J'ai toujours pensé que les blagues contenaient un fond de vérité.

Pourquoi je n'ai pas agi en connaissance de cause, ça reste pour moi un mystère. Quand on s'est rencontré et qu'il m'a dit d'un ton léger "Oh tu sais, je ne suis pas un gentil. Moi en vrai, je suis méchant".
Pourquoi je ne l'ai pas écouté ?
Pourquoi je ne l'ai pas cru ?
Pourquoi je n'ai pas fui ?
C'était quoi ce besoin de vouloir rester à tout prix. Et pourquoi ? Pour le sauver ?
Mais comment le croire ? Il était tellement tendre avec moi. J'ai pris l'habitude de le considérer comme un gros nounours doux, chaud et confortable avec quelques coups de griffes de temps en temps. Mais de la part d'un ours, c'était normal.

Et les coups de griffes sont devenu de plus en plus courant. Mais j'y étais habituée à mon nounours. Et puis je l'avais pris ainsi, je n'allais pas commencer à me plaindre. Alors je n'ai rien dit, rien de plus que quelques remarques de temps à autre. Mais après tout c'était ma faute, j'avais choisi un ours.

Pour finalement prendre conscience, une décennie plus tard, qu'il m'a complètement dévorée sans que je m'en rende compte.

Mais je ne peux m'en prendre qu'à moi. Il m'avait bel et bien avertie depuis le départ.

Désormais, je crois que quand les gens disent qu'ils sont quelque chose, il faut les croire. Et arrêter de supposer qu'on peut les changer et les rendre meilleur surtout quand ils n'en ont pas réellement envie.