Les Abysses

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Les fonds-marins m’ont toujours passionné. Je n’ai jamais pu en faire mon métier m’étant rabattu sur l’éducation des lettres. Mais bon, du haut de mes trente-quatre ans le permis de plonger est en ma possession et je vais régulièrement observer les profondeurs. Quitte à me balader dans les quatre coins de la France. J’arrivai alors face à une gigantesque rive qui semblait infinie. Devant mes yeux ébahis : l’océan. Je ne comprends pas les ignares qui n’apprécie cette discipline, découvrir de nouvelles espèces végétales ou bien animales...c’est si fascinant si fabuleux que ça en devient inexorable ! J’arrête ma barque et observe les profondeurs obscures qui ne saurait envier le néant de la galaxie. J’enfile le costume, masque y compris, et après avoir équipé ma bouteille de mélange remplaçant l’oxygène je plonge.

Je ne prends guère la peine d’observer les quelques poissons qui se dirigent vers la côte et ni une ni deux remue mes palmes en direction des profondeurs subliminales. C’est si agréable. Je suis atteint de la fabuleuse maladie de la sérénité. Mais je sais que ce n’est pas incurable, quand je remonterais je serais soigné. Je commence à ne plus apercevoir la lumière terrestre et là j’accélère. Enfin...le calme visuel. Quelques poissons plus au moins imposants passent sous mon nez. Je m’arrête de temps en temps avant de finalement suivre une bête qui passa rapidement sous mes yeux.

Avec l’effet je cru voir quelque chose d’inconnu mais dû à ma grande curiosité je me dirigeai vers cette chose. Elle me fuyait, c’est un comportement normal après tout. Je continu et l’observe avec un regard perçant. Cette créature marine était ainsi ; Un poisson de carrure similaire à la Brême. Mais ses couleurs ne ressemblaient à aucune des créatures que je connais, le mélange en particulier. Une base noir d’ébène, des nageoires blanches mais surtout une tête de couleur vermeille et je ne put malheureusement reconnaître la teinte des orbites. Soudainement alors que je cru retrouver cette créature singulière quelque chose me fit paniquer. Je venais de boire la tasse...ce qui voulait dire que mon masque possédait une faille. J’essaie de remonter en me forçant de rejeter cette eau effroyablement infâme mais j’étais aller trop loin, trop dans les profondeurs.

Je reprends mon souffle et crache des remontées d’eau salée. Je tousse et vomi légèrement. Se fut affreusement désagréable. Une fois relevé je respire grandement et observe les alentours mais surtout mon accoutrement. Je n’avais plus sur moi que le strict nécessaire de ma combinaison. Ensuite je semblais être dans une caverne sous marine. Non loin des pierres où je me trouvais à mon réveil un trou affreusement distinct et précis où se reflétait l’eau bleuâtre de la sortie qui m’était inentamable. Je m’assois et reprends mon calme habituel. La salle comment était-elle ? Une surface rocheuse assez limitée, de la mousse placée irrégulièrement et les ténèbres pour amies. Mais d’un regard attentif je discerne une légère fissure formant une entrée...est-ce une porte ? Plus qu’à essayer, je ne me laisserais pas mourir ici en attendant sagement.

Je me mis à essayer de pousser cette plaque rocheuse qui se différenciait. Je n’eus pas besoin de fournir des efforts titanesques que la sortie, cachée tel un renard dans un poulailler, tomba en avant et pris par surprise je m’engouffrai contre mon gré dans ce trou béant. La chute fut si rapide que je n’eus guère le temps de m’inquiéter de quelconque danger. La douleur fut brutale mais pas atroce. Je me relève et alors je fut proie d’une horreur qui me glaça le sang. Je ne pouvais voir. Etait-ce ma vue ou une obscurité digne des enfers ? Je ne sais pas mais je suis perdu. Je tâtonne les pierres désespérément. Il me fallut des efforts inhumains pour je pas céder à la panique. Je réussis toutefois à rester calme et arrêter de errer comme un malheureux. Je me mis contre la paroi la plus proche et essaye d’escalader. En vain. Cependant ma main se posa sur un socle. Après quelques minutes de recherche j’attrapai une torche. Mon mouvement fut si imprudent qu’il en devint brusque. Le flambeau gratta la roche et s’alluma instantanément. Je sursautai mais ne lâchai pas. Soudain je me cru devenir fou. Cette couleur face à moi...la teinte de cette roche, je ne la connaissais pas. Je ne pouvais ignorer cela. Je ne peux le comparer à quelconque chose existante sur notre planète bleue. Mais je n’eus pas besoin d’un temps conséquent pour me rendre compte de la blancheur de la roche et observer la flamme. Ce n’était pas du feu de mortel...avec cette couleur et cette forme indescriptible. Seul la lumière et la chaleur rappelle une torche terrestre. Non...le big bang n’avait créé de telles choses. Où suis-je ? Me disais-je le cœur battant tandis que j’observais le bâton maudit de par son inexplicabilité. Alors quelque chose que je n’avais pas remarqué au toucher m’apparut comme une évidence. Une massive porte d’un bois dont je ne pus définir la provenance se montra à moi.

