La descente aux enfers
-- Plus jamais je ne pourrai le regarder en face, ce moins que rien, cette pourriture, cette... couille molle!
Margot était en colère et elle avait de quoi. La situation dans laquelle elle se retrouvait était due entièrement à son mari. Nicolas et Margot étaient mariés depuis deux ans maintenant. Cinq ans qu'ils se fréquentaient et onze qu'ils se connaissaient. Leur appartement dans le seizième arrondissement de la capitale était signe pour elle d'une vie bien tranquille, bien rangée, sans houle et sans scandale. Exactement comme avaient vécu ses parents et ceux de Nicolas!
C'était bien sûr sans compter sur les vices cachés de son mari. Elle se doutait bien qu'il rejoignait d'autres amis et qu'ils se retrouvaient dans des lieux aux mœurs bien plus légères que leur environnement, et elle ne s'en faisait pas trop. Il revenait toujours de ces soirées avec un appétit qui la comblait!
Ce qu'elle avait appris ce soir-là, c'est que son Nicolas s'était acoquiné avec de vraies crapules. Jamais elle n'aurait cru ça de lui! Pour des... des putes, en plus!
Il l'avait emmenée dîner, et comme d'habitude, il était aux petits soins avec elle. Nicolas savait rendre Margot heureuse, lui préparer des surprises, non pas par obligation en tant que mari, mais parce qu'il avait vraiment plaisir à partager ces moments avec elle. Ils riaient, se bécotaient, et il l'écoutait toujours avec des oreilles grandes ouvertes. Ça cachait forcément quelque chose, se disait maintenant Margot.
La soirée avait mal tourné en sortant du restaurant. La capitale a cela d'extraordinaire que l'on y croise de tout. Et si parfois, des énergumènes l'insécurisaient, Margot avait toujours une petite pointe d'excitation, mêlée à la peur, en croisant des groupes de personnes qu'elle considérait comme patibulaires. Que pouvait-il lui arriver, de toute façon, aux bras de Nicolas? Elle sourit donc, bien qu'un peu timidement, aux deux hommes croisés sur le trottoir, qu'ils avaient dû laisser passer devant eux pour pouvoir sortir sur le béton de la capitale. Ils portaient des vestes en cuir et des jeans, les cheveux rasés à la militaire.
Elle eut un temps d'hésitation, avant de s'avouer que les choses tournaient au vinaigre. Le temps d'un croisement de regard. Ils la matent sans trop insister, avant de passer à son cavalier. Elle sentit la crispation de Nicolas, les deux hommes s'arrêtèrent deux pas plus loin, leur tournant le dos.
-- Pu-tain, fit l'un en se retournant. Mais c'est ce petit enculé!
Ce n'est qu'une fois qu'elle se retrouva dans le dos de son mari qu'elle comprit que c'était grave. Il la protégeait de son corps, et cela voulait dire que le danger était réel. Elle vit le visage de Nicolas se tourner vers elle, l'index sur ses lèvres pour lui signifier de se taire.
-- Salut les mecs, fit-il sur un ton que Margot ne lui connaissait pas. Je sais ce que vous pensez. Mais je vous promets que je serai là la semaine prochaine pour qu'on mette les choses à plat.
Margot sentait déjà son monde s'écrouler. Elle n'arrivait même pas à essayer d'oser imaginer la raison pour laquelle son mari pouvait connaître ces deux clampins. Elle sentait le sol se défiler sous ses pieds, ses muscles faiblir, ses genoux flancher. Son cœur accéléra et sa tête lui tourna, au point qu'elle s'accrocha au dos de la veste de Nicolas, de peur de tomber.
-- Mais non, mon pote, répondit le deuxième. On va vous inviter à boire un verre, vous allez nous suivre, toi et ta petite femme. Hein, Steph?
-- Bien sûr, qu'on va aller tous les quatre boire un verre, répondit ledit Steph. Puis on est tellement sympa qu'on fait le taxi, hein? Ça vous dit?
