Malgré tout le travail et les combats qu'il me reste à accomplir, je reprends doucement goût à la vie. Je me surprends même à sourire devant la promesse d'un rayon de soleil. Et pourtant attablée à mon bureau, je me perds aujourd'hui dans la vue de la vallée ensoleillée pour ne pas me laisser gagner par tout un tas de pensées parasites.

Dans trois jours, c'est l'entretien d'embauche et j'essaie d'anticiper au maximum. Je me prépare tant bien que mal, je me renseigne et lit tout ce que je peux sur l'organisme et ses activités, sur les tâches liées au poste. C'est que c'est un domaine tout nouveau pour moi. Téléconseiller j'ai déjà fait mais j'ai travaillé dans la télécommunication, l'énergie et la banque. La retraite, je ne connais pas du tout.

En plus, je ne suis pas vraiment douée pour me vendre. Enfin… pas vraiment douée. Je suis carrément nulle à chier pour ça en réalité. Mais je manie l'euphémisme avec brio. La vérité, c'est que j'ai tellement peu de confiance en moi et en mes capacités que me mettre en avant est un exercice réellement difficile voire angoissant.

J'essaye aussi de distraire mon esprit en regardant des annonces pour les appartements par exemple. Discrètement parce que Gaston me surveille quand même un peu. J'essaie de me projeter. Il faut que je réfléchisse au loyer maximum que je peux mettre, à la taille que ça va me permettre d'avoir, à l'emplacement où je veux chercher, pas loin du travail ça serait pas mal, ce que je vais pouvoir récupérer, ce que je vais devoir racheter.

Tout ça en espérant que cet entretien se passe bien et que je ne fasse pas une crise d'angoisse avant.