Mardi 29 janvier 2019
Aujourd'hui j'aurais pu revoir mes anciens collègues et amis… mais non. Encore une soirée, encore une sortie que je rate. Encore une fois où je suis celle qui ne vient pas, celle qui reste à l'écart, celle qui ne participe pas. Je me suis tant et si bien effacée de la vie des gens qu'à force j'en suis devenue invisible.
Bien entendu, c'est ma faute. J'ai pris la décision de ne pas y aller. C'était trop loin, trop cher, trop tard. Je n'avais pas de moyen de retour, il m'aurait fallu aller à l'hôtel. Un investissement excessif pour quelques heures dans un restaurant. Autant d'idées subtilement distillées que j'ai fini par faire miennes pour me convaincre que c'était moi qui ne voulais pas y aller.
J'ai créé ma propre prison. Il m'a tendu les briques mais c'est moi qui ai monté les murs. Il n'a même pas eu besoin de m'interdire de sortir ou de voir mes amis. Les idées sont tellement bien implantées dans mon esprit que j'ai réussi à me convaincre qu'elles venaient de moi. J'ai tout fait toute seule, comme une grande.
Plus j'avance, plus je me rends compte de ses manipulations et plus je suis fatiguée. Vais-je vraiment réussir à m'en sortir un jour ? Il me semble parfois que je ne suis pas assez forte pour lui faire face.
Il m'aura fallu voir les photos postées sur les réseaux sociaux pour me rendre compte qu'en fait j'avais envie d'y être. Que j'aurais franchement pu y être. Mais je ne peux blâmer que moi-même parce que c'est moi qui ai baissé les bras et pris la décision de ne pas y aller. C'est moi qui me suis retranchée derrière des prétextes fallacieux.
Je ne lui reproche rien, je fais le bilan objectivement. Après tout, il faut que je sois capable de reconnaitre ma propension à me laisser manipuler si je veux éviter que cela ne se reproduise.
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