Margot en était incapable, cachée derrière son mari, mais Nicolas vit très bien la lueur sous la veste quand Steph l'ouvrit rapidement. Il était armé, et n'hésiterait sûrement pas à s'en servir. Assis devant sa télé, il aurait su que justement, il fallait un maximum rester là, au milieu de tout ce monde. Il était encore tôt et les rues étaient pleines. Ces gens, tout insensibles, inconscients, de ce qui se jouait près d'eux, étaient une protection pour eux. Mais tout ce que Nicolas voyait depuis une seconde, c'était l'image tenace du revolver sous la veste de Steph. Et il prit donc la mauvaise décision:
-- D'accord, d'accord, les gars. Mais je viens tout seul.
-- Putain, mais regarde-le, ce merdeux! s'exclama l'ami de Steph. Il planterait sa nana là, pour aller boire des coups avec ses potes. Remarque, ça m'étonne pas trop, pour un mec qui laisse bobonne à la maison une fois par semaine pour aller se taper des putes de luxe avec ses potes.
Margot se réveilla d'un coup. Elle ne pouvait pas les laisser dire ça. Elle se redressa et s'apprêta à ouvrir la bouche, quand elle vit la mine déconfite de son mari. Ça ne pouvait vouloir dire qu'une chose: ils disaient la vérité. Comment était-ce possible? Et au fond d'elle-même, elle savait que ce n'était pas fini. Elle voulut le tuer sur place. Elle voulut le défigurer, lui griffer le visage jusqu'à ce qu'il soit obligé d'avoir recours à la chirurgie esthétique pour retrouver un semblant d'image de lui-même. Mais elle n'en eut pas l'occasion. Steph la prit par le bras et commença à marcher, vers là d'où ils venaient.
-- Je comprends ce que ça peut te faire d'apprendre ça. Mon pote Max n'est pas très fin, des fois.
-- Lâchez-moi, lui dit-elle fermement.
Elle remarqua que même si certains passants les croisaient en se demandant ce qu'il se passait, personne ne pensa à intervenir.
-- Non-non, reprit Steph en continuant de marcher. Je préfère rester avec toi. Avec la violence avec laquelle t'as appris ça, tu pourrais faire des bêtises et nous abîmer ton homme. Et on veut pas qu'il lui arrive quoi que ce soit. Hein, Max?
-- Oh non! On l'aime trop, ce petit pourceau!
Avant qu'elle ne comprenne quoi que ce soit, ils étaient dans la voiture. Steph appela quelqu'un, parla très peu, précisa simplement qu'ils avaient Nicolas et sa femme, puis acquiesça avant de raccrocher. Ils roulèrent en direction du périphérique pendant un moment, avant de s'aventurer dans des quartiers que Margot ne connaissait pas et n'aurait jamais voulu connaître. Dans la voiture, Max ne s'arrêta pas de parler, en insultant Nicolas. Elle rassembla tous les morceaux de l'histoire, distribués dans le désordre par le nerveux de la bande.
Nicolas n'allait plus à des réunions politiques. Ou plutôt avaient-elles bien dérivé. Depuis quelques mois maintenant, ils terminaient leurs réunions en allant aux putes, pensant que l'argent donné aux macs pouvait leur permettre de faire ce qu'ils voulaient des femmes vendues ainsi. Et plus les semaines passaient, plus ils semblaient aller loin. Jusqu'à deux semaines auparavant. Nicolas et ses amis avaient "loué" trois femmes en avance.
-- Dix-neuf ans max, qu'ils nous ont précisé, les mecs! Il a fallu qu'on leur précise qu'on faisait pas dans les mineures, nous! Mais ils voulaient de la chair fraîche!
Et ils l'avaient eue, leur chair fraîche. Trois gamines de 18 ans les avaient rejoints et ils les avaient attachées, baisées par tous les trous, et cravachées jusqu'au sang.
-- Y en a même une qu'il a fallu qu'on recouse nous-mêmes. T'aurais vu la balafre dans son dos. Elle était prometteuse, pourtant. Ils nous l'ont saccagée, mais ils veulent pas nous rembourser l'investissement qu'on avait fait sur elle. Tu comprends? C'est comme si tu vas dans... je sais pas, moi! Une arcade, tiens! Tu mets ta pièce dans la fente... Hey! Elle est pas bonne, celle-là, Steph? Bref! Tu joues aux jeux, tu te gaves comme jamais, tu fais des scores de ouf, des parties gratuites en veux-tu en voilà, puis avant de te barrer, tu mets des gros coups de latte dans l'écran de la machine. Ben là, c'est pareil, il nous a pété notre jeu d'arcade qui nous avait coûté une blinde!
