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Dorénavant, il couchait tous les soirs chez Antoine. Dans la journée, il attendait avec impatience la petite pression demandant son ouverture et son passage dans le paradis. Inconsciemment, son attitude avait dû évoluer, car François se mit à le traiter de pédale, l’associant à Antoine dans ses propos salissants. Pourtant, il était certain de ne pas être comme Antoine. Ce qu’ils partageaient était juste des amusements, intenses, mais finalement très peu sexuels, se mentait-il consciemment.
Il abandonna ses rares retours vers la capitale et ses encore plus rares copains pour passer ses weekends à voler, accompagné d’Antoine. Quand il atterrissait, Antoine le serait dans ses bras, comme un amoureux retrouvé. Il n’aimait pas trop, car il y avait toujours des personnes présentes, mais il appréciait ce contact chaleureux.
Antoine continuait à le dessiner, chaque jour, dans des poses les plus diverses, parfois très érotiques. Il l’avait emmené dans des boutiques spécialisées pour changer de sous-vêtements, pour acheter des accessoires. Il aimait ces moments d’échanges, quand Antoine lui expliquait ce monde si différent. C’est lui qui fut attiré par cette sorte de bijoux. Le vendeur, à sa demande, lui en proposa un portable jour et nuit. Son placement était délicat et il laissa faire cet homme mûr pour lui placer les anneaux. C’était la première fois qu’il se laissait manipuler le sexe par un parfait inconnu.
Ce qu’il aimait, c’était la sortie en boite du samedi soir. Il avait hâte qu’ils y soient, bien que détestant le bruit, les odeurs. Cet amas d’hommes, la plupart plus âgés que lui, dans des tenues qu’il jugeait dégradantes, se trémoussant comme des femelles en chaleur, le dégoutait. Il dansait rarement, uniquement avec Antoine, car il savait que ce serait prude, redoutant les mains étrangères pétrissant ses membres. Il fut invité plusieurs fois, déclinant chaque fois. Il faillit se laisse convaincre par un garçon de son âge, au regard doux et à la chevelure bouclée. Il aimait cette ambiance qu’il ne supportait pas, tout en sachant que ce monde n’était pas le sien.
La semaine suivante fut éprouvante. L’image de ce garçon l’habitait jour et nuit. Ses yeux le fixaient en permanence, affichant leur attente. Il était excité en permanence. Il demanda à Antoine d’abandonner le gode, de le pénétrer. Antoine refusa. Ce n’était pas son truc. Il insista. Antoine accepta, à charge de revanche. Il n’en pouvait plus. Il était déjà avec son archange inconnu. Il accepta.
L’opération fut un demi-fiasco. Ses refus remontaient, mélangés à ses envies d’être dans les bras de son héros. Antoine était mal à l’aise dans ces pratiques peu appréciées et dans l’incompréhension des changements de son partenaire. Il comprit dans le changement de position, car il devint l’objet d’assauts véhéments. Après s’être allongés, épuisés de ces acharnements, Antoine lui demanda la raison de ces changements. Il eut beaucoup de mal à se justifier, ne voulant pas admettre son attirance infinie pour ce garçon croisé. Il doutait même s’être fait dragué, pensant avoir rêvé, refusant ce songe d’un amour homosexuel.
Pourtant, les soirs suivants, ils recommencèrent, à sa demande.
Le samedi fut une torture. Antoine avait exprimé un autre souhait de sortie, sentant son compagnon peu à l’aise dans cette boite si particulière.
Il ne pouvait avouer son attirance pour un homme, son attirance pour un autre que son initiateur. C’était une double trahison, vis-à-vis de lui, vis-à-vis d’Antoine. Il insista pour retourner dans cet enfer, pour faire plaisir à Antoine qui s’y défonçait dans le bruit et le rythme.
L’ange ne passa pas. Son image s’estompait, la douleur était double. Il reporta son dépit sur Antoine, cette fois le dominant chaque soir avec rage. Antoine en profitait, heureux de trouver son bonheur, tout en devinant la perversion de cet engouement.
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