Chapitre 2

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Mon père... Comment le qualifier ? Il est très particulier. Bon, au premier coup d'oeil, ça peut aller. C'est un homme dans la quarantaine, bien bâti, musclé - très pour son âge, même - ce qui lui donne un dégaine assez jeun's selon mon amie Sarah. Papa a un visage plutôt dur, un menton pointu (d'après les vieilles croyances, menton pointu personne têtue. J'ai le même, paraît-il) et un nez droit. Ses cheveux noirs, mi-longs, sont entremêlés de mèches blanches. Mon père les attache toujours avec une bande de cuir. Cela lui donne un petit côté viking.

Jusque-là, tout va bien. Maintenant, passons aux choses bizarres.

Ses yeux. Eux, ils me font flipper, surtout quand mon père se met en colère. Ils lancent des éclairs si concentrés qu'on les croirait réels. Ah ! et la couleur... Est-ce que quelqu'un d'autre a les mêmes yeux que lui ? La base est verte. Ensuite, il y a un cercle bleu tout autour de l'iris. Et autour de la pupille, c'est gris. Franchement, comment est-ce possible ? A ses deux mains, la première phalange de son pouce est soudée au reste. C'est génétique. C'est ce qu'il m'a toujours dit en tout cas. Et si seulement il n'y avait que son physique de différent !

Un père normal, ça vous prend en photo, ça garde les vidéos de vos premiers pas bien précieusement... Non, mon père à moi, il ne fait pas ça. Toutes mes photo sont reléguées dans le grenier. Celles de maman sont brûlées. Elle est morte quand j'avais six ans, alors je ne m'en souviens pas très bien. Les quelques images qu'il reste dans ma tête, ce sont celles de son visage rendu maigre par la maladie et la figure rebondie d'un petit garçon. Un père normal aurait été plus présent après une pareille épreuve... Non, le mien n'a fait que s'éloigner de plus en plus. A sept ans, j'étais placée en pensionnat. Enfin, un père normal, il s'appelle David, Georges, Mohammed... Le mien, c'est Muliphen. Muliphen quoi ! C'est pas un nom ça !

J'ai été longue dans la description de mon paternel, je sais, mais je voulais que vous compreniez bien quel personnage il est. Pour la suite.

.

Je me réveillai dans mon lit. Après quelques instants de confusion, je me redressai d’un coup mais la douleur percuta mon crâne et mon dos fut comme déchiré. J’étouffai un gémissement. Fichtre. Donc hier mon chez moi a bien été attaqué. J’attendis quelques instants que la pièce cesse de tourner puis, précautionneusement, je sortis une jambe, puis deux de sous la couverture, posai les pieds à terre, me relevai. Je restai un moment ainsi, tentant de garder mon équilibre instable. Enfin, tel un jeune faon, je vacillai jusqu’à la petite coiffeuse.

Je n’aimai pas l’image qu’elle me renvoyait. Une fille au teint gris, voûtée. J’avais des contusions sur les côtes et le cou, glissant sous ma brassière. Mon visage était moche à voir. Un oeil à demi-fermé par un magnifique cocard en devenir, l’hématome coulant sur ma pommette et par-dessus l'arête de mon nez. Une jolie nuance violacée. Beurk. J’essayai de regarder mon dos, grimaçant quand la douleur se raviva. Je pus apercevoir trois grandes marques effilées, rouges, la peau enflammée. Mon dos entier n’était qu’une palette de bleus, violets et jaunes. Un carnage. Par endroit, un lambeau de peau avait été arraché. La douleur augmenta. Les enfants, quand vous vous faites mal, ne pas regarder l’endroit coupable, ça ne fait qu’encore plus mal. Je me remis droite tant bien que de mal et commençai à chercher du regard quelque chose à enfiler tout en me demandant comme m’habiller avec un dos pareil.

Puis mon regard s’attacha à une masse velue près de la porte.

Je criai.

- Quoi quoi quoi ?

Mon père déboula en courant. Il parcourut ma chambre du regard. J'étais tout contre le mur et je fixai le loup.

Oui, un loup, noir, gris, blanc, avec quelques tâches rouilles autour de son museau fin et de ses yeux paisibles. Assis sur son derrière, il me regardait. Quand mon père arriva, la bête se redressa sur ses pattes et alla le voir en trottinant tranquillement. A ma stupéfaction, mon pèrel le gratta affectueusement derrière les oreilles, comme on le fait à un gentil toutou.

- Qu'est-ce-qu'il y a, Adhara ?

- Le... le monstre !

Il éclata de rire. Vexée, je croisai les bras, ravalant un petit cri quand la peau de mon dos se tendit. Le loup grogna.

- C'est pas drôle.

- Adhara... je... je... (Mon père avait du mal à reprendre son souffle) Je te présente... Yaela. Et... elle n'aime guère se... s'entendre traiter de monstre...

La louve s'inclina légèrement devant moi avant de me fixer, la tête doucement penchée sur le côté, me fixant d'un air interrogatif.

- Ok. Bonjour, Yaela.

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