Margot pleurait en silence. Les larmes coulaient sans qu'elle ne puisse les retenir. Ses yeux allaient de cet homme, qui racontait l'histoire de ces jeunes femmes avec un détachement effrayant, à son mari. Son piteux mari, qui ne faisait que regarder ses pieds en chouinant comme un bébé, n'osant même pas la regarder elle. Elle sentait déjà que tout était fini entre eux, mais c'était bien pire que ça. Il l'avait brisée, elle se sentait se vider de toute la joie qui la caractérisait depuis sa plus tendre enfance. Et maintenant? Qu'allait-il se passer?
Ils s’arrêtèrent dans une arrière-cour, où trois hommes, visiblement des sortes de gardes du corps, ou videurs, gardaient l'entrée d'un immeuble. Elle se laissa traîner par Steph, alors que Max s'occupait de pousser Nicolas jusqu'à l'intérieur.
-- Vous allez faire la connaissance de Madame Solange. Si ça tenait qu'à moi, je t'aurais bousillé ta petite tronche de premier de la classe et t'aurais laissé dans la boue, pour que tu comprennes le respect. Mais bon... Elle a sûrement d'autres projets! s'exclama Max joyeusement.
On les fit attendre dans une petite pièce sans chaise, sans aucun meuble. Nicolas sortit un peu de sa stupeur et tenta de s'approcher de Margot:
-- Je suis vraiment désolé, je sais pas ce qui m'a pris... C'était pour suivre les autres...
-- Ne me touche pas, lui répondit Margot avec froideur. Ne m'approche pas, ne m'approche plus. Ne me regarde plus.
Et Nicolas n'eut d'autre choix que de se taire, les yeux rivés sur le sol. Margot, elle, le regarda. Il était d'un coup devenu si pitoyable. L'homme qu'elle chérissait encore en poussant la porte du restaurant n'était plus rien. Pendant tout ce temps, elle se sentait en sécurité à ses côtés, alors qu'il l'avait envoyée en enfer. Elle se redressa, sécha ses larmes et lui tourna le dos.
Un homme d'une carrure incroyable ouvrit la porte et les invita aimablement à le suivre. Margot eut cette pensée ironique de se dire qu'ils n'étaient peut-être pas obligés de faire cette mise en scène presque risible de film de série B. Il les emmena dans un bureau où était assise une femme qu'une cinquantaine d'années, les cheveux bruns légèrement grisonnants. Ses vêtements exclusivement noirs faisaient ressortir ses lèvres carmin. Son visage était parfaitement maquillé, ses yeux bleus perçant aussitôt l'âme des invités forcés.
L'homme les assit chacun sur une chaise, et la femme les regarda longuement sans qu'aucun des deux ne réussisse à soutenir son regard.
-- Je suppose que vous êtes désolé, maintenant, Nicolas, dit-elle enfin d'une voix rude qui trahissait pourtant une habitude plus douce.
-- Je vous jure que je comptais venir régler cette affaire, balbutia-t-il.
-- Vous comptiez venir me déposer 20000€? Pourquoi ne l'avez-vous pas fait plus tôt, alors? Steph et Max peuvent être parfois si... embarrassants. J'espère qu'ils ne vous ont pas brusquée, Madame... Madame?
-- Margot, répondit-elle par réflexe. Et je n'ai rien à faire ici. Ce ne sont pas mes affaires, je n'ai plus rien à voir avec lui.
Madame Solange lui sourit, derrière son bureau. Le regard qu'elle posa sur elle était presque enjoué, comme si elle était ravie qu'elle lui dise ça.
-- Votre alliance me dit l'inverse, Margot. Pour le meilleur et pour le pire!
Elle laissa un petit temps de pause, voyant Nicolas se raidir, mais à peine eut-il un geste pour se lever et protester que le gorille appuya une main sur ses épaules et le fit taire par la même occasion. Madame Solange reprit donc, d'une voix plus douce:
-- J'espère que le meilleur était vraiment bon... Parce que ma belle, le pire est à venir.
