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Quand il se réveilla dans la nuit, les sons, l’ambiance, les odeurs ne correspondaient à rien. Après une courte panique, il se remémora sa soirée. Son sexe débordait, trop sollicité sans issue. Il avait envie, mais ne pouvait pas bouger, coincé contre le mur par cet homme dont il partageait le lit. C’était la première fois qu’il ne dormait pas seul. Il était sans crainte, confiant dans la parole d’Antoine, malgré ses mœurs particulières. Il avait dû trop s’agiter, car son compagnon se réveilla à son tour. Il était nu également. C’était une stature enveloppée et son corps était velu, de partout. Malgré son blond vénitien, cela rendait son corps peu attrayant.
L’expression d’une envie pressante lui permit de s’échapper. Mais également de constater que ses pulsions avaient repris leur affichage. De retour, les yeux d’Antoine fixaient cette exhibition. Il se recoucha et la main de son collègue vint se poser sur sa poitrine, après une esquisse de permission. Cette main lui brûlait la poitrine. Les doigts s’agitaient doucement, frôlant chaque fois son téton. Ce dernier durcissait, le rendant hypersensible. Il ignorait cette possibilité d’érection.
Antoine discourait sur chaque partie de son corps que ses mains parcouraient. Il disait admirer la finesse et la vigueur de ses membres, son ventre plat et dur, sa figure si bien proportionnée, ses cheveux mi-longs, droits et noirs. Il aimait aussi son esprit, sa conversation, ses connaissances. Devant tant de flatterie, il s’abandonnait. Quand les caresses arrivèrent à son sexe, ce dernier exprima son besoin de délivrance. Un dernier sursaut lui fit entrevoir la situation. Il ne pouvait pas. Il demanda à Antoine de retirer sa main. Antoine poursuivit la conversation, sans allusion à sa déception. Il s’en voulait de repousser tant de gentillesses, mais c’était juste impossible. Le lendemain, ils prirent leur collation toujours nus. Antoine se doucha, mais il s’abstint de demander de l’aide.
Leur relation continua à l’identique. Le plombier était passé. Cependant, quand Antoine lui demanda de poser à nouveau nu, il acquiesça immédiatement, avec un grand sourire. Antoine le complimentait en le dessinant. Cela était bon enfant et il restait nu pour la chopine, sous prétexte de la chaleur, sans admettre le plaisir d’être regardé.
Il expliquait le nouveau plaisir qu’il venait de découvrir : le parapente, sport tout nouveau. Il avait vite progressé et maintenant, il pouvait voler seul, loin du monde, le regardant de haut, sans avoir à y participer. Il aimait ce sport individuel, qui demandait un minimum d’échange pour la logistique. Il continuait cependant à courir. Antoine le félicita, car il avait vraiment un corps magnifique.
Un soir, ce fut lui qui demanda à rester dormir. Son appartement n’était qu’à deux kilomètres, mais il n’avait pas le courage, dit-il. Il savait que Antoine avait une grande attirance pour lui. Il ressentait encore ses caresses délicates et pleines d’envie. En le proposant, il savait qu’Antoine retenterait sa chance, inévitablement, et ils savaient tous les deux qu’il allait refuser. Cependant, ils pouvaient partager cette intimité, pensait-il.
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