Tentation

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Les premiers boutons de sa chemise sont défaits. Une senteur mentholée, le souvenir de la mousse à raser appliquée avec minutie quelques heures plus tôt, embaume encore son cou rendu lisse par l'implacable rasoir.

L'alliance qui ne quitte pas son annulaire orne sa main, refermée sur cette cuisse ferme, mate et inflexible.

Sa notoriété et le prestige que son nom influent dégage n'ont jusqu'alors jamais été entachés par de quelconques scandales ; son mariage a résisté à l'oppressant manège des médias toujours en recherche de drames chez les célébrités ; ses films figurent parmi les plus appréciés des récents classements mondiaux ; ses finances se portent mieux que jamais...

En somme, il a tout pour être satisfait de sa position. Il aime sa femme et sait qu'il pourrait se contenter de filer le parfait amour auprès d'elle, continuer à bâtir le foyer idéal pour leur fils de quatre ans, leur permettre de vivre sereinement l'idyllique "happily ever after" des contes de fée...

Et pourtant...

Ce sursaut quand ses yeux se posent sur son unique et irrésistible tentation.

Ces formes parfaitement arrondies qu'il caresse avec un plaisir coupable, l'éclat de sa peau sombre, lisse sous ses doigts fébriles...

Cet escarpin de liège qui s'ôte dans un claquement, aussi net que le contour de ce rouge-à-lèvres rubis.

Ce parfum enivrant, enveloppant, qui aussitôt, vient distraire ses derniers scrupules.

Ses lèvres avides qui s'approchent de cette bouche ronde, son regard déjà enfiévré qui se perd dans ces promesses d'ivresse.

Ce frisson quand cette langue pourpre, délicate et indocile, tombe dans sa bouche comme la robe fluide qu'il fait voler d'un même mouvement.

Cette saveur fougueuse, d'une brûlure âpre et doucereuse, que le velours amer distille au creux de sa gorge...

Et rapidement, ce tournis vertigineux, étourdissant, qui l'embrase et étanche ses doutes, efface ses peines, dilapide ses tourments.

Il la consomme alors tout entière, la prend, la jette, puis finit par terre.

Leurs ébats n'en finissent jamais, pourtant il ne l'aime que lorsqu'il l'oublie : il la hait aussi férocement qu'elle le poursuit.

Au petit jour, cette furieuse soif qui le surprend dans la nuit, le laisse toujours plus seul, triste et meurtri.

Pour fuir le silence, il se perd dans ses nuances, ses impétueuses courbes grenats ; s'enivre de sa quintessence, la supplie de faire taire ses voix.

Malgré sa volonté et son bon sens, c'est plus fort que lui, il lui succombe à chaque fois. Alors il promet des folies à cette belle et dangereuse essence, et offre son âme à ce poison dans lequel il se noie.


Fin

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