Seule au monde (Part 2/3)

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   Clarisse et Estéban s'étaient rencontrés dix ans plus tôt lors d'une soirée étudiante au sein de l'université Panthéon-Sorbonne. Clarisse était à l'aube de ses vingt ans, une jeune femme magnifique et Estéban, d'une année son ainé, un inconditionnel amoureux des livres. Toujours plongé corps et âme dans l'un d'autres eux. Mais lorsqu'il avait levé ses yeux verts de gris sur la demoiselle, plus jamais, son regard ne la quitta.

   Chacun étant l'opposé de l'autre, en bien des points. Les contraires s'attirent, c'est bien connu. Ils se complétaient. La belle brune, fougasse, à la chevelure illuminée aux mèches dorées ne laissait personne indifférent, de par sa beauté, sa prestance et sa grâce. Elle aimait attirer l'attention sur elle. Très active au sein de la communauté universitaire, elle clamait haut et fort ses idéologies politiques.

   Estéban, quant à lui, caché derrière ses lunettes rondes, marquait les esprits de par son intelligence et la richesse de ses conversations. Plus discret, il n'en était pas moins convaincu par les réflexions de sa chère et tendre.

   Tout en alliant leurs vies familiale, professionnelles, et politiques, ils avaient vécu de belles années après leurs diplômes. Beaucoup de voyages à travers le monde, de rencontres, parfois incongrues. Ils avaient soif de connaissances. Ils s'étaient retrouvés dans le Parti Humaniste de France, un mouvement politique prônant l'universalisme, la non-violence active et les valeurs humaines.

   Après presque cinq années, de course folle après la vie, Clarisse était tombée enceinte. Une petite fille.

                        *

25 Juillet 1995, 11h21.

   Clarisse et Estéban s'étaient rejoints gare Saint-Michel après avoir quitté leur appartement de Brétigny-sur-Orge. C'était un mercredi.

   Avant de partir, au petit matin, Estéban avait été embrassé sa petite fille dans son lit, comme il en avait l'habitude depuis quatre années, juste avant d'enfiler son vieux cuir brun, d'engloutir un moka et de se rendre compte de son retard. Il dévalait alors les marches des six étages, deux par deux, dans une course effrénée, qui le séparaient de l'entrée du petit immeuble. Sept ans auparavant, sa dulcinée et lui, avaient décidé d'emménager dans ce charmant village possédant toutes les commodités.

   Clarisse avait quitté leur logis, aux alentours de onze heures. Elle avait passé le début de la journée avec sa tendre progéniture. Très complices, elles faisaient chaque chose ensemble. Lors de cette matinée, elles avaient œuvré pour le diner. Le préparation de la tarte aux mûres, fraichement apportées par tante Claire, la veille, avait donné lieu à un ardent combat entre mère et fille.

   Après avoir donné un bain bien chaud à Lisa, Clarisse s'était préparée durant une bonne heure afin de rejoindre son cher et tendre.

   L'après-midi même, elle donnerai un discours devant une assemblée de personnes influentes sur l'importance de l'égalité des Hommes. Il fallait qu'elle fasse bonne impression.

   Avant de quitter l'appartement, elle donna quelques consignes à tante Claire et alla embrasser tendrement Lisa avant de lui dire à quel point elle l'aimait.

   Après quelques dizaines de minutes de marche active, elle avait retrouvé son amant sur le quai, le nez dans un bouquin.

   Une détonation. Une seule, qui aura suffit à prendre cette journée-là, huit vies, dont celles de notre couple éperdument amoureux.

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