Ignorant volontairement la torche, qui par ailleurs produisait la lumière d’une lampe-torche, je m’engouffrai prudemment dans cette potentielle sortie. Derrière il y avait un couloirs. Les murs et le sol semblaient être fait d’une texture souple mais écailleuse. Un tapis élégant mais crasseux enjolivait l’allée. De nombreux flambeaux maudits étaient accrochés aux parois, évidemment éteints ce qui rendait terriblement obscure cette pièce. Des hiéroglyphes habillaient le marbre. En bon littéraire je me risquai dans le décryptage de ces textes, mais rien n’y faisait, c’était un alphabet inhumain ! Une peinture attira mon attention ; elle représentait trois sphères colorées par ce spectre étranger. Et tout comme la torche les sphères peintes brillaient. L’arrière plan reflétait un désert comportant toutes les nuances de gris que je connaisse. L’œuvre était aussi malsaine que belle. Je finis par reprendre ma marche. Je fixe le sol, las de ce labyrinthe. Je finis après environ une demie heure à lever le regard. Un coup d’œil à l’est me figea. La peinture était là, je n’avais pas bougé.

Cette fois-ci je me mis à courir mais rien n’y faisait. Malgré que je bougeais je restais sur place. Rebrousser chemin ? Impossible. Suivre le tapis ? Infaisable. Je pouvais seulement aller d’un mur à l’autre, à l’horizontale, comme piégé dans un coupe-gorge invisible. J’agitais le feu inhumain un peu partout espérant trouver une faille, rien. J’allais m’asseoir contre le mur parallèle à l’affreuse aquarelle pour observer ma situation au lieu d’être sur le point de me briser les os contre quelques parois inobservables. Je pense que le plus affreux était la froideur incomparable de ces façades inexplicables. Je commence à me laisser lentement submerger par l’inquiétude. Je regarde plus en détail l’alphabet affiché dans la pièce. Et fou de joie je réalise que certaines lettres étaient du grec. Mais évidemment entrecoupées de cet alphabet inconnu. ...Χ...ρ…ώ…μ…α. Cou...leur, couleur ? Ξ…ι…φ…ί…ν…γ…κ. X...i...fi..n..g ? «Couleur-xifing» ? Que cela veut-il signifier ?

Ceci m’apparut comme une évidence après je ne sais combien de temps. Cette couleur inexistante dans le spectre humain, c’était son nom. Le ou bien la « xifing ». Etait-ce une aide ? Si oui qu’est-ce qui était coloré en xifing dans la pièce...cette torche...et ce portrait. Je dois brûler le portrait ? Et si ça me bloquait ?! Mais ais-je réellement d’autre solution ? Tant pis. Dans tous cas si je reste inactif je pourrirais ici. J’approche prudemment cette flamme qui n’en est pas une et la toile prend feu immédiatement. A croire que le canevas était imbibé d’essence. Une fois que la poussière finit de tomber sur le sol je remarqua que le tableau était accroché sur du vide. Je ne prend pas la peine de me questionner et pénètre dans cette potentielle issue, jouissant de mon petit gabarit. Je lâche mon flambeau écarquille les yeux et me force à respirer. Face à moi le néant.

Cette matière écailleuse était présente en bandelettes. Le reste était de la roche typique. Ce qui était horrible c’était la finalité de cette supposée caverne. Le vide et l’obscurité. Je me rééquipe de la torche et avance le cœur lourd et la marche tendue. Et je saute. Je n’avais pas réfléchi, c’était guidé par ma peur...par la terreur du lieu.

Je reprend mon souffle hors d’haleine. Un pêcheur m’observe et me dit :

« Eh beh mon gars, t’as eu d’la chance qu’on t’trouve avec les gars ! Tu t’noyais ! ».

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