- Oui, mon ange, dis-je.
- Oui quoi ?
- Bah, tu dis "Alice", alors je dis oui, dis-je interloquée.
- Je n'ai rien dit, reprit-il surpris. Tu es fatiguée ma chérie. Après manger, tu iras faire une sieste.
- D'ailleurs, il est temps que je prépare l'omelette, tu apportes deux assiettes et des couverts pour manger dans la cuisine, mon ange ?
Nous arrivions tous les deux dans la cuisine. Pierre égoutta les légumes pendant que je jetais les œufs battus dans une poêle chaude.
Et voilà une petite omelette et une jardinière pour notre premier repas dans notre cottage anglais, arrosées d'un verre de Bourgogne.
Un café et au lit.
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