Chapitre 15-3 : compromissions - Acte III

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Le vertige
Hauteur de Vitrolles
Soirée et nuit du 25 janvier 1990


L’ambiance du dîner, d’abord plombée face au silence tendu d’Ancel, se détendit finalement peu à peu grâce à Bagnol. Vêtue d’une robe sobre, qui épousait ses courbes et faisait ressortir sa poitrine, la jeune femme se lança avec passion dans la description de sa région. Son enthousiasme finit par dérider la conversation.

Le repas terminé, ils s’installèrent sur une petite terrasse fermée ou elle lui servit un excellent digestif ambré à l’arôme puissant de prunes.

Après un deuxième verre, il indiqua qu’il allait se coucher. Elle se leva et le guida à travers l’allée bordée de lavandes, jusqu’à un mas discret, situé au fond du jardin. Elle s’effaça contre le chambranle. Il dut la frôler pour passer. Gêné, il se retourna pour la remercier.

Il n’eut pas le temps de finir. Refermant la porte derrière eux, Bagnol avait fait tomber sa robe à ses pieds, restant vêtue d’un simple string en dentelle noire.

Il bafouilla :

« Que… que faites-vous ? »

Un sourire mutin aux lèvres, elle s’avança, posa son doigt sur sa bouche, et sans attendre l’embrassa. Il resta interdit. Elle se redressa et le fit reculer jusqu’à ce qu'il bascule sur le lit.

« Sophie… non… », murmura-t-il d’une voix rauque.

Sans tenir compte de ses protestations, elle déboutonna sa chemise puis écrasa sa poitrine contre son torse. Son souffle effleura sa peau. Lorsqu’elle entreprit d’ouvrir son pantalon, un désir fulgurant le traversa de part en part. Un gémissement lui échappa.

Il voulut résister, mais son corps avait déjà choisi. Dans un mouvement instinctif, il fit basculer la jeune femme et se retrouva sur elle.

Le remords
Hauteur de Vitrolles
Matinée du 26 janvier 1990


Au moment de franchir le seuil du séjour, une violente morsure lui lacéra la poitrine : Amandine ! Il l’avait trahi. La nausée le secoua. Il entra, les traits tirés.

Antonin attaqua d’emblée : « Nous voulons participer aux bénéfices, il leva la main pour prévenir la réaction d’Ancel, votre groupe ne sera pas mêlé à cela. »

Ils tombèrent rapidement d’accord. Une de leur société légales prendrait part à certaines opérations. Et aux profits attendus.

Dans le TGV du retour, il s’enfonça dans son siège, les yeux perdus dans le paysage qui défilait, ne parvenant pas à fuir la nuit passée avec Sophie. Ils avaient fait l’amour plusieurs fois, avec passion. C’était dû à la pression du moment. Mais il avait trompé Amandine.

L’amertume lui monta à la gorge. Les souvenirs d’Elsa surgirent comme un coup de fouet. Il se leva brusquement pour aller aux toilettes. Face au miroir, il se figea. Un salaud lui renvoyait son regard.


La mafia
Périphérique parisien
20 février 1990


Leonardo ne conduisait pas, il pilotait. Sa Porsche filait sur le périphérique, avalant la route d’un trait. À la sortie du conseil, Ancel lui avait demandé s’il pouvait le déposer à La Défense. Le quarantenaire avait accepté sans hésiter, comprenant que l’objectif était d’avoir un entretien discret.

« Vous voulez quoi ? »

Marc fixa la route, se demandant si Leonardo avait conscience qu’ils se rapprochaient dangereusement vite de la voiture devant eux.

« Vous vouliez que notre future filiale italienne blanchisse des fonds.

— Et vous avez refusé, ce qui a d’ailleurs été très mal perçu.

— Et bien j’ai changé d’avis. »

L’italien tourna brièvement la tête vers lui, ce qui lui provoqua une nouvelle poussée d’adrénaline. Ils n’étaient plus qu’à quelques mètres de la voiture qui les précédait.

« C’est un deal gagnant – gagnant. Vous avez un nouveau canal pour votre blanchiment. Moi je dispose de plus de cash. »

Leonardo déboîta. Il se fit plaisir en réalisant une accélération fulgurante.

« Alors, rémunérez les dépôts que nous allons effectuer.

— Aucune banque ne rétribue les comptes à vue. Trop visible. En revanche, je peux ne pas prendre de commission. »

Ancel venait de proposer de lui faire un cadeau de 2 % des sommes concernées.

Leonardo ralentit et se rabattit sur la voie de droite pour sortir du périphérique.

« D’accord. Nous injecterons deux cents millions cette année. »

Déposé au pied de La Défense, Marc emprunta un escalator pour arriver sur la dalle. En additionnant cet apport aux gains à venir de ses opérations avec les Marseillais, ils pourraient tenir quelques mois, repoussant d’autant les arbitrages qui tôt ou tard seraient nécessaires. Malgré le froid piquant, il traversa le parvis d’un pas vif, ragaillardi. Il ne le savait pas encore, mais les bouleversements qui s’annonçaient en Europe allaient le pousser à changer de dimension.

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