Puis tout se passa rapidement. D'un simple regard vers son gorille, Madame Solange donna son ordre. Sans qu'il n'ait le temps de réagir, Nicolas se retrouva menotté à sa chaise. Aussitôt, il tenta de se lever, mais Margot remarqua que les chaises étaient soudées au sol.
-- Qu'est-ce que...?
D'un geste, Madame Solange fit taire toute protestation de la part de Margot.
-- Déshabille-toi.
-- Que...?
-- Laissez-la tranquille! Je vais vous trouver votre fric! cria Nicolas.
-- Ah mais j'y compte bien, Nicolas! s'exclama-t-elle. Tes 20000€, ainsi que ceux de chacun de tes copains. Et vous étiez douze. Je te laisse faire les comptes, petit merdeux. En attendant, les choses seront claires. Ta femme se présentera tous les soirs chez moi. Elle passera ses nuits nue, loin de toi. Mais je te rassure, Margot, le jour, tu auras tout loisir d'aller travailler et préparer ton divorce. Je serais même assez d'accord pour t'aider à le mettre sur la paille! Mais maintenant, déshabille-toi, ou mon ami Thierry ici présent va se fâcher pour de bon.
Margot avait rapidement fait le compte. Douze personnes qui lui devaient 20000€, cela faisait 240000€. Même pour eux, c'était une somme énorme. Bien trop énorme pour une cicatrice dans le dos! Mais elle n'eut pas le cœur de pinailler sur le montant du préjudice. Elle se recroquevilla sur elle-même en l'entendant répéter son ordre. Il était hors de question qu'elle le fasse, hors de question qu'elle vienne ici tous les soirs jusqu'à une hypothétique date où la somme serait remboursée. Même si elle ne comptait pas retourner dans leur appartement, il n'était pas non plus envisageable de finir ici, parmi les putes.
Mais rapidement, Madame Solange s'impatienta. Margot tourna la tête vers Nicolas en entendant un déclic sur sa droite. Elle vit avec horreur ce Thierry braquer une arme sur l'arrière de son crâne. Nicolas se remettait à pleurer. Une partie d'elle eut envie que le doigt sur la gâchette appuie sur la détente. Ce qui mettrait peut-être fin à ses tourments à elle. Mais que deviendrait-elle après ça? Elle ne put se résoudre à cette fin tragique, et commença, tremblante, à déboutonner son chemisier en reniflant.
-- D'accord, d'accord, mais ne tirez pas... Je vous en supplie, ne tirez pas.
-- Mets-toi debout, lui dit Madame Solange sur un ton doucereux qui pourtant ne laissait aucune place à la négociation.
Margot se leva, sur des jambes flageolantes. Elle posa sa veste de tailleur sur la chaise, puis son chemisier. Aussitôt, elle passa ses bras sur sa poitrine pour la cacher.
-- Tu apprendras à être moins pudique, Margot, lui dit Madame Solange. Pour cette première fois, je suis d'accord de t'aider.
Margot s'efforça d'oublier les couinements de son mari près d'elle. Madame Solange se leva et passa derrière elle pour dégrafer son soutien-gorge. La jeune femme serra encore plus fort ses bras pour qu'il ne tombe pas. Madame Solange passa devant elle et lui releva le visage en lui souriant.
-- Laisse tes bras, ma belle. Ne m'oblige pas à te forcer.
Mais pour seule réponse, elle eut un regard plein de panique, des yeux exorbités par la peur et la honte, et une tête qui lui fit signe que non, elle ne voulait pas. Madame Solange n'était pas arrivée là où elle en était à force de caresses et de gentillesses. Elle lui asséna une gifle magistrale qui fit perdre l'équilibre à Margot. Elle réussit à se rattraper avant de s'effondrer, mais le soutien-gorge était maintenant au sol. Dès qu'elle put, elle remit ses bras sur ses seins. Madame Solange, un sourire en coin, la laissa faire, et s'attela à sa jupe, dont elle ouvrit le zip sur le côté. Elle tira dessus et elle se retrouva à ses pieds. Elle lui retira ses chaussures, ses bas, puis enfin son string. Margot cacha son intimité d'une main, gardant son autre bras sur sa poitrine, même si la taille de son bras n'arrivait pas à cacher la générosité de ses formes.
