Certains me diront "Mais pourquoi tu n'as rien dit ?"

D'abord parce que je ne veux mettre personne en porte-à-faux. Avec le temps, la plupart de mes amis sont aussi devenu les siens. S'il est un mauvais compagnon pour moi, il n'est pas forcément un mauvais ami pour eux. Il ne m'appartient pas de les rendre complice de mon silence.

Ensuite, je parle déjà bien trop de lui dans mes écrits et je n'ai pas envie de passer plus de temps à ressasser ma colère. Ce n'est pas ça qui me fera du bien ou me permettra d'avancer.

Et enfin les personnes qui comptent sont trop loin. Elles ne pourront rien faire d'autre que s'inquiéter et je me sentirais alors obligée de les rassurer. Et je ne m'en sens pas capable. J'ai à peine la force de me rassurer moi-même.

Je crois aussi que j'ai un peu peur. Peur de la réaction de certains, peur d'être jugée pour ne pas l'avoir quitté plus tôt, de ne pas avoir essayer d'arranger les choses. Peur qu'on me dise que j'exagère, que ce ne sont que des broutilles. Peur qu'on ne me prenne pas aux sérieux, qu'on me dise que je raconte n'importe quoi. Peur de voir des personnes que j'aime me tourner le dos.

C'est injuste, je sais. J'aime mes amis, je sais. Je les connais, je sais. Jamais ils ne feraient ça, je sais. Tout comme je savais que je pouvais quitter mon travail, ma ville, ma vie pour suivre Gaston à plus de 1000km. Tout comme je savais que pouvait avoir une confiance absolue en l'homme qui a partagé ma vie aussi longtemps.

Je sais que je ne pourrai pas garder mon secret indéfiniment. Tôt ou tard, notre séparation sera connue. Mais comme je ne peux pas m’enfuir en trois minutes avec mon chien et mon chat sous le bras je suis bien obligée de prendre mon mal en patience et faire les choses dans l'ordre. Obtenir un travail, ça c'est fait. Maintenant faire des économiser ou dégoter un financement, trouver un logement, organiser le déménagement et alors seulement je serais libre de communiquer sur le sujet.