Madame Solange retourna s'asseoir sans un mot. Elle la regarda un instant avant de soupirer d'agacement.
-- Attache-lui les mains dans le dos.
Margot essaya bien de se débattre, mais l'homme était bien trop fort. Il utilisa des Rislan, dont le plastique qui lui rentrait dans la peau et lui faisait mal.
-- Quand même, Nicolas. T'as pas honte? Une femme si belle, et tu vas aux putes? Qu'est-ce que tu croyais? Qu'il y a des choses que ta bourgeoise se devait de ne jamais connaître? Qu'on ne peut enculer qu'une pute parce que c'est pas assez classe pour ta bourgeoise? Jette-moi ça dehors, fit-elle à Thierry. Et sache une chose, Nicolas. Plus tu mettras de temps à me rembourser, plus elle aimera ça, venir ici. Parce que crois-moi, elle finira par aimer ça. Et il suffit qu'elle rate un soir, et non seulement on s'occupe de toi, mais aussi de vos familles, parents, frères et sœurs, neveux, nièces. Peu importe. Alors protégez-les et faites ce que vous avez à faire.
Une fois Nicolas envoyé dehors par Thierry, Madame Solange appuya sur un bouton. Aussitôt, une voix grave répondit:
-- Oui, Madame Solange?
-- Nous avons une pensionnaire. Veuillez l'envoyer auprès de Valérie.
Margot était résignée. Elle avait bien pensé à s'enfuir, partir loin, dans de la famille en Angleterre, ou même celle qui était partie aux États-Unis. Mais cela voulait dire condamner quelqu'un d'autre. Elle ne pourrait jamais demander à sa famille de tout quitter. Elle se rendait compte qu'elle n'avait pas d'autre choix que celui d'accepter son sort. Elle ne dit rien, n'opposa aucune résistance lorsque qu'un nouvel homme vint la chercher et la traîner dans les couloirs, jusqu'à descendre au sous-sol, où se trouvait apparemment le stock d'un bar. Là, il ouvrit une lourde porte, la poussa à l'intérieur, puis referma la porte.
Il faisait froid, elle était seule. Elle se mit à pleurer, essaya de rouvrir la porte, mais en vain. En entendant des claquements de talons s'approcher, elle se blottit dans un coin. La femme qui vint la chercher, Valérie sûrement, avait tout de la prostituée. Elle était sexy, habillée de façon aguichante. Elle devait avoir dans la trentaine, à peine plus âgée que Margot. Elle était belle et désirable, et pourtant, elle donna la nausée à Margot.
-- Tu t'appelles comment? lui demanda-t-elle sur un ton rustre.
-- Ma... Margot.
-- Alors Margot, bienvenue dans ton nouveau chez toi! Du moins pour la nuit. T'as de la chance, la soirée ne fait que commencer, tu vas pouvoir être présentée. Suis-moi. Allez, fais pas ton emmerdeuse. Tu veux vraiment pas emmerder qui que ce soit, ici, crois-moi.
Valérie la prit par le bras et la tira dans d'autres couloirs où toutes les portes étaient fermées.
-- J'ai fait revenir ta copine de chambrée, comme ça, elle va pouvoir t'expliquer.
Elle ouvrit finalement une des portes et la poussa dedans. À l'intérieur, il y avait deux lits, qui avaient l'air plutôt confortables. Au pied de chaque lit, une armoire, et c'était tout.
-- On y retourne dans 5 minutes, Géraldine.
Géraldine était l'autre femme qui logeait dans cette chambre. Elle aussi était nue. Ses petits seins pointaient, mais Margot remarqua aussitôt leur rougeur. Elle la prit dans ses bras:
-- Je sais ce que c'est. Je m'appelle Géraldine. Et toi?
-- Margot.
-- C'est à cause de ton mari, aussi?
Margot hocha la tête et repartit dans un sanglot.
-- Il ne faut pas pleurer, lui dit Géraldine. Tu ne dois pas leur montrer que tu es faible. Ils aiment trop ça, les femmes faibles. Nous devons leur être agréables, mais toi, ce soir, tu seras tranquille. Les présentations se font en cage.
-- En...?
Margot ne réussit même pas à prononcer ce mot. Elle eut préféré mourir dans l'instant plutôt que de se retrouver dans une cage comme un animal.
-- Oui, oui, je sais... Mais c'est moins impressionnant que ça n'en a l'air, je t'assure. Tu devras en profiter pour observer et apprendre. Il n'y a qu'un moyen de faire de cet enfer un endroit plus agréable: obéir.
La porte se rouvrit, et Géraldine lui essuya les larmes sur sa joue en lui souriant.
-- Tout va bien se passer, tu vas voir. Viens.
Margot se laissa guider par la douceur de Géraldine, se demandant ce qui l'avait conduite ici. Elles remontèrent dans le bâtiment et bientôt, Margot entendit des éclats de voix, de la musique, un ronronnement de discussions de gens heureux.
Géraldine les quitta en entrant dans la salle par une petite porte discrète, après un geste d'amitié et d'encouragement pour la nouvelle arrivée. Valérie la conduisit à une autre entrée. Celle-ci la faisait arriver directement dans une pièce toute noire. Pourtant, le bruit était tel qu'elle avait le sentiment d'être parmi les invités. La porte se referma derrière elle et elle resta figée, jusqu'à entendre la voix qu'elle n'oublierait jamais: celle de Madame Solange, qui demanda le silence.
-- Mes chers amis, rebonsoir. Comme vous avez pu le constater, une affaire urgente m'a obligée à vous quitter un moment. Mais je peux vous assurer que ce n'était pas en vain. Pour votre plus grand plaisir, veuillez accueillir parmi nous Margot!
Aussitôt, la lumière se fit. Margot comprit alors qu'elle était dans la cage qui avait simplement été recouverte d'un tissu opaque. Elle ferma d'abord les yeux, agressée par l'intensité des lumières, mais eut le temps de remarquer que sa prison était longue de deux mètres maximum, et à peine plus d'un mètre de largeur.
L'assemblée applaudit, s'exclama, et tous les regards se tournèrent vers elle. Tout le monde portait un masque, ou un loup, afin de cacher son identité. Seules Madame Solange, Valérie et celles que l'on nommait Esclaves, apprendrait-elle plus tard, étaient à visage découvert.
Les personnes les plus proches de la cage s'approchèrent encore. Elle entendit des hommes et des femmes lui souhaiter la bienvenue, d'autres grogner de plaisir en la reluquant, et d'autres encore se moquer d'elle, par son attitude. Margot ne supportait pas ces regards posés sur elle et s'était retournée, afin de cacher sa poitrine et son sexe.
-- Regardez-la! Elle nous présente déjà son cul! s'exclama un homme en le lui caressant.
Margot sursauta, lâchant un cri aigu et se plaqua contre la porte. Mais la main était toujours là. Elle se décala sur la droite et sentit la main se retirer, mais aussitôt, une autre prit sa place.
-- Laissez-moi, je vous en supplie, couina-t-elle d'une petite voix.
Mais c'était Géraldine qui avait raison. Elle venait de montrer sa faiblesse, et un nombre de mains incalculables se posèrent sur son corps, alors que des voix continuaient de lui souhaiter la bienvenue. Elle se trémoussa, pleura, chouina, mais elle ne put rien y faire. Les mains la caressaient. Les fesses, les cuisses, le dos, la nuque. Par le côté de la cage, certains atteignaient ses seins, même si elle les gardait plaqués contre la porte. Et ses jambes serrées n'empêchèrent pas des doigts s'insinuer contre son sexe.
Parmi toutes les voix, elle entendit celle Madame Solange, trop proche à son goût. Les mains se retirèrent puis une autre l'attrapa par les cheveux et la tira en arrière. Elle se retrouva plaquée le dos contre les barreaux et elle vit les regards de ceux qui pouvaient maintenant admirer son corps entier.
-- Écarte les jambes, lui dit-elle d'un ton rieur. Allez!
Margot ferma les yeux et grimaça sous la douleur sur son cuir chevelu. Elle s'exécuta à contre cœur, reniflant pour ne pas se remettre à pleurer. Aussitôt, elle sentit la main de Madame Solange se plaquer sur son sexe et y insérer un doigt. Margot se crispa, ressentant ce doigt fin comme un véritable camion qui lui ouvrirait les chairs.
-- Non, s'il vous plaît...
-- C'est ça, crispe-toi, Margot, lui souffla Madame Solange en remuant son doigt en elle. Ça te fera mouiller encore plus... Malgré toi, tu vas mouiller, malgré la honte et le déshonneur, tu vas couiner comme une petite chienne.
Elle retira son doigt et lui claqua la fesse droite avant de déclarer:
-- Messieurs-dames! Vous avez 5 minutes pour souhaiter la bienvenue à cette nouvelle Esclave!
L'assaut fut aussi désordonné que virulent. Des mains lui attrapèrent les seins pour la garder plaquée contre les barreaux, d'autres lui caressaient le ventre, le sexe, l'anus, les cuisses, même les mollets et les pieds. Seul son visage était épargné. Et Margot perdit pied rapidement. Son clitoris était branlé avec virulence, pincé, claqué, ses tétons tirés, et ses trous... Elle se faisait violer par un nombre de doigts impressionnant, ne pouvant s'en défaire, ne pouvant les retenir. Ils la fouillaient, jusqu'au col de l'utérus, s'insinuaient dans son cul. Et Margot criait, pleurait, se débattait.
Mais le pire, ce n'était peut-être pas tout ça. Le pire était sûrement de sentir son corps réagir d'une manière qu'elle ne contrôlait pas. Sa cyprine se mit à couler, son sphincter se dilater. Son bouton frictionné lui lançait des messages de plaisir et chaque mouvement qu'elle tentait pour se défaire de cette emprise semblait augmenter les signaux de plaisir dans son corps.
Bientôt, ses cris prirent une nouvelle teinte, et les doigts s'alternaient, accéléraient. Elle ne savait plus qui elle était, ne voulait plus le savoir, ne voulait plus penser, ne plus réfléchir, juste laisser passer, en mode défensif, jusqu'à ce qu'une partie des mains se retirèrent.
C'est alors qu'elle sut qu'elle allait jouir malgré elle. Une main virile la plaqua contre les barreaux et deux doigts la pénétrèrent. Elle fut doigtée comme jamais personne ne l'avait doigtée. Elle fut doigtée, même, comme jamais personne ne l'avait baisée. La puissance de ces doigts dépassait de loin celle des quelques queues qui l'avaient pilonnée dans son existence de bourgeoise bien rangée.
Elle lâcha un râle puissant, voulut retenir, mais ces doigts, cette main, étaient impitoyables. Son corps entier fut traversé de secousses sous les applaudissements de la foule en délire.
Margot s'écroula au sol et la soirée reprit son court. Plus personne ne faisait trop attention à elle. Elle pleurait à chaudes larmes et personne n'en avait rien à faire, pas même les autres Esclaves qui passaient à proximité. Seule Géraldine eut un regard compatissant pour elle. Au bout d'un temps, les larmes et les sanglots se tarirent.
Elle put alors observer ce qui se passait. Tout avait l'air d'une soirée mondaine tout à fait normale comme elle en avait vécue des centaines. Au détail près que les serveuses étaient nues et devaient apprécier chaque attention à leur égard: caresses, pincements, claquements, doigts insérés. Il y eut même un homme qui fit jouir une d'elles en riant à gorge déployée. Et elle semblait vraiment y prendre du plaisir, se donner à l'homme qui la baisait avec une bouteille de vin en faisant rire ses amis, alors que la pauvre Esclave portait toujours son plateau de petits fours et qu'à chaque perte, une femme lui assénait une virulente fessée.
Après ce passage, l'Esclave dut reprendre son service comme si de rien n'était. Assise en boule dans le fond de sa cage, Margot comprit alors que celles qu'elles appelaient "putes" avec dédain depuis le début de soirée étaient sûrement plus respectées qu'elle ne le serait ici. Même si elle devait bien admettre que certaines de ces Esclaves, dont Géraldine, semblaient radieuses et heureuses.
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